Année A : Mardi de la 5ième semaine CARÊME (LITAC05M.08)
Jn 08 , 21-30 Moi JE SUIS.
Quelle page qui donne de la hauteur à notre quotidien. Qui nous invite à prendre de la hauteur. Comment est-ce possible « d’être d’en haut », de vivre des « choses d’en haut ». La réponse que nous propose saint Jean, est de nous émerveiller devant cette déclaration de Jésus : « je suis d’en haut ». « Quelqu’un qui a perdu la capacité de s’émerveiller, est une personne morte » disait Einstein. Pour lui, c’est l’émerveillement et non le doute qui conduit à la connaissance. Pour nous, l’émerveillement est l’alpha et l’oméga de notre foi. Notre foi commence et s’achève dans l’émerveillement.
Étonnant, nous entrons dans le temps de l’émerveillement. Nous entrons dans le temps qui nous arrache – et c’est ça l’émerveillement– à nous-mêmes. Nous entrons dans le temps du regard qui nous élève jusqu’au Père. Je paraphrase saint Jean « Quand vous regarderez, élevé sur la Croix le Fils de l’homme, alors vous comprendrez que moi, JE SUIS. ». Hier, ceux qui regardaient ce serpent fabriquer par Moïse, élevé sur un bois au milieu du désert, étaient guéris (1ière lect). Aujourd’hui, ceux qui regardent le Christ, élevé sur la Croix, sont menacés de résurrection. « Le Christ a pris la mort et l’a attachée à la croix et nous avons été délivrés de la mort » (Augustin) Ce n’est pas rien !
Nous élever jusqu’à ce JE SUIS. Nous ne pouvons pas réussir cela tout seul. «Je m’en vais vous élever » S’émerveiller de ce JE SUIS. De ce « je suis » révélé à la samaritaine ; de ce « je le suis moi qui te parle » à l’aveugle-né- ; de ce « je suis la résurrection et la vie ». Nous émerveiller « de ne rien savoir d’autre que Jésus et Jésus crucifié » (1Cor2,2). « Notre pâque est une œuvre plus merveilleuse encore que l’acte de la création au commencement du monde » clamera la 1ière oraison de la vigile pascale.
L’émerveillement dont je parle passe par l’arrachement de nos regards sur nous-mêmes. Ne disons pas que nous aimons Dieu si l’amour de nous-même ne meurt pas en nous. Il y a une autre manière de vivre que de coller à nous-même. C’est celle de guérir pour un instant de nos « moi » pour contempler ce « JE SUIS » qui nous comble en même temps qu’il nous arrache à nos réalités d’en bas. (Zundel)
« Élevons nos cœurs». L’émerveillement suprême, c’est nourrir notre quotidien de ce «livre le plus savant qu’on puisse lire » disait le curé d’ars qu’est la Croix. C’est une véritable « chaire » (Augustin), une véritable école pour entrer dans l’intimité avec Dieu. La foi nous fait chrétiens de profession. Notre manière de vivre nos croix nous fait chrétiens de pratique. Nous voulons exprimer que la Passion du Christ nous affecte, imitons-le en portant nos croix comme Lui.
Que cette eucharistie inaugurale de cette semaine sainte nous fasse goûter la vie nouvelle que Jésus nous promet même si le parcours qu’il nous suggère n’est pas de tout repos.
Avec émerveillement faisons nôtre, ces mots de Thérèse de Lisieux dans une lettre (#87) à sa sœur Céline :« Regarde sa Face adorable !...Regarde ces yeux éteints et blessés !...Regarde ces plaies...Regarde Jésus dans sa Face...Là tu verras comme il nous aime ». « Si tu regardes bien ce JE SUIS, élevé de terre, tu y trouveras tout parce qu’il est toute ma Parole et ma Réponse. (Jean de la Croix) Amen.
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