Année C : mercredi de la 32e semaine ORDINAIRE(litco32me.22) 9 NOV.25e d.c.
Jn 2, 13-22 : se laisser rénover par Jésus.
Tu es un temple, ne cherche pas de lieu, disait un moine du 1Ve siècle. Dans les premiers siècles, cette manière de se tenir en présence de Dieu dans le temple intérieur de l’âme a été une pratique essentielle de la vie monastique. Saint Jérôme, au Ve siècle, le définissait même de cette façon : le moine se reconnaît non à ses paroles et à ses discours, mais à son assise en silence.
En célébrant la fête de la basilique du Latran, entendons Jésus dire à Zachée hâte-toi, descends, je veux demeurer chez toi. Notre intérieur est le temple de la rencontre (cf. Gn 33,11). Jésus pénètre notre chez-soi le plus intime pour faire entendre des paroles sublimes : ne fais pas de ma maison une maison de trafic. Appel qui nous révèle notre dignité. Nous sommes un palais royal. Vous n'êtes plus des hôtes ou des étrangers, mais vous êtes déjà de la maison de Dieu (cf. Ep. 2,19). Mon bien-aimé, descend à son jardin […,] je suis à mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est à moi (Ct 6,2-3).
Quand Jésus entre quelque part, il peaufine, rafraichi, transforme l’habitat intérieur à son image. Notre surprise devrait être celle non de se savoir temple, mais plutôt de réaliser que Dieu n’a pas peur de passer des heures à rénover son habitat. Il ne craint pas de se salir les mains ni de respirer la pollution qui s’en dégage. Il est allé loger chez un pécheur (cf. Lc 19,7). Il n’y a pas de lieu saint en christianisme, pas d’autre lieu saint que le cœur humain, habité par la présence de l’Esprit de Jésus. Nous sommes la maison que Dieu construit (lecture) comme Jésus le confirme dans sa réponse à la Samaritaine où il parle ‘un autre temple que l’édifice-bâtisse. L’heure est venue où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père (cf. Jn 4, 23).
Le Livre de la Sagesse écrit que Dieu a pitié de tous parce qu'il peut tout. De tous, tout particulièrement des temples les plus abîmés. Rien n’arrête Jésus sur le chemin de la restauration de nos vies, de la restauration de nos temples qui avec le temps a besoin d’entretien. Il y a tellement de voix, de bruits, en nous qui questionnent les limites de la bonté de Dieu, et qui nous disent que nous ne sommes pas dignes de rencontrer Dieu.
Notre intérieur se détériore par la routine, par notre perte d’enthousiasme. Il est pourtant le lieu de la rencontre avec Dieu, le lieu de ses noces avec nous. Cette fête liturgique du Latran fait surgir de nos mémoires de ne pas laisser la détérioration de notre relation avec Jésus, de notre éloignement de lui, de notre misère, nous arrêter, nous bloquer. Rien ne peut arrêter Jésus sur le chemin de sa Miséricorde. De la restauration de nos temples.
Il n'y a pas de misère que Jésus ne veuille prendre sur Lui. Il n'y a pas de souillure dont Il ne puisse nous laver. Le Fils de l'homme est venu chercher ce qui était perdu (cf. Lc 19,10). Notre misère devient le lieu de la rencontre avec Dieu, un lieu nuptial. Ce qui nous fait honte devient le lieu de notre fierté.
Songeons à Paul, persécuteur, à Pierre, le traître, à la pécheresse Marie-Madeleine. Ils ont pris au sérieux la réponse de Jésus à ses parents : ne saviez-vous pas que je dois être dans la Maison de mon Père ? (cf. Lc 2, 49). Toute vie chrétienne est d’oublier le chemin parcouru [pour] se laisser saisir (Ph. 3) par l’entrepreneur en rénovation qu’est Jésus. Notre baptême ou pour des incroyants leur manière pleinement humaine de vivre, nous fait non des pierres de pierres, mais des pierres vivantes.
À votre contemplation. Jésus est allé là où il ne « convenait » pas qu’il aille ! Nous aussi, il nous faut aller là où il ne « convient » pas d’aller. Nous ne pouvons pas nous contenter de rester entre « gens bien ». Le monde a besoin de la Miséricorde plus que jamais ! Jésus transforme nos vies par l’intérieur pour que beaucoup d’autres découvrent, par nous, sa miséricorde. AMEN.
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