Année B: Mardi 2e semaine de l'Avent (litb02m.14)
Matthieu 18, 12-14 : se laisser porter sur les épaules de Jésus.
Noël nous confirme que Jésus ne s'est pas contenté de s'habiller de notre vie humaine. Il a opté pour vivre en périphérie, hors de la route, disait un rabbin. C'est cet élan d'aller vers les autres qui caractérise Jésus.
Matthieu nous redit cela en nous montrant un Jésus qui sort de sa bergerie à la recherche de la brebis égarée. Toute sa vie, Jésus a parcouru les campagnes, marché de longues heures pour aller rencontrer, aller à la rencontre de ceux qui ne sont pas corrects.
Il quitte ses apôtres pour aller au puits de Jacob vers la Samaritaine où il se savait attendu (Jn 4, 6s). Il bifurque pour entrer dans la maison de Simon le lépreux pour y rencontrer une pécheresse, Marie Madeleine (Mc 14, 3s). Il marche vers Capharnaüm pour sortir de son bureau un collisionneur notoire, Matthieu, et en faire un apôtre (Mt 9, 9). Il se dirige vers Jéricho, ville rébarbative, pour y saluer Zachée, pécheur public, et le sauver d'une vie malheureuse (Lc 19, 1-10), le sortir de son emprisonnement dans les biens de ce monde.
L'Avent est un temps de contemplation de ces sorties de Jésus vers nous. Dieu s'est courbé, s'est courbé très bas (saint Bonaventure) pour nous porter sur ses épaules parce que nous avons du prix à ses yeux. Aucunement question de nous contrôler. C'est sa manière de nous dire toute son affection, toute sa tendresse, comme tout père l'exprime à son enfant qu'il porte tendrement sur ses épaules.
Cette recherche de la brebis perdue fait ressortir une collusion d'un Dieu avec tous les mafiosi que nous sommes. Hier, fête de l'Immaculée conception, Dieu envoyait Gabriel, son messager, pour « collisionner» avec Marie, un chemin de salut pour nous. Heureuse collusion que cette entrée du divin dans l'humain que nous sommes ! Devant ces sorties de Jésus, incluant cette demande de prendre chair en Marie, le curé d'Ars avait raison de s'exclamer : ô mon Dieu, que votre miséricorde est grande.
Une question surgit pour notre vie spirituelle; en voyant ce Jésus agir, comment pouvons-nous vivre tranquilles dans nos maisons ? Il ne suffit pas de lire toutes ces sorties de Jésus. Il ne suffit pas de les contempler. Jésus nous demande d'agir comme lui (cf. Lettre apostolique, # 2). Il s'agit à notre tour, de porter sur nos épaules les blessés que nous côtoyons. Cela se retrouve en filigrane dans chaque prise de parole du pape François.
Le temps de l'Avent nous invite à nous plonger dans l’immense mystère de Dieu qui se rend présent jusque dans nos périphéries, sous forme humaine en son fils Jésus. Disons-le. Redisons-le. Cette présence de Dieu au milieu de nous est tout bonnement « incroyable ». Contemplons cette « incroyable » beauté d'un Dieu qui nous rejoint pour nous emporter, nous porter avec empressement vers des terres aux pâturages savoureux.
À nous maintenant, de préparer à travers les déserts du monde le chemin du Seigneur. Ce temps préparatoire à Noël nous invite à nous rendre présents à Lui, mais aussi à Le rendre présent à notre entourage.
Cultivons par des gestes concrets notre présence auprès de Celui qui s'est rendu présent à nos yeux. Réjouissons-nous de sa présence tous les jours jusqu'à la fin des temps (Mt 28, 20). Empressons-nous de le montrer vivant et présent. Jésus nous a montré le Père. À nous de montrer le Fils. Saint Vincent de Paul rappelait souvent à l’institut des Filles de la Charité qu'il avait fondé que dix fois pas jour vous irez voir le pauvre, dix fois par jour vous y trouverez Dieu. Vous le montrerez. AMEN.
Commentaires
VOTRE PÈRE QUI EST AUX CIEUX
Soumis par Kandi Achille le lun, 12/06/2021 - 17:30VOTRE PÈRE QUI EST AUX CIEUX NE VEUT PAS QU’UN SEUL DE CES PETITS SOIT PERDU (Mt 18, 12-14). Tout ce qui constitue notre bien, notre confort, notre sécurité et notre joie, mérite toujours une attention particulière. Prendre le risque de laisser 99 brebis seules, pour aller à la recherche de celle qui s’est égarée, c’est la preuve que cette brebis a du prix à nos yeux. Mais, il ne s’agit pas seulement du fait de la brebis, mais du fait qu’elle s’est égarée, que le lien avec le reste du troupeau s’est rompu. La peur du berger est encore plus grande de savoir que cette brebis est désormais exposée aux loups et aux prédateurs. Seule, elle ne peut se défendre, à l’inverse des 99 autres. L’inquiétude du berger est de perdre sa brebis, pour toujours. Tel est le cœur de DIEU : un cœur jamais en paix, aussi longtemps que l’un de nous s’égare, en se tenant loin de la communauté ou du juste chemin. Seul, nous sommes exposés, fragiles et sans défenses. Mais, ensemble, nous pouvons faire beaucoup de grandes choses. Et DIEU est toujours à l’œuvre ; IL est toujours à notre recherche, peu importe la distance que nous créons avec LUI, afin de rassembler tous ses enfants dispersés. La force d’une famille ou d’une communauté, ce n’est pas le fait de vivre sans conflits, mais la capacité à savoir faire bloc, unir les forces, pour combattre l’ennemi ou pour empêcher que les mauvaises langues ne détruisent l’unité d’ensemble. Si DIEU ne veut pas qu’un seul de ses petits soit perdu, pourquoi devons-nous rester indifférents devant l’un de nous qui s’égare ? De même, si DIEU va toujours à notre recherche, cela signifie que, peu importe la distance que nous mettons entre LUI et nous, ou bien, la nature de nos difficultés dans la vie, nous n’avons qu'à nous tourner vers DIEU, et LUI saura nous combler. Bonne journée de méditation et de travail
Abbé Achille Kandi, Archidiocèse de Bertoua
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