Année B: Mardi du temps de Noël (litbn01m.12)
Jn 1, 29-34 : une histoire de foi
Voici l'Agneau de Dieu, parole inaugurale d'une ère nouvelle qui nous fait basculer lentement du mystère de Noël vers le mystère de l'Épiphanie. La parole contemplée ces derniers jours dans un vase d'argile (2 Co 4, 7), celui de la fragilité et de la vulnérabilité de la crèche, transporte maintenant nos regards sur cette révélation-confirmation que, dans cette petitesse, se cache une parole recréatrice, celle du fils bien-aimé du Père.
Voici l'Agneau de Dieu. Jean nous fait comprendre qu'il y a en Jésus plus qu'un homme qu'il dit, à deux reprises, ne pas connaître. Il nous invite à délaisser notre regard tout axé sur cette fascinante grandeur de l'enfant de la crèche pour, tendus vers l'avenir (Ph 3, 12) contempler la parole recréatrice des noces entre l'humanité et Dieu, le début d'un amour qui sera plus fort que la mort (cf. Can 8, 6).Si nous sommes infidèles, lui, Dieu demeure fidèle (2 Tim 2, 13).
Jean voyait loin et surtout son regard remontait jusqu'au temps d'Isaïe qui clamait : Un rameau sortira de la souche de Jessé [père de David], un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l'esprit du Seigneur (Is 11, 1-2). Il percevait quecette prophétie concernant le Christ, ce rameau d'une grande fragilité, se réalisait maintenant sous ses yeux. J'ai vu l'Esprit descendre du ciel [...] et demeurer sur lui [...]. Oui j'ai vu et je rends témoignage (Jn 1, 34). Paul dira plus tard que Dieu s'est plu à faire habiter en lui corporellement toute la plénitude de la divinité (Col 2, 9).
Jean tressaille de joie d'ouvrir, par son attitude, un chemin à l'Esprit de Dieu qui vient confirmer l'arrivée des temps nouveaux. Il est ravi de joie (Jn 3, 29) d'inviter la terre entière à voir le Sauveur que Dieu nous donne (Ps 97). L'Esprit descend sur Jésus pour que nous partions demeurer chez Dieu, pour que nous revenions chez nous, chez Dieu. Quel beau retournement, s'écrie Grégoire de Nazianze!
S'il nous est naturel de voir que Noël est la naissance d'un enfant dénommé Jésus, il nous est moins évident d'y célébrer -et c'est le sens et la portée de ce passage de Jean baptisant Jésus-, notre renaissance dans l’Esprit Saint, notre renaissance à la vie de Dieu.
Saintetés, comprenons bien ce qui se passe, et surtout accueillons bien ce qui se passe : Noël, c'est Dieu qui vient naître en nous pour nous faire naître en lui. Noël, c'est la manifestation de l'empressement de Dieu, de son amour passionnel à demeurer en nous pour nous faire goûter à la joie de demeurer en lui. Il nous faudra toute l'éternité pour réaliser ce qui nous arrive, pour reconnaître, pour accueillir pleinement ce don de Dieu. C’est dès aujourd’hui qu’il nous faut renaître, naître et renaître sans cesse, comme l’a si bien dit Christian de Chergé dans le film Des hommes et des dieux : De naissance en naissance, nous arriverons bien à mettre au monde l’enfant de Dieu que nous sommes.
La rencontre de Jean et de Jésus est un grand moment de notre histoire. C'est une confirmation, une descente de l'humanité de Jésus en la nôtre et notre confirmation, une remontée de notre humanité en sa divinité. Baptisés dans le Christ, revêtus du Christ (Ga 3, 27), configurés au Christ, lui dont la naissance a configuré sa divinité à la nôtre, nous sommes des «renés» à sa vie jusqu'à nous entendre dire, et c'est le sens indélébile de cette rencontre de Jean et de Jésus : celui-ci est [vous êtes] mon fils bien-aimé.
Que pouvons-nous entendre de plus beau que cela? C'est la plus belle parole d'Évangile à laisser résonner en nous. Nous sommes, et je cite les premiers mots de la lettre apostolique de Benoît XVI annonçant l'année de la foi, la porte de la foi par laquelle passe cette beauté à communiquer à notre monde.
Réjouissons-nous, nous que la foi enfante. Réjouissons-nous, nous qui sommes habillés d'un vêtement blanc. Faisons entendre à notre monde que lui aussi est bien-aimé de Dieu et qu'à tous ceux qui l'ont reçu, qui croient en lui, il a donné le pouvoir de devenir enfant de Dieu (Jn 1, 12). AMEN.
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