Année : Vendredi 30e semaine ordinaire (litbo30v.06)
Lc 14 1-6 est-il permis de guérir ou non
Phil 1 1-11- je rends grâce à Dieu
En entrant pour une « visitation d’amitié » chez un chef des pharisiens, Jésus savait que chez eux les rubriques et les prescriptions rituelles prenaient une grande place, toute la place. Il savait que pour eux, le salut ne pouvait advenir que par une observation rigoureuse de la loi qui interdisait toute forme de vie sauf celle de « détacher le jour du sabbat son bœuf ou son âne de la mangeoire pour le mener à boire ». Jésus connaissait leur attachement, leur aveuglement pour un légalisme vide de vie.
Anticipant qu’il était sur haute surveillance, même si chez Luc les pharisiens ne lui étaient pas hostiles, Jésus leur manifeste sa « bonne disposition ». Par sa question, « est-il permis », il opte d’entrer en « dialogue d’amitié » avec les docteurs de la loi. Il ne les condamne pas. Il ne leur dit pas qu’ils sont de mauvaises personnes. Il questionne seulement leur mémoire trop habitée par la loi et le péché et peu ouvert à la liberté.
Par sa réponse à leur « silence », Jésus ouvre leurs yeux sur la beauté des gestes qui donnent vie, qui font vivre. Il conduit ses interlocuteurs à combattre les « interprétations superficielles », les « accumulations d’interdits » ou à privilégier les faux bonheurs d’une loi sans vie. « Si l’un de vous a un fils qui tombe dans un puits ne va-t-il pas l’en tirer aussitôt? ». Jésus s’est fait le grand prêtre d’un bonheur qui vient. Il est venu mettre l’accent sur une « bonne nouvelle » qui est autre chose que du négatif, du ne pas faire.
Contemplatives, contemplatifs, ce qui est premier en nous, c’est le désir de la beauté de la vie. Ce qui est souvent premier dans nos réactions, c’est le négatif. Trop souvent nous regardons l’Évangile à partir du négatif. Ce qui est mal, c’est de regarder le mal avant de voir le beau. La mémoire de notre peuple est tellement habitée pour ce regard négatif, par des interprétations qui manquent d’intériorité, d’intériorisation qu’elle a peine à s’ouvrir sur la beauté d’être chrétien. Jésus est venu évangéliser le négatif. Il suggère de commencer à regarder ce qui est bon avant de pointer les déviations. D’annoncer le vrai bonheur avant le malheur.
Ce que nous dit Jésus, Benoît XV1 vient de le redire aux évêques d’Irlande en visite ad limina. Le catholicisme n’est pas une accumulation d’interdit. Il les invite à voir dans l’Évangile un message de beauté, de vie et non d’interdit. Je vous donne un commandement nouveau : regarder le beau et non le mal autour de nous.
N’étouffons pas l’évangile parce qu’enfarger dans nos accumulations d’interdits. Accueillons l’essentiel de l’Évangile. Ne nous laissons pas tenter par le secondaire. Sachons que notre capacité de mouvement dépend de notre stabilité intérieure comme de choisir l’essentiel et non le secondaire. Laissons l’Esprit qui fait du neuf dicter nos regards.
À votre contemplation : dans la 1ière lecture, Paul se réjouit du progrès des philippiens à progresser dans « la parfaite clairvoyance qui vous feront discerner ce qui est plus important ». Une eucharistie pour laisser « pénétrer au plus profond de nous » (heb 4,13) sa Parole, pour nous laisser « transformer en Jésus-Christ » afin de porter sur notre monde, comme premier regard, un regard « sauveur », un regard qui ouvre sur la beauté et non sur des interdits. Toute personne même agnostique qui dit quelque chose de beau dit quelque chose du Jésus de l’Histoire. Dit quelque chose de la Bonne Nouvelle. AMEN
Accueil : Qui nous fera voir la beauté de l’Évangile ? « Dieu a mis en nous la parfaite clairvoyance pour discerner ce qui est important » Et Jésus nous montrera que l’important c’est de voir la beauté avant le non beau.
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