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2010-C : lundi 5e semaine carême -Jn 8, 12-20 : si vous me connaissiez ?

 Année C : lundi 5e semaine du Carême (litcc05l.10)

 Jn 8 12-20 : si vous me connaissiez?

Nous entrons dans cette grande quinzaine de la passion. Et ce qui a poussé Jésus sur ce chemin, c’est la connaissance que son entourage avait de lui. C’était un fils de charpentier et il se présente comme Dieu. Il mérite la mort!  Connaître, voilà l’erreur, l’erreur qui fausse tout.  Prétendre connaître quelqu’un revient à le tuer en le réduisant à des impressions. Et c’est bien de cela dont il s’agit dans ce texte de Jean.

Prétendre connaître, c’est évacuer toute surprise, empêcher tout changement, supprimer toute liberté. C’est évacuer la part du mystère; éliminer cette source inaccessible, invisible, d’où surgit en nous ce qui est toujours nouveau.  Rien n’est plus fautif que l’expression tu es cela et tu ne changeras pas ou celle qui assassine : Je te connais comme si je t’avais fait! Ces expressions tuent en nous toute possibilité de devenir stupéfaits par l’imprévisible possible.

Dans la lointaine antiquité, Socrate était le plus puissant des penseurs parce qu’il savait qu’il ne savait pas tout. L’impossible connais-toi toi-même confirme que nous sommes à nous-mêmes une  énigme. Notre «moi»  se-ra toujours à nos propres yeux, un mystère. Le poète Rembrandt a raison quand il dit – et Maurice Zundel en a fait  le leitmotiv de sa vie – que mon Je est un autre.   

L’entourage de Jésus refusait d’entendre parce qu’il était un des leurs, le fils de Joseph. Nous te connaissons et tu prétends être le fils de Dieu. La reconnaissance de Jésus est impossible tant que nous demeurons dans la logique humaine. Jésus n’est pas reconnu, autant hier qu’aujourd’hui, – des sondages récents confirment que la majorité des croyants pratiquants ne reconnaissent pas la divinité de Jésus – parce que nous demeurons axés sur le visible et que la pesanteur d’en-bas est préférée à la grâce qui élève nos regards jusqu’au Père. Qui me voit, voit le Père.

L’Évangile n’est pas un choix entre le connu et l’inconnu, le proche et le lointain. L’Évangile, c’est l’accueil d’un Autre toujours à refaire, dans l’humain qu’est Jésus. Il appelait Dieu son propre Père, se faisant ainsi l’égal de Dieu (Jn 5, 18). Si l’existence historique de Jésus n’est plus contestée, sa divinité demeure ce qui est le plus difficile à croire, hier et aujourd’hui.

Nous entrons avec la liturgie dans ce temps qui nous conduit à connaître Jésus en mettant nos pieds dans ses souliers, ce qui signifie enlever nos pieds de nos souliers pour nous perdre en lui. Notre connaissance de Jésus ne sera jamais uniquement d’ordre intellectuel. Elle sera une expérience nuptiale en nous. Une expérience d’é-pousée par un Bien-aimé qui, nous l’avons entendu hier dans l’évangile, nous dit : je ne te condamne pas.

Reconnaître que Jésus s’est fait péché, s’est senti coupable de tous les péchés du monde comme s’il les avait tous commis, tout en ayant une conscience vive de son innocence totale (Zundel), pour gagner le Christ (Ph 3, 8-14);  connaître pour entrer profondément dans le mystère de Celui qui meurt sur la Croix et qui est pluriel : Père, Fils et Esprit-saint. Affirmer autre chose, c’est méconnaître que Jésus est inséparable du Père, – j’ai avec moi le Père qui m’a envoyé (Jn 8, 16) –  le Père inséparable du Fils et que l’Esprit est indissociable de l’un et de l’autre. Sur la Croix, c’est la divinité toute entière, Père, Fils et Esprit, qui s’exprime et qui meurt, meurt d’amour (Maurice Zundel).

À votre contemplation : Celui qui ne confesse pas – ­qui ne reconnaît pas– le témoignage de la Croix vient du diable, affirme saint Polycarpe. En entrant dans cette quinzaine de la passion, il n’est pas suffisant de savoir que le mystère de la Croix est l’ultime révélation de la sainteté de Dieu (Jean-Paul II). Il n’est pas suffisant de savoir qu’en épargnant pas son Fils mais le livrant pour nous (Rm 8, 32; 2 Co 5, 21), le Père nous exprime la plénitude de la perfection de son amour; il n’est pas suffisant de reconnaître que Jésus, le Seigneur, comme on le nommera au matin de Pâques, est mort pour nous; nous devons nécessairement en éprouver, vient de dire Benoît XVI en citant Bonaventure – et c’est le sens de l’eucharistie qui nos rassemble maintenant - beaucoup d’affection et d’amour.  AMEN.

 

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Date: 
Jeudi, 1 avril, 2010

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