Année B : Mardi 5e semaine carême (litbc05m.15)
Jean 8, 21-30 : je suis le JE SUIS de Jésus
L'oraison du premier dimanche du carême invitait à progresser dans la connaissance de Jésus, une personne à rencontrer. L'évangile aujourd'hui nous indique comme chemin, la croix qui ne sera jamais une riche matière à approfondir, mais une manière de vivre.
Progresser jour après jour à être un je suis dans le Je suis, par le Je suis, avec le Je suis. Par le baptême, nous sommes revêtus du Je suis de Jésus. Nous devenons un autre Je suis. Nous sommes incorporés dans le Fils, même si nous ne sommes pas nous-mêmes le Fils. La manière chrétienne de vivre, c'est de vivre de la manière du Je suis. C'est notre spécificité. Saint Jean-Paul II parlait de l'urgence de repartir du Christ.
Notre identité, c'est d'être des Je suis. Songeons au Je suis Charlie qui ouvrait sur une revendication de la liberté la plus complète. Pour nous, ici ce matin, il y a dans cette déclaration de Jésus, la vie d'un homme accompli. Et c'est ça la bonne nouvelle à voir. À entendre. Une déclaration qui dit la singularité de Dieu. Je suis celui qui est. Celui par qui chacun de nous reçoit son identité.
Saint Paul le dit clairement : c'est en Lui que tout a été crée dans les cieux et sur la terre. Tout est créé par Lui. Il est avant tous les êtres. Tout existe en Lui (Col 1, 16-17). Cette affirmation est notre acte de naissance. Jean, le contemplatif, affirme: Tel il est, tel nous sommes (1 Jn 4, 17). Non tel nous deviendrons mais tel nous sommes.
Te ressembler, Jésus, c'est mon espoir suprême; penser, agir, aimer, toujours plus comme toi. Te ressembler Jésus, c'est mon espoir suprême. Par ton Esprit, rends-moi semblable à toi (John Larsson). Notre société a besoin de voir que nous sommes des images de ce Je suis dans la manière dont nous vivons notre quotidien, comme dans notre refus de la mondialisation de l'indifférence.
Pour être ce Je suis, il faut, comme les interlocuteurs de Jésus, lui demander qui es-tu donc? Pour nous, ce Je suis a sept visages : pain de vie (Jn 6, 35), lumière (Jn 8, 12), porte (Jn 10, 9), berger (Jn 10, 11), résurrection et vie (Jn 11, 25), chemin, vérité et vie (Jn 14, 6), vrai cep (Jn 15, 1). Autant d'images pour apprendre à connaître le Seigneur (He 8, 11), même s'il n'a pas cessé de nous le dire.
C'est en Le regardant longuement, Le contemplant passionnément élevé sur la Croix que nous parvenons à nous greffer (sainte Catherine de Sienne) à Jésus. La croix et tout ce qu'il a enduré pour nous, nous permet de reconnaître qui nous sommes pour Jésus. Angèle de Foligno disait que celui qui veut trouver le Je suis (le texte dit la Grâce=Jésus), doit toujours, soit dans la joie, soit dans la tristesse, tenir sa croix de bois devant ses yeux.
À quelques jours de la semaine sainte, il faut nous poser de bonnes questions: avons-nous rencontré vraiment ce Je suis ? A-t-il pénétré nos vies ? Avons-nous, comme saint Paul, été saisis, empoignés par le Christ, au point que nos réactions les plus spontanées, nos moindres décisions, nos pensées, nos désirs, nos jugements s’inspirent de Lui ? Sommes-nous capables d'affirmer : ce n'est plus moi qui vit mais le Christ qui vit en moi (Gal 2, 20)?
À l'aurore de cette semaine sainte, il n'est pas suffisant d'aimer ce Je Suis. Il faut mener la vie de ce Je suis. Jésus, ce Je Suis, nous a donné jusqu'à sa vie. En retour il n'a reçu que de mauvaises choses tant nous manquons de fidélité à mener une vie à l'image et ressemblance de ce Je Suis.
Bonaventure résume tout cela par ces mots que je vous laisse en conclusion: Celui que tant de splendeurs des choses créées n’illuminent pas est un aveugle. Celui que tant de cris ne réveillent pas est un sourd. Celui que toutes ses œuvres ne poussent pas à louer Dieu est un muet. Celui que tant de signes ne forcent pas à reconnaitre le Premier principe est un sot. Ouvre tes yeux, prête l'oreille de ton âme, délie tes lèvres, applique ton cœur. Toutes les créatures te feront voir, entendre, louer, servir, aimer, glorifier et adorer ce Dieu. Ce Je suis. AMEN.
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