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2024-B-Mt 2, 1-12- Épiphanie- vivre en mode adoration

Année B – Épiphanie 

Mt 2, 1-12 : vivre en mode adoration.

Vous connaissez l’expression j’adore « j’adore le chocolat… », « j’adore tel chanteur ». Cela signifie que j’apprécie, que j’aime  bien. C’est placer en tête de liste un objet, une personne ou n’importe quelle réalité de ce monde.   

L’adoration est plus que « d’adorer ». C’est quelque chose d’inscrit dans nos cœurs (C.E.C.#27). Ce n’est pas un ajout, un plus à ce que nous sommes. Adorer fait partie de notre être profond. C’est quelque chose d’indélébile dans nos gènes. Une personne en adoration est une personne qui donne toute la place à l’autre. C’est une personne en mouvement, fasciné par une beauté qui les regarde (Père Cantalamessa).

En nous présentant le conte des Mages, Matthieu définit l’attitude d’adoration des Mages comme un moment d’éblouissement, un moment d’élévation. Leur regard est tourné vers le ciel, leurs pieds marchent sur la terre, et leur cœur [est] prosterné en adoration (Homélie Pape François). Quelque chose brille en eux, les met en mouvement. Quelque chose réchauffe leur cœur de chercheurs de sens.  

Les Mages furent en état d’adoration. Ils étaient tellement éblouis par ce qu’ils voyaient, qu’ils n’existaient plus. Ils vivaient dans une sorte d’extase, dans un état de bonheur inexprimable. Leurs yeux ne pouvaient pas se rassasier de ce qu’ils voyaient. L’évangile nous dit que les mages, des païens, se prosternèrent devant l’enfant et lui offrirent ce qu’ils avaient de plus précieux. Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi (Ps 71). Ils étaient en mode prière, d’acclamation et d’admiration. Ils se prosternent devant lui et l’adorent (Mt 2, 11) comme roi par l’or, comme Dieu par l’encens, comme mortel par la myrrhe (Saint Grégoire le Grand). Si nous perdons le sens de l’adoration, nous perdons le sens de la marche de la vie chrétienne qui est un cheminement vers le Seigneur, non pas vers nous.

Il y a de faux adorateurs. En demandant aux rois mages de lui indiquer le lieu de la naissance de Jésus, sous prétexte de pouvoir venir l’adorer, Hérode n’était pas en mode adoration, mais en mode préservation de son pouvoir romain. En réalité, il n’adorait que lui-même. Les chefs des prêtres et les scribes du peuple connaissaient les prophéties, ils n’y sont pas allés. Hérode et les chefs des prêtres n’adoraient que leur moi. Quand on n’adore pas Dieu, on est amené à adorer son moi. La vie chrétienne, qui n’est pas une vie d’adoration de Jésus, est une fausse vie chrétienne.

Je précise une chose, adorer ne signifie pas vivre écraser, mais plutôt être attiré par autre chose que soi. C’est vivre en mode extase, sorti de soi. Vivre en mode adoration change complètement la vie de quelqu’un. C’est faire passer la vie du Christ en moi. La foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère (He 11.1) C’est prendre un autre chemin. Ils retournèrent par un autre chemin. Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi (Gal 2,20). Paul regardait quelqu’un qui le regardait avec intensité.

Élisabeth de la Trinité a une belle expression quand elle dit qu’adorer, c’est un mot ciel. C’est mener une vie foudroyée par la beauté d’un enfant Dieu. D’un enfant sans pouvoir. Un mot qui nous fait vivre en extase dans un autre monde, en mode déplacement vers autre chose que soi. Être chrétien ne signifie pas savoir que Dieu existe. C’est sortir de son petit monde, rencontrer Dieu. C’est une manière de connaître Dieu, de voir Dieu.  

Nous avons besoin de regarder autre chose que nous-mêmes. De regarder vers autre chose que de faire son devoir d’état. La foi ne se réduit pas à faire son devoir d’état. La foi est comme du feu qui brûle en nous et nous pousse à vivre en mode extase, en mode chercheur passionné du visage de Jésus, en mode comme les Mages, témoins de ce que nous avons vu de nos yeux, touchés du Verbe de vie. Sans extase, la vie devient fade. Dieu, dit une femme amérindienne, peut tout m’enlever, mais qu’il me laisse l’extase et je serai plus riche que mes semblables.

Accorde-nous, Seigneur, demande une oraison du temps ordinaire, de pouvoir t’adorer sans partage et d’avoir pour tout homme une vraie charité. Ne perdons pas l’habitude d’adorer en silence. Alors ton cœur frémira et se dilatera. AMEN.

 

Évangile: 
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Date: 
Dimanche, 7 janvier, 2024

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