Année C : Vendredi 4ième semaine du Carême (litcc04v.07)
Jn 7 2,10, 14, 25-30 montée à Jérusalem
Nous entrons dans l’heure de la contemplation du procès de Jésus. Un jour du temps, un homme nous a montré ce qu’est vivre du plus grand commandement et du second qui lui est semblable : « aimer nos ennemis. » Ce qu’est vouloir le Salut même de ceux et celles qui nous en veulent à mort. Un jour du temps, un homme, Jésus, est monté à Jérusalem, « non pas ostensiblement mais en secret », pour nous apprendre à Lui ressembler.» Il n’y a pas d’heure, de montée plus importante, plus grave dans notre histoire humaine que celle-là.
Comme l’écrit admirablement le poète Pierre Emmanuel : « Par la croix et la roue, par la hache et la corde, dans la fosse commune de l’histoire sont tombés tant de suppliciés et cependant la mémoire des hommes n’est obsédée que par les souffrance d’un seul. » Cette vieille histoire de Jésus montant à Jérusalem, ville centre spirituel, ville phare d’hommes et femmes attirés par une recherche de Dieu, continue d’hanter notre histoire. Elle nous est tellement connue que nous risquons d’en être anesthésiés.
Qui est cet homme en éternelle marche vers ces ennemis, en éternelle agonie, qui souffre dans sa chair qui est la nôtre, dans chacune de nos faiblesses et qui va jusqu’à supplier son Père de « leur pardonner car ils ne savent ce qu’ils font? » Qui est cet homme venu pour les plus faibles, les malades, pour tuer la haine dans le cœur et qui va jusqu’à prier pour ses ennemis ? Qui est cet homme qui ne porte aucun désir de vengeance, qui ne résiste pas au méchant (Mt5, 39), qui leur manifeste même de la compassion, jusqu’à leur vouloir et leur faire du bien ? Qui est cet homme « ému jusqu’aux entrailles » devant la détresse de la foule, la souffrance des malades, les larmes des malheureux, qui marche vers son Procès sans haine dans son cœur et qui, au milieu de tant de méchanceté, demeure animé d’une grande paix intérieure, d’une grande sérénité ? En voulant le salut de ses ennemis, cet homme, dit Jean Chrysostome s’est attiré les félicités du Père. « Vous me connaissez ?» Cet homme marche vers notre liberté. Vers notre salut. Il marche pour qu’éclate la Vérité sur Dieu. Il marche pour que nous devenions semblables à Lui.
La vérité sur Dieu? Il n’y a pas, dit saint Silouane, d’attitude plus noble, de chemin plus grand, d’œuvre plus grande, que celle de Jésus priant pour ses détracteurs qui le font souffrir. Cette montée n’est pas finie. Cet apprentissage non seulement à faire du bien à ceux et celles qui nous veulent du mal mais à penser du bien d’eux n’est pas fini.
Contemplatives, contemplatifs, ce que le peuple voit -et ce sont là les chefs d’accusation- c’est un Jésus qui ne respecte pas la lettre de la loi, qui travaille le jour du Sabbat, qui relativise le Temple, qui critique les bien-pensants, « c’est un ivrogne et un glouton » « un hérétique et un samaritain », un Jésus qui confronte les docteurs, les gens sérieux, les détenteurs du savoir et du pouvoir, qui refuse de lancer la 1ière pierre à la femme pécheresse. Le livre de la Sagesse exprimait tantôt que « sa simple présence nous pèse, car son genre de vie s’oppose. Sa conduite est étrange. » Le vrai problème n’est pas ce que voyait le peuple mais ce qu’il entendait « Jamais un homme n’avait parlé comme cet homme » (JN7, 48). Cet homme agit au nom de Dieu. Il est trop plein de vie, trop soucieux de faire vivre. Il est « le seul anarchiste qui ait réussi » disait Malraux.
À votre contemplation : Des jours pour nous faire entrer plus à fond dans cette connaissance d’un Dieu qui a aimé ses ennemis jusqu'à vouloir pour eux le Paradis. Cette vérité est libératrice. « Comment cela peut-il se faire ? » « Aux hommes c’est impossible mais avec la grâce de Dieu, tout est possible » « Fais nous quitter nos penchants mauvais, nous tenir loin de nos ennemis, mets en nous un esprit de renouveau et de sainteté ». AMEN
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