ANNÉE C: SAINTE FAMILLE
Luc 2- 41-51 Idyllique la sainte famille ?
Idyllique la sainte famille ? On nous a toujours présenté la famille de Jésus comme une famille de rêve. Une famille que tout le monde aimerait avoir. À lire le récit de l'enfance de Jésus que fait Luc dans ses premiers chapitres de son Évangile nous pouvons en douter.
Luc écrit ce qu'il entendait dire des événements qui s'étaient produits quelques cinquante années avant. Il écrit ce qu'on se racontait de bouche à oreilles pour que ne soit pas perdu cette naissance. Il nous en livre un récit catéchétique, théologique aussi. Luc indique que la vie familiale de Jésus ne fut pas une vie à l'épreuve de toutes épreuves. Il nous présente un récit familial mouvementé, très descriptif de toute la vie de Jésus et qui contient, comme en filigrane, tout ce qui est arrivé à Jésus. À sa famille. La Croix n'est pas absente.
Dès le départ, un événement choc se produit. Il n'y avait pas de place à l'hôtellerie. Pour un instant, imaginez des parents se faisant dire: il n'y a pas de place présentement dans la maison de naissances ou à l'hôpital. À la recherche d'un autre lieu, arrive ce qui doit arriver. La naissance de l'enfant dans des circonstances risquées. Le père doit seul aider son épouse à accoucher dans sa voiture ou chez lui en attendant l'arrivée de l'urgence. Moment inoubliable qui rapproche les époux qui emmaillotent l'enfant dans ce qu'ils trouvent sur place. Mais ces moments éprouvants risquent de laisser des traces, comme : tu es toujours à la dernière minute, ton travail est plus important que moi, etc.
Et puis il y a l'épisode de Syméon dans le temple. Pour des parents accomplissant un geste religieux, quel étonnement de s'entendre dire qu'ils portent un enfant qui sera cause de division, par qui arrivera le scandale et que cet enfant causera beaucoup de souffrances à ses parents. Ça commence plutôt mal.
Pourtant, cette déclaration inaugurale dans le temple s'avère fondée quand nous considérons comment Jésus réagit envers ses parents. Réactions pas toujours catholiques. Ainsi, après sa fugue mémorable, comme il s'en produit tous les jours dans nos familles, il leur reproche vertement leur ignorance. Il doit être au service de son Père : Ne saviez vous pas que je ne vous appartiens pas. Imaginez pour un instant des parents qui se font dire par leur fils: tu n'es pas mon père, ma mère. Plutôt inquiétant !
Même souffrance quand ce même enfant, tellement dérangeant, ayant presque perdu la tête, dira à ceux qui l'informent que sa mère le recherche -peut-être pour le ramener à la raison dirons certains- : qui est ma mère (cf. Mc 6, 3) ? Jésus reproche ici à sa mère de le détourner de sa mission. C'est gros comme reproche. Comme rebuffade, il n'y en a pas de pareille ! Même souffrance quand, à Cana, Jésus exprime clairement à sa mère que ce n'est pas de ses affaires, ni à lui ni à elle, s'il manque de vin. En nos mots, ça veut dire: de quoi te mêles-tu, mère ?
Que ce soit au temple à sa naissance, que ce soit à nouveau dans le temple à l'occasion de la Pâque, que ce soit en le cherchant pour le protéger de la foule, que ce soit à Cana, la relation de Jésus avec ses parents n'était pas toujours idyllique.
Nous sommes loin d'un fils parfait dans une famille parfaite. Nous sommes loin d'un fils docile, pieux que nous présentent des images idylliques de la sainte famille. Jésus, le précoce, n'a pas rendu facile la vie familiale. Il a causé à ses parents, plus souvent qu'à son tour, stress et inquiétude. C'est à se demander en regardant attentivement les faits que rapportent Luc s'il existait un grand amour entre Jésus et ses parents ?
La vie de la famille de Jésus n'a pas été une vie plus facile que la nôtre. Mais c'est sur un autre niveau qu'il faut la voir «sainte» ou pleinement réussie. La famille a besoin d'être sauvée. Cette fête nous en indique le chemin. Celui de la foi au Dieu de l'impossible. De la confiance mutuelle inébranlable entre tous ses membres. AMEN.
Ajouter un commentaire