Année A: Mardi 26e semaine ordinaire (litao26m.14)
Luc 9, 51-56 : que tombe sur nous le feu de l'amour !
Ce qu'on observe en lisant ce passage de Luc, c'est une copie conforme de ce que nous vivons aujourd'hui. La terre de Samarie qui refuse d'accueillir Jésus ressemble beaucoup à notre terre d'ici. Hier, les envoyés de Jésus rencontrèrent un mur inattendu. Un mur d'hostilité. Un contretemps qui a failli tout remettre en question. Aujourd'hui, ce même mur existe. Il se nomme l'indifférence, l'incroyance, la mal-croyance, voire l'hostilité.
Devant le désarroi de ses envoyés, leur déception compréhensible, Jésus refuse l'autoritarisme des fils du tonnerre. Veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel ? Il met au placard cette tentation de tous les temps et omniprésente aujourd'hui, celle d'opter pour la manière forte. Ne prenez pas les armes. Ne maudissez pas ce peuple. Ne rendez pas le mal pour le mal. Aujourd'hui, le pape François dit la même chose : La guerre n'est pas la réponse dont l'humanité à besoin. C'est une folie dont nous n'avons pas encore appris la leçon.
Question : quand apprendrons-nous la leçon que le feu du ciel ne conduira jamais à la victoire sur le mal ? Plutôt que les armes, plutôt que de nous dévorer les uns les autres, comme dit Paul (Gal 5, 15), Jésus indique à ses disciples, et en cela il inaugure un nouveau chemin, de prendre avec courage la route de Jérusalem.
Avec courage, parce que la route de Jésus passe par une contrée hostile, une terre rébarbative, schismatique, aux regards des juifs. Même réalité aujourd'hui. Avec courage, parce que ce n'est pas si facile que cela d'être courageux. Le courage de sauver des vies, d'une noyade par exemple, passe souvent par celui d'y laisser sa vie. Le courage d'être un travailleur humanitaire peut conduire, nous en avons vu l'horreur récemment, jusqu'à la décapitation.
Le message de Luc est limpide : pour suivre Jésus, il faut du courage. C'est autre chose que le renoncement. Le courage de la ferme détermination de refuser toute forme de violence. Toute forme d'écrasement de l'autre. L'ennemi ne se vaincra jamais par la force. Suivre Jésus, c'est tracer une croix sur toute forme de violence. C'est libérer ceux et celles qui sont enchainés dans la spirale de la haine autrement qu'en prenant leur chemin. C'est réchauffer les cœurs même quand tout espoir s'en est allé. Cela permet de faire lever l'aurore d'un nouveau commencement.
Avec grande délicatesse, Jésus indique que le suivre ou aller en avant de lui préparer sa venue, commence en éliminant avec radicalité et détermination, le chemin de faire tomber le feu du ciel. Il s'agit de tuer la haine dans nos cœurs pour ne pas tuer l'autre. Mais comment cela est-il possible ? En accueillant en nous le feu qu'il est venu apporter sur la terre (Mt 10, 34). Ce feu-là détruit l'avidité, la cupidité, l'intolérance, bref tout ce qui s'oppose à l'arrivée d'une terre fraternelle, que l'évangile appelle le royaume de Dieu.
Les flammes ou le feu de la charité, de la compassion et de la solidarité sont les uniques vainqueurs du feu homicide et irrationnel de ceux qui font violence au nom de Dieu et qui optent pour la destruction, la décapitation, la haine et la violence. Entendons encore la question inaugurale de Dieu à Caïn qui vient de tuer son frère: qu'as-tu fait de ton frère ? Il n'y a pas d'autres manières de faire Pâques qu'en prenant le chemin de nous réconcilier entre nous.
À votre contemplation : nous sommes souvent comme les disciples du tonnerre, Jacques et Jean, victimes d'une illusion étrange : préférer le langage de pouvoir, de la force, de la radicalité de tout détruire, plutôt que de nous placer, avec radicalité et détermination, sous la conduite de l'Esprit qui est patience, douceur, harmonie. Nous savons cela. Mais l'appliquer est autre chose.
Une eucharistie pour nous donner à goûter par quel chemin il nous faut passer pour suivre Jésus. AMEN.
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