2025-C- troisième dimanche du temps ORDINAIRE (litco03d.25)
Luc 1, 1-4 ; 4, 14-21 : Jésus, un sorteux.
Nous venons d’entendre un récit qui engendre l’une de ces tempêtes qui fait encore rage aujourd’hui. Jésus annonce que son arrivée ouvre sur un immense champ pastoral. Porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue.
Dans le temple, dans la synagogue de son village où il a vécu son enfance et devant les législateurs et responsables du culte, Jésus en plus de se présenter comme l’envoyé de Dieu et qui est déjà scandaleux en ajoute une coche. Il précise que tout envoyé reçoit la mission d’aller vers les gens qui ne sont pas dans le temple. C’est ce que nous appelons aujourd’hui la pastorale sociale. Ce n’est pas une option. C’est l’ADN de l’Église.
Jésus définit sa mission comme celle d’aller au front. Il se voit comme un « sorteux ». Il annonce qu’il est parmi nous pour rencontrer tout le monde, pour dialoguer avec tout le monde, pour s’occuper de tout le monde, pour redonner de la dignité à tout le monde. Il annonce son projet de participer à construire la plus belle version de l’humanité pour reprendre la magnifique expression de Tony Estanguet lors de la cérémonie d’ouverture des JO à Paris.
Dans le temple, les responsables religieux ne reconnurent pas que Jésus était plus que le fils de Marie et de Joseph. Ils rejetèrent aussi sa vision de sortir pour rejoindre les gens là où ils sont. Dans le temple, Jésus nous fait un beau cadeau, celui de voir notre vie de foi se vivre non seulement dans les temples, mais en construisant des relations entre nous, sans prosélytisme, sans désir de convertir. Jésus annonce l’arrivée d’un royaume parmi nous et à construire aussi.
Cette vision de Jésus, le pape l’a faite sienne en s’adressant au président élu Donald Trump. Il écrit qu’inspiré par les idéaux de votre nation, qui consiste à être une terre d’opportunités et d’accueil pour tous, j’espère que sous votre direction, le peuple américain prospérera et s’efforcera toujours de construire une société plus juste, où il n’y a pas de place pour la haine, la discrimination ou l’exclusion[1].
L’évêque Mariann Edgar Budde, de l’Église épiscopalienne de Washington, du haut de la chaire, lui dit : vous avez senti sur vous, avez-vous déclaré dans votre discours, la main providentielle d'un Dieu aimant. Au nom de notre Dieu, je vous demande d’avoir pitié des habitants de notre pays qui sont à présent terrifiés. Elle termine en lui exprimant que Dieu nous donne la force et le courage d’honorer la dignité de chaque être humain[2]. On rapporte qu’à la sortie de la célébration le président n’a pas trouvé le sermon trop passionnant.
Notre unique devoir d’état – notre devoir social -, observe François Cassinena-Trévady dans son dernier livre propos d’altitude, est au jour le jour de faire avancer le Royaume de si peu que ce soit…par l’ouverture de quelques relations fraternelles, de quelques repas partagés… non seulement dans le transcendant, mais dans le réel (p.51).
Dans le temple en ouvrant son ministère, Jésus annonce aux responsables religieux et je cite mon nouvel évêque, au risque de [vous] scandaliser, il faut sortir de notre nombril ecclésial …. pour que le monde ait la vie en abondance.[…] Notre business, c’est la vie[3].
Je termine par ces mots explosifs de Jean Debruynne. Il faut partir, gens du peuple de Dieu ! Vous pensiez vous installer ici, dans la serre chaude de cette rencontre ? Vous prétendiez vous établir dans la maison de Dieu ?
Mais Dieu n’a pas de maison[4] ! Paul disait que nous sommes le corps de Jésus. Chacun est membre de ce corps.
[1] Message of the Holy Father Francis to the 47th President of the United States of America, Donald J. Trump, on the occasion of his inauguration at the White House (20 January 2025) | Francis
[2] https://www.chautard.info/2025/01/le-message-evangelique-de-mariann-edgar-budde-eveque-de-l-eglise-episcopalienne-de-washington-a-trump.html
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