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2020-A-Lc 1, 39-56 - Assomption- Marie une femme «métissée»

Année A : Assomption de Marie (Marie-assomption2020)  

Lc 1, 39-56 : Marie a «métissé» Dieu.

Marie n’a jamais célébré son assomption. Elle l’a vécue bien avant la déclaration du pape Pie XII le premier novembre 1950 (Munificentissimus Deus), il y a soixante-dix ans cette année, bien avant son oui à Dieu pour qu’il fasse d’elle ce qu’il veut. Marie fut une «tablette» qui permit à Dieu d’y écrire ce qu’il veut. Et Dieu a écrit que Marie est une femme, une grande femme qui, quoi qu’on dise d’elle, n’atteint ni n’ébranle son humble condition. Marie, mère de Dieu, a vécu sa vie dans une mort cérébrale de son moi.

Nous célébrons l’apothéose d’une vie sans recherche de son moi ; une vie élévation et assomption au-dessus de son moi ; une vie qui n’a pas connu la corruption du tombeau. Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité (Sg 2, 23). Voilà décrite, deux siècles avant notre ère, l’histoire de toute vie.  Saint Paul exprime aux Philippiens l’aspiration qui devrait être la nôtre : je désire partir pour être avec le Christ (Ph 1, 23).

En 1950, l’acte officiel de l’Église confirme que Marie n’avait aucune existence pour elle-même. Le texte de Pie XII rappelle que mourir à soi, c’est ne pas connaître la mort; on y affirme que vivre sans revendiquer son moi, comme on l’entend aujourd’hui, n’est pas mettre de côté sa dignité, mais de l’exalter. Si on ne donne pas notre oui à Dieu, visible dans les autres, on finit par donner notre amen à quelque chose d’éphémère qui conduit à la mort. Nous pouvons appliquer à Marie ce qu’écrivait saint Augustin : vide-toi pour que tu puisses être rempli ; sors afin de pouvoir entrer.

Marie plus que Jésus, écrivait Louis Bouyer, est le prototype de notre manière de vivre. Elle est la matrice d’une vie parfaitement humaine. Elle brille comme un signe d'espérance assurée et de consolation devant le Peuple de Dieu en pèlerinage  (Lumen gentium, no 68). Voilà l’essentiel de l’être de Marie. Elle brille d’un autre moi que le sien. Elle n’a jamais rien pris pour elle, n’a jamais gardé pour elle son fils, n’a jamais revendiqué qu’elle était mère de Dieu. Elle s’est métissée pour être la mère de tous, elle s’est métissée avec l’humanité. Pourquoi? Parce qu’elle a «métissé» Dieu[1].  (une personne métissée est issue de deux origines ethniques différentes) Aucun titre, aucune litanie mariale ne dit ce qu’est vivre métissée, ce qu’est mourir à soi, vivre sans moi. Personne ne peut vivre ce dont nous faisons mémoire aujourd’hui. Personne ne peut vivre à la perfection ce prototype qu’est Marie pour nous. 

La première lecture oriente notre regard sur l’apothéose d’une vie détournée de la recherche de sa petite gloriole. Elle invite à regarder en profondeur que la vraie liberté se trouve dans la dépossession de soi. De notre volonté. Plus que de se déposséder, Marie s’est dépossédée de son fils. Elle ne l’a pas gardé pour elle. Elle nous l’a donné. Sa manière de vivre ouvre sur une nouvelle façon de voir les choses d’en bas.

L’évangile nous présente un chemin pour nous approcher de cette manière de vivre : son empressement à s’oublier pour aller vers Élisabeth, âgée et enceinte, plutôt que de goûter ce qui lui arrivait. C’est alors qu’elle entendit des paroles dont nous ne finirons jamais d’en cerner la profondeur : Tu es bénie entre les femmes et le fruit de ton sein est béni (Lc 1, 42).

Quand nous célébrons Marie, nous proclamons une manière chrétienne de vivre. Une façon chrétienne de comprendre notre existence quotidienne. Nous disons quelque chose de la beauté d’une vie humaine élevée au-dessus de cette logique mondaine de mettre au centre sa propre image, d’une vie qui ne fait entendre aucune musique personnelle, si belle soit-elle. Célébrer cette mémoire, c’est mener une vie qui pense avec les pensées de Dieu (Pape Benoît XVI). C’est accueillir en nous le Verbe fait chair et laisser la lumière de Jésus dissiper les ténèbres dans nos relations personnelles, familiales, sociales (bénédiction urbi et orbi, 2019). 

L’assomption de Marie nous fait contempler des cieux ouverts, accessibles à ceux et celles dont le style de vie est calqué comme elle sur Jésus, son fils et notre frère. Amen. 

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2010-c-lc-1-39-50-assomption-penser-en-grand-notre-avenir

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2008-lc-1-39-56-assomption-marie-saisit-de-joie

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2007-c-lc-1-39-56-assomption-une-femme-enveloppee-de-soleil

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2003-b-lc-1-39-56-assomption-donner-de-la-hauteur-notre-vie

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2001-c-lc-1-39-56-assomption

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/1997-b-lc-1-39-56-assomption-eleve-au-ciel

 

Évangile: 
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Pérode: 
Date: 
Dimanche, 9 août, 2020

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