Année B : samedi de la 22ème semaine ORDINAIRE 7 sept.
Lc 6, 1-5; humain, ce Jésus.
Récemment je rencontrais un professionnel de la santé en urgence, mais à mon étonnement j’ai rencontré une personne très humaine. Ce qui l’intéressait n’était pas mon problème de toux, mais ma personne. Elle dégageait une grande bienveillance à mon endroit. Je ne me souviens pas de son nom, seulement de sa qualité de présence.
Il me semble que c’est cette qualité de présence attentive qu’ont retenue les premiers chrétiens et qui se dégage à chaque page de l’évangile. Ils ont conservé une mémoire vive de ce qu’était Jésus, un passionné de l’autre et non de la loi à respecter à tout prix.
Jésus, le Verbe fait chair, comprenait le geste de ses disciples. Il manifestait une grande sensibilité à ce qu’ils vivaient, se souciait beaucoup de leur faim. Sa devise : l’humain d’abord. La première réaction de Jésus n’est pas de punir ses disciples, mais comment faire droit à leur détresse. Comment les accompagner sans les condamner ? Son attitude annonce la fin d’un monde et l’arrivée d’un autre monde, plus humain, plus juste à condition de bâtir entre nous des liens de fraternité. Qu’avons-nous fait de cette attitude de Jésus ? De l’esprit qui animait Jésus ?
Devant ce geste de ses disciples, Jésus agit en mentor, comme quelqu’un qui ouvre une route plutôt que de condamner des disciples mal à l’aise d’être pris en flagrant délit d’irrespect de la loi. Il ne condamne pas la pratique du sabbat. Mais avec une autorité étonnante, agissant comme fils de l’homme, il s’oppose à une pratique millénaire priorisée même dans des circonstances plus graves. Paul écrit que Jésus a supprimé les prescriptions juridiques de la loi (Ep 2,14).
Coup de tonnerre, révolution copernicienne. Son impact est inouï. Renversement du regard ! Il se fait beaucoup d’ennemis. Cela c’est du visible. Ce qui l’est moins, c’est que cette attitude de « ne pas être comme les autres humains » s’inscrit au cœur de son incarnation, de sa naissance. Naître, c’est risquer l’intranquillité.
Cette intranquillité est d’une grande actualité. Le document de travail du prochain synode qui se veut une conversion tant dans les relations que dans les structures (# 14), un passage d’un mode pyramidal d’exercer l’autorité à un mode synodal (# 36), soulève chez les uns beaucoup de résistance et chez d’autres il manque d’ouverture.
Il y a beaucoup de résistance à surmonter l'image d'une Église rigidement divisée entre chefs et subordonnés, entre ceux qui enseignent et ceux qui doivent apprendre. Joseph Moingt affirme qu’il s’agit d’une déviation structurelle grave. Le document renverse un comportement millénaire où la verticalité comme ligne de conduite cède la place à l’horizontalité. L'apprentissage d'une manière de vivre ensemble, faisant Église, marquée par l'écoute mutuelle n’est pas chose accomplie.
Dans la joie de l’Évangile, le pape écrit (#49) : évitons de nous enfermer dans les structures qui nous procurent une fausse protection, dans des normes qui nous transforment en juges implacables, dans des habitudes dans lesquelles nous nous sentons tranquilles.
Je nous laisse à contempler ces mots de l’apôtre Paul : que chacun ne prenne le parti de l’un contre l’autre. C’est la pierre angulaire pour former communauté, pour marcher ensemble. AMEN.
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