Année A : dimanche de la 16e semaine ORDINAIRE (litao16d.23)
Mt 13, 24-30
Deux mots résument notre évangile : juste regarder. Juste regarder sans juger, sans éliminer, sans étiqueter quoi que ce soit et qui que ce soit. Se donner un regard positif comme celui du semeur. J’ai semé du bon grain. Dieu vit tout ce qu’il avait fait : c’était très bon. Le semeur n’a pas d’ennemi. Le semeur n'est pas la semence. Cela demande beaucoup de pratique et beaucoup de désapprentissage de nos regards habituels.
Notre péché mignon est de faire des distinctions et des jugements entre ce qui est bon et mauvais. C’est presque spontané, nous pensons que notre pensée est la meilleure. Ce qui est presque compulsif en nous, c’est de voir de la zizanie partout. Une phrase du pape François en 2013, peu après son élection au siège de Rome, a fait en un instant de tour de monde. Questionné dans l’avion de retour de Rio Janeiro sur l’homosexualité, il a donné cette réponse qui suis-je pour juger ? Il venait de reprocher aux évêques leur tendance à déterminer qui est ou n’est pas en règle.
Qui sommes-nous pour nous juger meilleurs que les autres ? Soyons honnêtes. En nous, pousse du bon grain et du mauvais grain. Heureusement que le Semeur n’a pas ordonné d’enlever le mauvais grain parce qu’on arracherait en même temps le bel épi. La zizanie n’est pas extérieure à nous. Elle pousse aussi en nous. En nous, il y a le bon grain et l'ivraie. Nous semons les deux dans le grand champ du monde.
Il est facile de reconnaitre l’ivraie dans le prochain. Pour voir le bon grain qui pousse, il faut développer l’œil du semeur. Dans les autres, dans notre monde et en nous est semée une graine de blé baignée de soleil avec des épis dorés. Pas facile de dépasser la tentation de faire table rase de nos jugements sur les autres. Pas facile d’avoir la sagesse de voir ce qui est bon sans nous décourager devant les limites et les lenteurs des autres.
Ce matin, l’évangile nous appelle à un désapprentissage de nos regards spontanés pour apprendre à voir du nouveau, du beau. Méfions-nous. Nos regards trahissent nos manques de contemplation. Nous ne voyons pas comme le Semeur. Nous ne pouvons pas faire le bien en détruisant hâtivement ce qui est mauvais, parce que cela a des effets plus graves : nous finissons par jeter le bébé avec l'eau du bain (message du pape ce matin à l’Angélus).
Dans son 3e message pour la journée des personnes âgées que nous célébrons aujourd’hui, le pape appelle les grands-parents à semer de la miséricorde, à développer le style de Dieu. À voir plus loin que l’immédiat. La semence prend du temps pour sortir de terre. Regardez vers l’avant. À vous grands-parents, je vous demande d’accompagner les jeunes par vos prières. Prier pour eux, pour les journées mondiales de la jeunesse à Lisbonne début août.
Il faut du temps, beaucoup de temps à prier pour disposer de la force de Dieu, pour juger avec indulgence. Par ton exemple, tu as enseigné à ton peuple que le juste doit être humain…après la faute, tu lui accordes la conversion(1ière lecture).
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