Année B: Vendredi de la 23e semaine ordinaire (Litbo23v.06)
Hébreux 5, 7-9 : passion du Christ Luc 2,33-35 : ton coeur sera transpercé.
Hier c’était la fête de la Croix glorieuse. Aujourd’hui nous sommes au pied de cette même Croix avec Marie. Nous sommes au cœur de l’exaltation non de la souffrance mais de l’amour Au cœur de cette passion de l’Amour que j’ai croisé en consultation quand une mère n’en pouvait plus d’être humiliée par le jugement des siens, pointée du doigt à chacune de ses sorties. C’était la mère d’un homme au dossier lourd dans la photo avait fait la une des journaux.
Elle se sentait regardée comme une mauvaise mère, tout en se refusant d’être responsable des comportements de son fils. Elle n’en pouvait plus de souffrir. Pourtant elle s’imposait chaque semaine à visiter son fils en prison. Elle me disait ces mots gravés dans ma mémoire : « si sa mère ne l'aime pas, si sa mère ne l'aime plus, qui va l'aimer encore ?». Il y avait entre cette mère et son fils, un lien de réciprocité d'une telle profondeur que rien, ni les risées des gardiens, ni le jugement de son entourage ne pouvaient la détourner de voir son fils.
Aujourd=hui, je revois ce même lien, ce mystère de réciprocité entre une autre Mère et son fils mourant sur la croix. « Si sa mère ne l=aime pas, si sa mère ne l'aime plus qui va l'aimer ». Certainement pas les disciples et apôtres qui ont fui la scène. Certainement pas la foule dont Il avait pourtant nourri au désert, qui voulait Le faire roi ou L'acclamait avec des branches d=olivier.
Marie a été la première à vivre, en parfaite réciprocité, toutes les souffrances de son Fils. Son être profond était transpercée par un glaive, celui d’entendre son fils lui dire : «pourquoi me cherchez-vous?», « qui est ma mère? » ou encore de recevoir dans ses bras ce Fils, victime de la haine « parce que le monde ne l'a pas reconnu ».
Contemplatives, contemplatifs s’interroge Bonaventure « Comment croire qu’elle eût pu ne pas défaillir devant l’immensité de la douleur imposée à son cœur alors que j’en demeure stupéfait qu’elle n’en ait pas reçu la mort ?» «Regardez et voyez s=il est une douleur semblable à ma douleur ». Comme mère, Marie a été la première à suivre son Fils. Plus est grande notre intimité avec Jésus, plus intense se fait notre participation à ses souffrances. Marie fut la première stigmatisée par la Passion d’aimer comme l’ont fait pas la suite les François, Padre Pio, Marthe Robin et tous ceux et celles dont les stigmates – plus intérieurs qu’extérieurs – révélaient ce mystère nuptial qui les unissait à l’Époux souffrant. Nous sommes au cœur de l’Évangile. Suivre Jésus, c’est prendre sa voie.
Cette fête nous livre dans les beaux mots de saint Ambroise « le testament familial » de Jésus. En nous confiant sa mère, Jésus nous confie son chemin. Bossuet fait observer que cette « douleur » n’écrase pas. Si foudroyante qu’elle soit, elle ne foudroie pas, ne jette pas par terre. « Elle se tenait debout près de la Croix ». Nous avons à devenir des « incarnations » de Marie. Nous avons à prendre son chemin. Pour paraphraser Madame Claire, Marie « s’est fait la voie ».
À votre contemplation : « si sa mère ne l'aime pas, ne l'aime plus qui donc va l'aimer ? ». N’ayons crainte de prendre chez nous une telle mère, celle qui a connu le martyre du cœur qui dépasse infiniment les souffrances du corps. N’ayons crainte de nous tenir debout au pied de la croix de notre monde jusqu’à devenir cette mère au visage radieux et serein qui en reçoit les souffrances et les cris pour les porter à son Fils. AMEN
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