Année B : jeudi de la 15e semaine ORDINAIRE (litbo15j.24)
Mt 11, 28-30 – Poids lourd ou léger.
J’ai vu la misère de mon peuple… j'ai entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs… je connais ses douleurs (Ex 3,7). Vous qui avez soif, voici de l’eau (Is 55,1). Venez à moi, vous qui peinez sous le poids du fardeau (Mt 11,28). Ces paroles cachent une autre image de Dieu de l’en haut et qui « adore » l’adoration des anges à son endroit.
Venez à moi nous présente un autre Dieu qu’un Dieu punitif et qui ne cherche qu’à nous prendre en défaut. Un autre Dieu que celui qui nous impose d’aller à l’église, comme on le disait jadis, pour « gagner » le ciel. Un autre Dieu que celui qui nous fait endurer toutes sortes de jougs parce que c’est sa sainte volonté. Un tel Dieu n’intéresse plus personne. Ne séduis plus les foules. Ce langage est lié à une époque révolue, une religion désincarnée.
La naissance de Jésus, de celui qui dans le temple s’est fait demander par les chefs politico-religieux qui es-tu pour nous cela, nous fait passer d’un Dieu d’en haut, hétéronome[1]qui ne s’intéresse qu’à lui-même, a un Dieu d’en bas, un Dieu caché en nous, habitant en nous, qui fait en nous sa demeure.
Venez à moi. Apprenez de moi que je suis doux et humble de coeur. C’est l’affirmation de l’amabilité de Dieu, de sa proximité, de sa force d’attraction. C’est le chemin, la voie nouvelle que prend l’envoyé du Père pour nous dire que Dieu n’habite pas dans un au-delà inaccessible.
Venez à moi. Jésus annonce une nouvelle société (Ft # 229), un projet innovant (Ft # 231). Il se fait poète social (Pape François), suscitant de l’espoir là où le fardeau à porter est lourd ; là où l’intensité des sentiments désagréables est vivement ressentie. Mine de rien ce venez à moi apporte la petite contribution Jésus pour soulager le poids de la vie.
Quel renversement d’image que d’entendre cette invitation de Jésus ! Les sages, les savants, les puissants ignorent cela (Lc 10,21). Si tant de monde se presse autour de Jésus, c’est qu’il voit que cet homme apporte un message d’espérance, qu’il fait entendre qu’il y a de l’avenir pour les petits, les souffrants, les sans dignité. Ces mots venez à moi définissent l’essentiel de la naissance de Jésus. Du projet Jésus. Il est venu nous libérer d’un poids écrasant de vivre un avenir sans avenir.
Nous l’observons et Jésus est un bon observateur de l’humain, ceux qui portent un lourd fardeau ont tendance à s’isoler. Son appel venez à moi qui vient immédiatement après sa louange au Père d’avoir révélé cela aux petits ne supprime pas le fardeau. Il sort de l’isolement.
Ce matin, entendons l’appel de Jésus, venez à moi. Et c’est à des gens écrasés par le poids de la vie qu’il adresse son invitation. À des petits, dit l’Évangile. Souvenons-nous l’appel de Jésus à Thomas qui portait un lourd fardeau. Il lui dit : viens vers moi. Touche-moi. Et alors retentissent ses paroles que nous réutilisons : mon Seigneur et mon Dieu. Déclaration qui fait surgir une grande tranquillité en nous (Mc 4, 39) tant nous expérimentons alors que nous vivons d’un seul cœur et d’une seule âme (Ac 4 ,32) avec Jésus.
Réveillons Jésus qui dort en nous. Le poids de notre quotidien est le terrain pour toucher Jésus, pour reconnaître sa présence en nous et qu’il est doux et humble de cœur, […] repos pour nos âmes (Mt 11,29). À bien y réfléchir notre fardeau, qu’il soit extérieur ou intérieur, nos doutes sur Jésus sont un chemin pour toucher Jésus. Ce fut l’expérience de Thomas à qui Jésus n’a pas reproché son incrédulité, mais lui a plutôt montré son souci de l’aider à porter le poids de sa tempête intérieure.
Contemplons longuement ces mots du prophète Isaïe : dire ton nom, faire mémoire de toi […] c’est guetter l’aurore […] c’est crier de joie. AMEN.
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