Année A : dimanche 5e semaine de PÂQUES (Litap05.23)
Jn 14, 1-12 Chemin, que tu es grand.
Chemin, que ce mot est grand ! Chemin, c’est l’autre nom de l’évangile. Ce n’est pas une destination. Ce n’est pas un moyen du voyage. C’est la vie elle-même qui est chemin. Vivre, c’est marcher. Demeurer en mouvement. Progresser. Un chemin existe pour être emprunté, pour aller quelque part. Nous sommes des voyageurs permanents. Nous sommes en permanence en état d’avancer. Il n’y a pas de vie où tout est écrit d’avance. Où tout est défini d’avance.
Ce qui me frappe dans l’évangile est d’observer que Jésus ne donne qu’une consigne : Lève-toi, marche (cf. Mt 9, 5). Avance. Va de l’avant. On pourrait dire que l'élément stable du christianisme, c'est l'ordre de ne s'arrêter jamais (Henri Bergson).
Jésus est celui qui met en marche, qui envoie. Il est l’ultime chemin en personne venu jusqu’à nous. Je suis le chemin. C’est l’autre nom de Jésus. Il est chemin pour être humain. Pour vivre en humain. Bien vivre en humain, c’est vivre de la vie même de Dieu. C’est vivre et bâtir le rêve de Dieu, son royaume.
Les chrétiens de la première et de la deuxième génération n’ont jamais pensé qu’une religion était en train de naître avec eux. Ils ne savaient pas par quel nom désigner le mouvement qui prenait une ampleur insoupçonnée. Ils étaient frappés par le souvenir de Jésus qu’ils sentaient vivant au milieu d’eux. Ils s’efforçaient d’apprendre à vivre comme Jésus au milieu d’un empire romain tout-puissant qui déshumanisait le peuple.
Cette manière de vivre des premiers chrétiens, imitant la manière de vivre de Jésus, a donné naissance au christianisme. Au début, il n’y avait aucun dogme à croire, aucune morale à diffuser. Ils vivaient les yeux fixés sur Jésus. Leur manière de vivre étonnait les chefs religieux et politiques. Pour eux, Jésus était un chemin, une pierre angulaire. Toute la vie de Jésus, sa manière d’agir avec les pauvres, ses gestes, sa cohérence, sa générosité quotidienne et simple, son dévouement, tout faisait sens pour eux.
Un écrit rédigé vers l’an 80 et appelé la lettre aux Hébreux dit qu’il s’agit d’un chemin nouveau et vivant pour affronter la vie. C’est à Antioche (la Syrie actuelle) que, pour la première fois, les disciples furent appelés chrétiens (cf. Ac. 11,26). Jésus a commencé un mouvement que les premiers chrétiens ont suivi et qui est devenu une religion. À la fin du 2e siècle, l’épître à Diognète écrivait que les chrétiens ne se distinguent des autres hommes ni par un pays, ni par une façon de parler, ni par une manière de s'habiller. Ils témoignent clairement d'une manière de vivre qui sort de l'ordinaire.
Aujourd’hui, nous décrions beaucoup cette religion, son affaiblissement, mais nous voyons peu le chemin inédit d’humanisme qu’il ouvre devant nous. Un chemin d’avenir. C’est le point de départ du christianisme. Un chrétien est un homme ou une femme qui découvre progressivement en Jésus le bon chemin à suivre pour vivre, la vérité la plus sûre pour s’orienter, le secret le plus prometteur de la vie. Il ne sert à rien de se sentir conservateur ou de se déclarer progressiste. Il s’agit d’être en chemin.
À Budapest en Hongrie, récemment, le pape déclarait que l’Église est appelée à bâtir des ponts pour aller vers les gens d’aujourd’hui. Ce chemin, Jésus, est un pont, un pont d’harmonie, d’unité.
Je termine par ces mots d’un grand priant (Guerric d'Igny v. 1080-1157) : si tu es déjà sur le chemin, ne perds pas ta route. AMEN
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