Année B : samedi de la 4ière semaine de PÂQUES (litbp04s.24)
Jn 14, 7-14 : la grande connexion.
Ce passage nous présente le plus haut niveau de l’enseignement mystique de Jésus. Le Père Richard Rohr ofm écrit que Jésus se connecte à tout. Il est dans le Père, le Père en vous, vous en Dieu, Dieu en lui, Dieu dans le monde et vous dans le monde. Tout cela est un[1].
Chaque page de l’évangile nous montre un Jésus connecté. Connecté à notre humanité. Il est plein d’humanité. Il a dit OUI à notre humanité. Un OUI avec ses souffrances et ses joies. Connecté à son Père. Il a dit OUI à son Père. À faire sa volonté et non la sienne. Il est auprès du Père. Dans le Père. En Jésus se rencontre l’humain et le divin, le temporel et l’éternité. Jésus déborde d’une humanité divinisée.
Une question est souvent mal posée : de qui Jésus est le fils ? Fils du Père ou fils du charpentier. Question mal posée parce que Jésus est le fils de la vie. Je suis la vie. Il ne précise pas de quel genre de vie il s’agit.
Jésus nous montre un Père plein d’humanité. Il nous montre une humanité pleine de divinité, appelée à être semblable à celle du Père. Cela s’appelle mener une vie pleine. Le lieu de la demeure du fils de Dieu, c’est d’être dans le Père. Il s’empresse d’ajouter que le lieu de la demeure du Père est dans la fils et le fils est en nous. En Jésus, le pays d’en haut et celui d’en bas s’unifient dans le pays de la vie. Qu’il soit sur la montagne en prière ou au milieu des gens, Jésus ne quitte jamais la vie. La vie est sa résidence permanente.
Et si les œuvres plus grandes encore étaient de vivre comme Jésus. Sa vie nous sauve de notre inhumanité à vivre déconnectés aux autres. Aujourd’hui, le contact humain est un luxe. Nous vivons une fatigue informationnelle, un affaissement des relations. Avoir quelqu’un en face plutôt qu’un cellulaire est devenu une priorité. Il y a des pressions pour inviter les parents à déconnecter leurs enfants de leur cellulaire pour leur éviter des troubles mentaux. Les jeunes sont des hyperconnectés déconnectés de toute relation enrichissante. Plus nous sommes connectés entre nous, plus nous sommes des vivants. Plus nous sommes connectés à Dieu, plus nous expérimentons que quelqu’un de grand habite en nous.
L’anthropologie ne fait que redire que l’autre fait partie de moi. Que l’autre est en moi. Je ne suis moi-même qu’en me révélant à autrui. Je ne puis me passer d'autrui, je ne puis devenir moi-même sans autrui. Il y a de l’A(a)utre en moi (Bakhtine, philosophe russe).
Il est impossible de concevoir l'être humain sans connexion à l'autre, avec la Réalité, nouvelle manière de dire Dieu aujourd’hui. L’œuvre la plus grande est de réaliser que le plus grand professeur de la présence de Dieu dans notre vie est notre vie (James Finley[2]). La première lecture nous montre des apôtres tellement connectés à Jésus que rien ne les arrête.
Vous n’aimez pas le mot connecté, retenez celui de saint Jean communion. Ce que nous avons vu et entendu, nous vous l’annonçons, afin que vous aussi soyez en communion avec nous (1 Jn, 1, 3) Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ (1 Jn 1, 4). Si nous marchons dans la lumière comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres (1 Jn 1,7). Mon commandement, c’est de vous aimer les uns les autres (Jn 13, 34; 15, 12).
Il s’agit plus que d’apprécier cette connexion de Jésus avec nous. Il s’agit d’être connecté à Jésus, aux autres. Il s’agit plus que nous émerveiller d’un Jésus venant vers nous, mais de voyager dans la vie avec l’Esprit de Jésus en devenant tellement humain que nous sommes déjà divinisés[3].
Et nous, ce matin, quelle est notre densité de connexion, de communion à ce pain de vie ? AMEN.
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