Année A : mercredi de la 2esemaine du temps ORDINAIRE (litao02me.23) 18 janv.
Mc 3, 1-6 : sabbat où est le cœur du christianisme ?
Nous ne soupçonnons pas comment l’attitude de Jésus est suicidaire. Ajoutée aux autres comportements, sa position de guérir même un jour de sabbat le fait l’ennemi numéro 1 à abattre. Cet homme, écrivait déjà en 1853 Victor Hugo dont les réflexions étaient mises à l’index à l’époque, était de ceux qui n’ont rien de sacré, Il ne respectait rien de tout ce qu’on respecte. Jésus a dépassé largement la religion quand il a déclaré que le sabbat est fait pour l`homme, et non l`homme pour le sabbat (cf. Mc 2,27).
Ce geste de Jésus priorisant le soulagement de la souffrance au détriment du sabbat présente un Dieu tellement nouveau que cela le rend ennemi du Temple tant il sape une pratique ancestrale. Jésus, par sa question que permet la loi, déstabilise les « gérants » du pouvoir qui étouffent le peuple en exigeant de pratiquer plus de 600 commandements. Eux qui avec arrogance décident tout, régulent tout jusque dans les moindres détails, oublient le premier commandement donné à Abraham : chemine en ma présence et sois irréprochable (cf. Gn 17,1). Jésus est allé au bout de ses convictions basées sur l’audace incroyable de son sermon sur la montagne qui guidera toute sa vie.
Nous n’insistons pas assez, Jésus, malgré ses attitudes aux allures contestataires, est un croyant comme nous en rencontrons aujourd’hui. Il tient à cœur à la rénovation de sa propre religion juive, enkystée dans le légalisme et dans le ritualisme. Il est un croyant qui se questionne sur l’essentiel. Faut-il privilégier le rigorisme des docteurs de la loi ou soulager les souffrants ? Faut-il préserver ce « qu’on a toujours fait comme ça » ou risquer une parole neuve ?
Sa position d’envisager sa foi dans une vie de compassion, d’entraide, d’égalité sociale, d’équité entre riche et pauvre ne lui rendra pas la vie facile. Assez tôt, l’opposition se dresse contre lui, provenant des tenants de la Loi et des maîtres du Temple. Elle sera sans merci. Plus l’opposition grandit, plus Jésus prend conscience de l’urgence de ses choix. C’est au cours de nuits de silence, à l’écart, qu’il se ressource, écoute la Voix intérieure qui lui murmure de ne pas reculer. C’est dans la pratique de la solidarité qu’il trouve le cœur du cœur de sa foi. Si vous n’agissez pas, dit Jacques, à quoi cela sert d’avoir la foi ?
Regardons en profondeur l’attitude de Jésus. Plutôt que de faire la morale, Jésus fascine, séduit. Il ne dit pas ce qu’il faut faire, mais plutôt ce qu’il faut être. Tellement convaincu de cela qu’il transmet sa foi, ses convictions, par attraction (Benoît XV1, 13/05/07). Plus la tiédeur est grande, plus le prosélytisme domine. Cela se voit aujourd’hui, c’est lorsque nous cessons d’être attraction que l’on impose.
Ce regard de Jésus est toujours d’actualité. Quand on cesse, et je traduis ce qu’écrivait Catherine de Sienne dans une lettre (# 310) d’être des fleurs qui répandent leurs parfums, nous répandons une infection, un virus qui empeste le monde[1]. Cela s’appelle la maladie de l’apparence, de la normalité, de la théologie du maquillage. Dans chaque geste, même le plus beau, le ver de l’autosatisfaction peut se cacher (Pape François, cendres 2022).
Sans tomber dans le moralisme, sans nous définir de droite ou de gauche, demandons-nous quel parfum répandons-nous ? Sommes-nous « évangiles » offrant une parole qui fait sens aux croyants comme aux incroyants ? La première chose dont nous, chrétiens, avons besoin aujourd’hui, ce ne sont pas des catéchismes qui définissent correctement la doctrine chrétienne, ni des exhortations qui définissent rigoureusement les normes morales, c’est l’urgence de retrouver le baptême de l’Esprit de Jésus dans lequel nous avons été baptisés. AMEN.
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