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2012- B: Dimanche 14e semaine ordinaire -Mc 6, 1-6 : avons-nous des yeux crevés ?

Année B: Dimanche 14e semaine ORDINAIRE (litbo14d.12)
Mc 6, 1-6 : AVONS NOUS DES YEUX CREVÉS ?

Chaque jour nous faisons l'expérience de ce que Marc vient de nous rapporter. Plus nous sommes proches de quelqu'un, moins nous le voyons. Plus nous vivons avec quelqu'un, moins nous le voyons. À force de voir chaque soir le coucher du soleil, ne finissons par ne plus admirer sa beauté. Paradoxe: la proximité engendre une certaine myopie. Elle nous crève les yeux et nous les crève si bien qu'elle nous rend aveugles. Nous devenons incapables d'apprécier. Ce qu'on sait d'une personne empêche de le connaître (Christian Bobin). De l'apprécier.

Ce qui choquait les auditeurs pourtant étonnés de voir agir Jésus avec autant de sagesse, c'est qu'il était seulement le charpentier, fils de Marie (Mc 6, 4) et de Joseph (Lc 4,22). On connaissait trop ses origines modestes, ses parents, pour reconnaître en lui ce qu'il déclarait en ouvrant le livre dans la synagogue: aujourd'hui s'accomplit cette Parole. Jésus était trop connu pour être cru. Devant leur réaction de colère, Jésus ne se fâche pas. Il demeure affable, souriant, ouvert à chacun. Il observe simplement que personne n’est vraiment connu chez lui. Que nul n'est prophète dans son pays. Les personnes qui nous sont les plus méconnues sont celles qui sont les plus proches de nous.

Dieu n'a jamais fini de nous dérouter. De nous surprendre. Ce Dieu toujours plus grand de saint Augustin, ce Dieu, dont on dit qu'il est tout puissant, les évangiles nous le présentent comme un Dieu dont la fragilité, la précarité, pour citer une belle expression d'Adolphe Gesché, transparait dans toutes les pages de l'Évangile. Ce Dieu que l'on dit impassible est celui qui souffre jusqu'à mourir par amour pour nous. Ce Dieu que l'on dit le Très haut s'est tellement abaissé que personne ne peut lui ravir la dernière place (Charles de Foucauld). Ce Dieu que l'on dit habillé de la divinité est tellement humain, fils de Marie, qu'il est méconnaissable. Les auditeurs dans la synagogue, se faisaient une image du grand prophète qui viendrait les sauver. Il ne la retrouvait pas en Jésus. Tu n'es qu'un homme et tu prétends être Dieu.  Jésus est la visibilité de l'ineffable. De l'inexprimable. Dieu s'est rendu visible à nos yeux, clame une préface de Noël.

Marc ouvre un vaste chantier jamais terminé, toujours en progrès, celui de l'identité de Dieu. Paradoxe, plus Jésus se fait humain, moins il devient reconnaissable comme Fils du Père. Plus il devient l'un de nous, proche de nos vies, plus sa présence nous crève les yeux, plus il devient méconnaissable. À quelqu'un qui demandait à Einstein s'il croyait en Dieu, il répondit : dites-moi ce que vous entendez par Dieu ? À cette question centrale, Maurice Zundel offre cette réponse:  Dieu=l'homme. Le Verbe s'est fait chair. Et l'homme=Dieu. Maître Eckhart dans un sermon (# 52)  affirmait prier Dieu [pour] qu'il [le] délivre de « Dieu ».   

Cette méconnaissance de Jésus que vivaient les auditeurs de la synagogue est aussi la nôtre. Pour nous aussi, plus de deux millénaires plus tard, notre proximité culturelle et ancestrale avec Jésus fait que nous ne savons plus le re-connaître, même si notre terre a été travaillée par la foi, ensemencée abondamment par la Parole de Dieu. Comme les auditeurs de la synagogue, nous pensons trop connaître Jésus pour le reconnaître. Nous sommes devenus allergiques à une PAROLE qui a fait vivre nos ancêtres. Sa PAROLE doit à nouveau résonner en nous comme une Parole forte, pleine de sens et qui fait en nous autorité. 

Tous les textes entendus nous disent que nous sommes des envoyés pour faire connaître Jésus, ce grand méconnu, inconnu chez nous. Hier, c’était Ézéchiel qui entendit la voix de Dieu lui dire : Fils d’homme, je t’envoie vers ce peuple de rebelles. Ces fils ont le visage dur et le cœur obstiné.  C'était Paul qui n'hésite pas à reconnaître son échec à montrer Jésus :  Je n'hésite pas à mettre mon orgueil dans mes faiblesses. Aujourd'hui, c'est chacun d'entre nous qui sommes des envoyés pour dire que Dieu n'est pas à chercher au-dehors mais qu'il se découvre par le dedans. 

Une eucharistie pour que se réalise ces mots de Jean de la Croix : Regarde-le, celui en qui tous les trésors de la sagesse et de la science sont cachés. Regarde-le humanisé et tu y trouveras plus que tu ne penses. Amen.

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Date: 
Mardi, 1 mai, 2012

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