Année A : samedi de la 2e semaine de l’Avent (litaa02s.19)
Mt 17, 10-13 : se lever, c’est ressusciter
Comme tu es redoutable Élie. Et pourtant Élie a précédemment connu le découragement et la fuite. Il a eu peur de la reine Jézabel, femme cruelle et sans scrupule, qui voulait le tuer parce qu’elle était idolâtre. Il est entré dans une sorte de dépression mortelle. Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères (1 R 19, 4).
C’est justement dans ce désir de mort, de fuite, de découragement que quelqu’un lui donne à manger, de l’eau à boire parce que la route sera longue. Rejoint par Dieu au milieu de sa détresse, de sa torpeur, de sa lassitude, Élie est devenu un homme à la parole redoutable, à la parole de feu ; un homme en marche non pour sauver sa vie, mais pour aller annoncer une manière de vivre qui donne vie.
Élie est redoutable parce qu’il a rencontré Dieu dans la brise légère. Parce qu’il a gagné une forte lutte contre les quatre cents prophètes des idoles et qu’il les a vaincus sur le mont Carmel (cf. 1 R 18, 19-40). Redoutable, parce que sa parole de feu est une parole de miséricorde qui assèche tout, qui transforme tout, qui remet debout et en marche. Parce que sa parole de feu interpelle ceux qui boitent des deux côtés, du côté de Dieu et du côté de Baal. Et boitons-nous des deux côtés quand nous éprouvons des attachements indéracinables à nos petites idoles?
Redoutable, cette parole: «lève-toi, marche» (1 R 19,5), pas parce qu’elle fait peur devant l’inconnu, mais qu’elle est aussi une promesse de vie. Lève-toi, ressuscite. Se lever est une démarche pascale. Se lever pour sortir de nos tombeaux, pour courir au tombeau comme Pierre et Jean. Se lever pour aller comme Marie vers Élisabeth.
Redoutable, se lever parce que c’est aller vers une vie nouvelle, une vie de ressuscité. En se levant, Élie a remplacé la résignation et l’angoisse par un fort désir de rêver un avenir meilleur. Malheur à moi si je ne me lève pas (1 Co 9, 16). La route à parcourir est longue (1 R 19,7). Rêver, ça fait avancer. Qu’on ne vous vole pas vos rêves (exhortation le Christ vit).
L’urgence actuelle n’est pas de voir nos églises se remplir aux célébrations de Noël. Elle n’est pas dans les « bonnes actions» à poser même si tout cela est nécessaire. L’urgence, c’est que chacun puisse entendre dans le fin silence de sa vie une voix lui dire: lève-toi et marche, je ne te condamne pas. Se lever pour annoncer une bonne nouvelle non quelque chose de blafard qui n’attire ni n’enflamme le cœur de personne (5/9/19, aux évêques du Mozambique).
Il est urgent d’écouter cette question que Dieu a posé à Élie par deux fois: que fais-tu là ? Dieu se présente à Élie par une question qui l’oblige à regarder en lui-même, à retrouver en lui une fraîcheur et à se remettre en chemin. Dieu se présente toujours à nous par une question : Adam où es-tu ? Veux-tu marcher à ma suite ?
L’itinéraire d’Élie est le nôtre. Celui des chrétiens. Celui de notre Église. Nous vivons à un moment ou l’autre des remises en question, de bouleversements profonds. Nous passons des heures à nous lamenter, à parler de nos souffrances. Nous oublions que nous avons le devoir de nous lever, de nous remettre en marche, de redresser l’espérance en nous.
N’oublions pas que Jean de la Croix, dont nous faisons mémoire aujourd’hui, a écrit son poème mystique «vive flamme d’amour» alors que, rejeté des siens, il vivait des heures sombres.
À votre contemplation : que ce temps de l’Avent nous remette debout, nous maintienne toujours en chemin, en sortie de notre confort pour entendre sa voix, ce fin silence nous dire : que fais-tu là à gémir sur ton sort. Lève-toi et marche. Amen.
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