Année A : dimanche de la 33e semaine ordinaire (litao33d.23)
Mt 25, 14-30 – notre manière de voyager
Il y a le voyage de Jésus qui distribue ses biens selon nos capacités (v.15), qui ne retient jalousement rien pour lui précise Paul. Il y a aussi notre voyage. Quelle route prenons-nous ? Celle du don ou celle de tout conserver pour soi.
Le message est clair. Le Maître transmet ses biens. Le Maître se donne à nous, se livre entre nos mains. Il ne dit pas ce que nous devons en faire. Il ne nous demande pas d’être rentable, de lui rendre des comptes. Il transmet. Il se donne à nous, nous donne son héritage sans rien préciser. La parabole questionne notre image de Dieu. Est-il celui qui donne ou celui qui demande des comptes ?
Le message de Jésus est clair. Non au conservatisme, oui à la créativité. Non à une vie stérile, oui à une réponse active à Dieu. Non à l’obsession de la sécurité, oui aux efforts risqués pour transformer le monde. Non à une foi enfouie sous la conformité, oui à un engagement à la suite de Jésus.
Il est très tentant de vivre en évitant toujours les problèmes et en recherchant la tranquillité : ne pas s’engager dans tout ce qui pourrait nous compliquer la vie, défendre notre petit bien-être. C’est la meilleure façon pour mener une vie stérile, sans horizon.
Dans la vie chrétienne, notre plus grand risque est d’éteindre la fraicheur de l’évangile, en gelant notre foi pour toujours croire avec les mêmes mots qui souvent ne nous disent plus rien. Questions : moi, est-ce que je prends des risques dans ma vie ? Est-ce que je prends des risques avec la force de ma foi ? Qu’apportons-nous à notre société, que semons-nous dans notre environnement, à qui donnons-nous de l’espoir. Sommes-nous empressés à enfouir notre énergie plutôt que d’aider les autres ?
La première lecture offre une direction. Elle ouvre la main aux malheureux, elle tend la main au pauvre. (Pr 31,20). Dieu nous fait confiance.
Ce serait une erreur de nous présenter devant Dieu avec l’attitude du troisième serviteur qui a reçu selon ses capacités : voici ton talent. Voici la foi que tu m’as donnée. Je ne l’ai pas semé de peur de la perdre. Je l’ai fidèlement préservé. Ce serviteur n’avait pas confiance dans la bonté du Seigneur. Il a oublié que le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour (Ps 144, 8). Il y a une interconnexion entre l’image que je me fais de Dieu et ma manière de vivre.
La petite Thérèse écrivait dans l’histoire de sa vie : J’ai compris, écrit-elle, que Dieu me rétribuerait non pas selon mes œuvres à moi, mais selon ses œuvres à lui. Être choisi pour être serviteur du Maître, c’est accepter d’être serviteur de tous. Aujourd’hui la 7e journée mondiale des pauvres confirme cela : Ne détourne pas ton visage d’aucun pauvre. (Tb 4, 7). Si nous ne multiplions pas l’amour autour de nous, la vie s’éteint dans les ténèbres ; si nous ne mettons pas en circulation les talents que nous avons reçus, l’existence finit sous terre, c'est-à-dire comme si nous étions déjà morts (v. 25.30).
Le message de l’Évangile est clair : n’enterrons pas les biens du Seigneur ! Faisons circuler la charité, partageons notre pain, multiplions l’amour ! La foi grandit en nous quand elle est donnée. Quand elle devient une petite lumière dans au milieu des désolations de notre monde.
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