Année C : samedi de la 14e semaine ORDINAIRE(litco14s.22)
Mt, 10, 24-33; Is 6, 1-8 : entrons dans la danse divine.
À contempler en profondeur ce matin, trois belles images : regarder les oiseaux du ciel, contempler le lys des champs et celle de ne pas servir deux maîtres. Sous ces images, Matthieu présente un Dieu qui n’est pas l’éternel menaçant dont le regard ne broie que du noir. Il présente un Dieu qui sait contempler notre beauté profonde, celle de notre monde ; un Dieu capable d’entrer en relation d’amour avec toute la création.
Dans un livre d’une très riche réflexion spirituelle, la danse divine , le père Richard Rohr, franciscain améri-cain, écrit que nous avons besoin d’un changement dans la manière dont nous communiquons avec Dieu. Il ajoute, au risque de paraître exprimer une grossière exagération, l’image chrétienne la plus courante de Dieu, en dépit des efforts de Jésus, est encore largement païenne. Dieu n’est pas au sommet d’une pyramide et tout le reste en dessous. Il n’est pas enfermé dans un palais impérial, barricadé dans un monde splendide complètement isolé de nos vies ni un spectateur critique, distant, lointain. C’est cette image de Dieu qui con-tribue à vider nos églises tant ce Dieu n’est ni croyable, ni crédible. C’est un faux dieu, un dieu païen.
Le Nouveau Testament ne présente pas Dieu comme un monarque distant et statique, mais comme une danse circulaire divine. Sous cette image de Dieu dansant avec nous se joue l’avenir de la foi. Toute la créa-tion participe à cette danse salutaire. Personne ne danse seule.
Cet appel à regarder les oiseaux du ciel, le lys des champs n’est pas à accepter ou refuser. C’est l’arrivée des temps nouveaux, d’un Dieu nouveau genre, d’un Dieu-avec-nous, à nos côtés, partageant nos souffrances. Ce chemin, ce temps nouveau nous permet de dépasser une vision d’un Dieu qui pose problème. Il permet une redécouverte d’un Dieu dansant avec nous. Cet appel à regarder, à contempler, est le cœur de la révéla-tion chrétienne. S’émerveiller est le chemin pour devenir participants de la nature divine (cf. 2 Pi 1, 4). L’évangéliste Matthieu, fort de son expérience de proximité avec Jésus, appelle toute la création à entrer dans cette danse divine.
Nos sentiments d’être déconnectés de ce Dieu en état de relation avec nous ne sont pas des illusions. Avec Jésus, nous célébrons l’arrivée d’un Dieu en mode connexion avec nous ; en mode communion avec nous. Et cela commence par son regard de beauté qu’il pose sur nous. Première étape : regarder, contempler. Deu-xième étape : refuser de maintenir en nous deux regards opposés que Matthieu identifie sous l’image de deux maîtres.
Regarder, contempler, une invitation à changer nos paradigmes sur Dieu. Impossible de défaire ce modèle éternel d’un Dieu entrant en relation d’amour avec nous et qui ne refuse jamais de danser avec nous malgré nos comportements « canaïstes », de tueurs de l’autre. Jésus offre de focaliser nos regards sur ce qui est beau. Toute vie est belle. Toute vie est à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26) pour qui la regarde en pro-fondeur. Son regard nous sauve de la déchéance, de la déprime. Il nous redynamise, ressuscite.
Aux Colossiens, Paul leur affirme qu’en lui ont été créées toutes les choses (cf. Col 1,16). Actuellement, nous vivons comme société un grand malaise : celui d’être déconnecté du regard de beauté de Dieu sur toutes choses. Notre regard est destructeur de la foi. Nous ne sommes pas des outsiders ou des spectateurs de la beauté. Notre regard participe à la danse divine quand au-delà des opacités, il sait voir ce qui est beau. Ce chemin d’évangélisation est incontournable.
À votre contemplation, nous voulons chanter ce Dieu trois fois saint (Isaïe), nous voulons rendre gloire à Dieu, acceptons son invitation à danser avec nous, avec chaque créature autour de nous. La seule chose qui puisse nous tenir à l’écart de la danse divine, c’est notre refus de danser avec Dieu, de rester connectés à ses pas de danse. AMEN.
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