2025-C- dimanche de la 5e semaine ORDINAIRE (litco05d.25)
Lc 5, 1-11 : espérer n’est pas magique.
Je vous invite à voir autre chose que le résultat abondant de la pêche. Je vous invite à voir l’état d’esprit de Pierre et de ses compagnons. Ils étaient épuisés et déçus d’une nuit sans rien prendre. Nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre. Ils descendent de la barque pour laver leurs filets, pour rentrer chez eux, pour se reposer avant de retourner au large. Jésus monte dans la barque et les invite à jeter à nouveau leurs filets pour pêcher.
Cet embarquement de Jésus résume toute la vie de Jésus. Il était accroc des gens qui vivaient des échecs, des revers, des nuits à jongler, à broyer du noir. Il comprenait leur fatigue, leur résignation, leur déception. Il savait s’attrister d’une nuit passée sans rien prendre et de voir ses disciples rentrer chez eux les filets vides. Jésus leur demande d’abandonner leur déception, de relever la tête, de retourner au large, de jeter les filets (Lc 5,4) alors que le jour est déjà avancé. Tout pêcheur expérimenté sait que c’est contre-indiqué de pêcher quand le soleil est au milieu du jour.
Aujourd’hui, nous éprouvons les mêmes sentiments que Pierre et ses compagnons. Échec, fatigue, découragement, lassitude, même si rien n’est négligé pour faire connaître Jésus. Le risque est grand de rentrer à la maison, de se retirer, résigné par tant d’indifférence à l’égard de notre foi, par tant de haine contre les croyants.
La traversée de la nuit est longue. Nous descendons de la barque et restons embourbés dans les filets de la résignation et du pessimisme. Et quand Jésus monte dans nos barques nous retrouvons l’énergie de poursuivre la route, de nous remettre en route pour faire connaître le grand projet d’un Nouveau Monde, son royaume.
Que comprendre ? Quand Jésus n’est pas dans la barque, rien ne va plus. La vie est insupportable, nous ne voyons que des filets vides. Quand Jésus embarque, elle devient un paradis de délices (Imitation de Jésus-Christ). En embarquant dans nos barques, dans notre vie, Jésus indique la direction à prendre : la haute mer et non la direction du temple. Et c’est là, dans un monde qui gémit sous le poids de grandes catastrophes, que Jésus nous envoie.
Ce monde, le pape François l’a défini comme une nouvelle époque de martyrs[1]. Notre société de consommation est une société de rivalité, d’érection de mur protectionniste, une société où le sang coule en abondance. La brutalité envers les migrants, les sans-logis, l’inhumanité se voit partout.
Avancez au large, c’est aller à la rencontre de ce monde où les inégalités sociales, économiques sont criantes. Il ne s’agit pas de jaser avec le monde, mais de rencontrer chaque personne pour leur dire qu’elle est aimée de Dieu.
Avec le peu de force que nous avons, avec les fragilités que nous éprouvons, avec les turbulences de foi que nous vivons, avec la mentalité mondaine qui nous affecte jusqu’à nous pousser à prendre notre retraite pour laisser à d’autres d’annoncer Jésus, nous entendons une voix intérieure nous demander : qui enverrai-je ? Qui sera mon messager ? Jésus nous demande de marcher dans la vie en collaborant avec Lui. Sommes-nous prêts à oser dire comme Isaïe me voici, envoie-moi ?
Jésus embarque dans notre vie pour que nous donnions par notre proximité et notre attention aux gens, le trésor de sa présence que nous portons dans ses vases d’argile. Nous n’avons pas à transformer notre monde, c’est impossible, mais heureux sont ceux qui n’ont pas perdus espoir de le transfigurer.
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