Année B: Dimanche 16e semaine ordinaire (litbo16d. 15)
Marc 6, 30-36 : venez à l'écart ; Dieu, mon repos ?
Comme il est difficile d'apprendre à se reposer. Ces mots sont du pape François dans son homélie de la messe chrismale du 2 avril 2015. Il ajoute qu'une clé de la fécondité de tout évangélisateur se trouve dans la manière dont nous nous reposons.
Il y a différente fatigue. Différentes manières de se reposer. Il y a la fatigue physique ; la fatigue des bruits étourdissant sur les lieux de travail ; la fatigue émotionnelle quand les émotions deviennent insupportables ; la fatigue de se sentir impuissant à annoncer Jésus ; celle de l'aversion pour le travail à faire quand je n'ai plus le cœur au travail ; la fatigue dû à l'activisme incontrôlé devant l'urgence de faire avancer telle ou telle cause. Il y a aussi la fatigue de soi-même, celle qui surgit quand j'ajoute exigences sur exigences, quand je ne suis jamais satisfait de ce que je fais, de ma manière d'être avec les autres. Les disciples qui reviennent de mission éprouvent une sorte de déprime de subir constamment des échecs, des oppositions.
Quand je lis ce retour de mission des disciples, je suis toujours ému d'observer la tendresse de Jésus à leur endroit. Aucun reproche. Aucune impatience devant leur déception. En bon pasteur qui connait ses disciples, il sait ce dont ils ont besoin. Jésus accueille leur fatigue, leur déprime. Il les invite à se reposer, pas n'importe comment, pas en partant en voyage, mais de se reposer en lui. Venez à l'écart.
Mon étonnement est de savoir que ma fatigue, celle des envoyés, des évangélisateurs, que mon écœurement devant les durs d'oreille à l'écoute de la parole de Dieu, mon essoufflement généralisé qui conduit très vite à la déprime, Jésus accueille tout cela. Au lieu de crier à la trahison, il en fait un chemin vers lui. Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, je vous procurerai le repos (cf. Mt 11, 28). Quand je suis à bout comme évangélisateur, quand j'ai la tentation de négliger ma vie spirituelle, quand le goût de la paresse pastorale, la paresse spirituelle, la paresse de la foi, de la charité pour citer la joie de l'Évangile me paralyse, Jésus-médecin m’invite à être près de lui, avec lui, à l'écart, comme médication de guérison.
Le pape François, lui, devant cette fatigue contagieuse des évangélisateurs, devant le découragement qui nous prend tout entier, devant les défis d'annoncer Jésus, devant l'hostilité toujours manifeste, l'indifférence si répandue et qui nous blesse, devant la tentation de se replier sur soi, de se plaindre à l'infini de tout et de rien, devant la démobilisation des chrétiens devenus amorphes, sans vie, maquillés, le pape François dans La joie de l'Évangile # 2, lui, nous propose la boussole de la joie.
La joie de rencontrer le Christ dans la prière. Prière personnelle et quotidienne. La joie de goûter la Parole de Dieu, nourriture du disciple missionnaire. La joie de se rassembler au nom du Christ Jésus pour laisser Jésus nous dire qu'il n'est pas en colère contre nous parce que nous manquons de souffle. Même la joie, comme l'exprime la petit Thérèse, de m'endormir dans ses bras.
Une conviction qui courre à chaque page de l'évangile, annoncer Jésus, aller dans les périphéries, vers ceux qui vivent dans la rue, vers les déportés, les immigrés, donner la liberté aux opprimés, clamer une année de grâce comme celle de la miséricorde, n'est pas facile. Être chrétien n'est pas facile. Être chrétien non nostalgique, non triste, n'est pas facile.
Une question surgit : est-ce que Jésus est vraiment repos qui me repose, qui me ré-énergise ? Est-ce que je sais me reposer dans la tendresse de Dieu à mon endroit ? Sa proximité ? Comme saint Paul, est-ce que je trouve mon repos en disant : je sais en qui j'ai mis ma foi (2 Tm 1, 12) ?
Le Seigneur m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres et guérir ceux qui ont le cœur brisé (Lc 4, 18). Le Christ compte sur nous pour qu’aujourd’hui cette Parole s’accomplisse, pour que nous soyons ses témoins et ses envoyés auprès de nos familles. Que Marie nous aide à dire OUI à cette urgence plus que jamais pressante de faire retentir la bonne nouvelle de Jésus. AMEN.
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