Année B : samedi de la 8e semaine ORDINAIRE (litbo08s.24) 1 juin
Mc 11, 27-33 : par quel pouvoir fais-tu cela ?
Il est facile d’observer en lisant les évangiles le pouvoir séducteur exercé par Jésus. Il est tellement recherché qu’il n’a pas le temps de se reposer. Jésus dégage un charme qui séduit et donne envie de le rechercher. Il a vite compris que les foules viennent le voir parce qu’il répond à leur besoin de pain, de santé, de dignité, d’espérance. En leur offrant sa bienveillance, son amour et son regard de miséricorde, Jésus devient à la fois le plus recherché et le plus détesté.
Ce qui séduit les foules, c’est d’entendre Jésus leur offrir une direction et non une doctrine, une morale ou des recettes. Et cela fait autorité. Cela interpelle les savants docteurs qui y voient un danger de perdre l’autorité qu’ils exercent sur le peuple.
Sa bonne nouvelle : offrir une direction, une bénédiction, un chemin ouvert, accessible à toutes et tous, gratuit, touchant l'intérieur de l'humain, donnant une chance à chacun, même aux causes les plus désespérées et les plus méprisables. Dans l’Église, s’il y a une multitude de fonctions toutes nécessaires, complémentaires, Marc indique qu’il n’y a qu’une seule mission : vivre, agir, parler comme Jésus. Que nous soyons, évêques ou prêtres, catéchètes, hommes ou femmes, pratiquants ou distants, nous avons tous la responsabilité d’offrir une direction et non de donner des réponses. Moi non plus, je ne vous dis pas.
L’évangile de dimanche dernier affirmait que parce que baptisés au nom du Père, du Fils et de l’Esprit, nous sommes des envoyés montrer la bonne nouvelle, offrir une direction de bonheur. La bonne nouvelle ne se propage que si nous sommes de bonnes nouvelles.
Il a fait les uns apôtres, les autres prophètes, les autres docteurs. Aux uns, Il a donné le don de guérison, ou le don d’assistance, aux autres le don de prophétie ou le don des langues, mais quel que soit le don, en tous et chacun, c’est un seul et même Esprit (1 Cor 12,29). La lecture disait tantôt construisez votre vie sur votre foi…priez dans l’Esprit saint […] gardez-vous dans l’amour de Dieu […] prenez en pitié (compassion) ceux qui sont hésitants.
Agir avec l’autorité de Jésus, c’est notre affaire, notre responsabilité. Annoncer la bonne nouvelle, c’est notre affaire. Vivre comme Jésus, c’est notre affaire. Nous avons la même responsabilité de montrer Jésus. Permettez-moi de le dire ainsi, nous sommes tous et toutes des vicaires de Jésus parce que s’il y a diversité de fonctions, il n’y a qu’une seule et même mission. Ce malade qui souffre, celui qui se débat contre la mort, l’ouvrier d’un chantier, tous nous sommes des vicaires de Jésus.
Ce qui est nouveau, c’est que Marc nous présente l’autorité de Jésus comme expérience inhérente d’être dans le Père. Jésus est ontologiquement dans le Père. Ses prises de parole émergent de sa profonde vie intérieure et de ses longs temps de prière sur la montagne. C’est dans nos moments de prière que nous découvrons en nous une Présence à révéler par notre vie.
Qui veut être comme Jésus ? Qui veut vivre en acte l’esprit du lavement des pieds ? Nous pouvons abandonner, nous délester de bien des choses, mais vivre en n’offrant comme Jésus qu’une direction, c’est autre chose. Mais cela fait autorité.
Simone Weil offre une belle compréhension de ce qui fait autorité dans la vie de Jésus quand elle écrit que sa toute-puissance découle qu’il ne l’utilise pas.
Je termine par cette observation de Gandhi qui me dérange : Je suis convaincu que [le christianisme] a déformé le message de Jésus... Quand il a eu le soutien d’un empereur romain, il est devenu une foi impérialiste comme il le reste à ce jour. Amen.
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