Année B Lundi 13e semaine ordinaire (litbo13L.09)
Mtt 16, 13-19 PIERRE ET PAUL DES INITIATEURS DE LA FOI
Quelle belle surprise de l’Esprit et quelle joie aussi que de fêter ensemble ce deux colonnes de l’Église que sont Pierre et Paul. Pierre dira la préface tantôt, fut le premier à confesser la foi et s’adressa aux fils d’Israël. Paul l’a mise en lumière et fit connaître aux nations l’Évangile du salut. L’un et l’autre ont travaillé, chacun selon sa grâce, à rassembler l’unique famille du Christ.
Deux hommes, l’un, fougueux, impulsif, fut foudroyé par le regard interpelant de Jésus qui lui a dit tu es Simon, tu t’appelleras Cépas (Jn 1, 42). L’autre, pharisien notable, zélé persécuteur de d’Église (Ph3, 5) fut saisi par le regard éblouissant du Christ qu’il reconnaît dans les persécutés. La foi de Pierre est née du regard de Jésus sur lui, celle de Paul d’une rencontre avec le Ressuscité. Simon est devenu Pierre, Saül est devenu Paul. L’un passait son temps à la pêche. Il est devenu pêcheur d’hommes. L’autre à détruire l’Église naissante, ilest devenu l’apôtre des nations. Ces deux-là dit saint Augustin, ne faisaient qu’un dans le martyre. Pierre a précédé, Paul a suivi.
L’un comme l’autre ont reconnu en Jésus le Fils de Dieu. Ils n’eurent foi qu’en Jésus le fils du Dieu vivant. Ils ont confessés leur foi, l’ont mise en lumière. Ils nous ont initiés à la foi en nous transmettant leur connaissance de Jésus. Pour eux, connaître Jésus, c’était plus qu’un savoir ; plus que de savoir que Jésus s’était vidé de lui-même, agenouillé devant nous, devenant semblable à nous; plus que de comprendre Dieu s’est fait moins que rien pour que nous soyons plus que rien. Pour eux, nous initier à la foi, c’était plus que de nous transmettre ce que nous appelons aujourd’hui un savoir-faire, un savoir-agir à la manière de Jésus. Pour eux, nous initier à la foi, évangéliser, c’était nous transmettre leur intransmissible expérience du Ressuscité. Dans les cinq premiers siècles disent les historiens de la foi, le christianisme s’est transmis par mode d’initiation. Puis nous sommes passés en mode «instruction». Pierre et Paul nous invite à renouer avec le mode initiation.
Dans toute société disent les anthropologues il y a des biens que l’on vend pour vivre, des biens que l’on donne pour aider, soulager et des biens que l’on conserve pour les transmettre en héritage parce qu’ils sont inaliénables et inaliénés (Cazeneuve, Jean sociologie du rite). Pierre et Paul ont gardé pour eux leur expérience inaliénable et inaliéné de leur rencontre avec Jésus, précisément pour nous transmettre ce qu’ils connaissaient d’expérience de Jésus. Pour vous qui suis-je ? Pierre a donné une réponse intransmissible, une réponse qui initie à la foi. Une réponse non a répéter béatement mais nous initie à faire de même.
Entendons Pierre nous dire Honneur à vous qui avez la foi (1Pi 2, 7) mais ne croyons pas trop vite que nous croyons. Entendons Paul nous dire : pour moi, vivre c’est le Christ (Gal2, 20) mais n’affirmons pas trop vite que prenons son chemin. Leur vie nous disent que notre connaissance de Jésus, ce bien le plus précieux qui soit, véritable trésor d’Évangile, ne se monnaye pas, ne se donne pas mais se garde pour en vivre, pour en initier d’autres à la foi. Pierre et Paul ne nous ont pas légué des réponses toutes faites sur l’identité de Jésus. Ils nous ont transmis, ils nous ont initiés à nous prononcer comme eux sur la question que Jésus vient de nous poser dans l’Évangile. Ils nous ont légué leur manière de vivre inaliénable. Ils ont été des passeurs de vie.
Comme eux, nous ne transmettons pas une croyance. Nous initions à une expérience personnelle avec Jésus dont la réponse ne sera pas nécessairement une photocopie de celle de Pierre et Paul mais qui naîtra d’une rencontre personnalisée avec Jésus.
Au terme de cette année paulienne, ce chemin d’initiation à la foi qu’ils nous ont légué n’est pas révolu. Pour initier à la foi, iI nous faut passer de la foi des gens – que disent les gens sur moi ? – à la foi de Pierre et de Paul Tu es le Christ. Il faut élever nos cœurs, les tourner vers le Seigneur pour entrer en dialogue avec le mystère Jésus. Initier à la foi, Benoît XV1 nous en a indiqué le chemin quand il disait dans sa lette post-synodale #80 qu’ il n’y a rien de plus beau que d’être rejoints, surpris par l’Évangile, par le Christ, qu’il n’y a rien de plus beau que de Le connaître, (qu’il n’y a rien de plus beau) que de communiquer aux autres (notre) amitié avec Lui. AMEN.
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