Année B:Vendredi 4e semaine CAREME
Jn 7, 1.10.14.25-30 Convoquées à une conduite étrange
Tout au long de cette semaine, une espérance nous habitait : devenir des femmes nouvelles. Des vraies Jésus-Marie. Pour y arriver, nous avons contemplé comme modèle de femme nouvelle : Marie, d’homme nouveau : Paul. Nous avons longuement regardé avec le cœur, regardé avec des yeux pénétrants, leur chemin : celui de cesser de se chérir soi-même parce que c’est chercher sa propre gloire (Diadoce de Photice).
Nous voilà maintenant femmes nouvelles. Des saintetés toutes fraiches, redevenues toutes belles, non par stratégie, mais parce que c’est le meilleur pour nous; non parce que nous sommes im-peccables, sans imperfections, mais parce que cela répond à une attente très profonde en nous; non parce que nous sommes déjà arrivées au but, mais parce que nous poursuivons notre course dans le stade de la vie. Il y a en nous – et c’est pourquoi nous avons faites retraite – un désir d’attiser en permanence notre fidélité à Jésus, un besoin de nous abîmer dans le bien sans mélange et tout aimable qu’est Dieu (Tauler),un besoin de nous donner une conduite étrange (première lecture)qui risque de nous faire regarder comme des gens douteux, disait le livre de la Sagesse tantôt.
Nous voilà des femmes nouvelles invitées à vivre, disposées à entrer comme Marie de Magdala, Marie, la mère de Jésus, dans l’heure de la plus grande apostasie de l’histoire comme nous l’avons entendu tantôt dans l’Évangile : l’heure des mains et des pieds transpercés par les clous et d’un cœur traversé par la lance.
Nous voilà des femmes nouvelles aux cœurs prégnants de la parole, comme Marie, capables d’expérimenter, comme Paul, avec sérénité, notre vulnérabilité, capables de montrer comme Jésus, et c’est ça le scandale de toute vie de foi, que la voie de nos faiblesses, de nos vulnérabilités demeure la grande sagesse à laquelle nous sommes convoquées pour manifester Dieu. Cette voie, cette voie de la faiblesse, loin d’être un échec, nous fait participer au grand mystère d’un Dieu dont le temps de la Passion nous redira que sa faiblesse est son unique richesse.
Notre avenir comme Église, comme chrétiennes, comme communauté apostolique passe irréductiblement, aujourd’hui comme hier, aujourd’hui, demain et après-demain, par ce parfum de la sainte fragilité dont nous respirons, transpirons. Jésus est entré dans sa passion pour porter en sa chair et prendre sur lui toutes nos fragilités et blessures. N’oublions jamais que c’est par la mise en croix du premier d’entre les morts, c’est en respirant le fruit de sa souffrance, de son angoisse, de sa croix que nous naissons à une vie nouvelle. Cette nouveauté se vit sans prestige, sans éclat. Elle ne se laisse apprivoiser que par notre amour de l’Amour qui nous a aimées le premier.
En terminant ma convocation à la parole, ma convocation à vous transformer en joie inex-primable en Jésus-Marie, je fais miens ces mots de l’oraison finale de cette eucharistie et qui sont mes derniers mots de cette retraite : nous t’en prions Seigneur, nous qui allons du passé vers ce qui est nouveau : fais-nous quitter ce qui ne peut que vieillir, mets en nous un esprit de renouveau et de sainteté. AMEN.
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