Année C : samedi de la 28e semaine ordinaire (litco28s.19)
Luc 12, 8-12 ; Eph1, 15-23 ; unifier vie quotidienne et vie baptismale
Je pose une question : quel est le centre de votre vie monastique ? Qu’est-ce qui est vraiment central dans la vie d’une moniale ou d’un chrétien ? C’est la question qui se dégage de l'évangile de ce matin. Comme moniales, comme pasteur, et vous qui participez ce matin à cette eucharistie, nous avons comme vocation commune de nous déclarer pour Jésus.
Proclamer Jésus sans prosélytisme, en unifiant notre vie baptismale et notre vie humaine, donne un sens à votre vie monastique et à notre vie chrétienne. Proclamer Jésus est le centre de toute vie de baptisé. Nous avons la vocation de réaliser en nous notre baptême. À vivre pleinement notre baptême. À permettre à notre baptême de se réaliser en nous. Toute vocation baptismale consiste à avoir la pensée de Dieu (1 Co 2, 16).
Cette vocation est terrifiante non dans le sens de peur, mais dans le sens qu’il n’est pas évident de faire de notre vie une révélation, une manifestation de Dieu. Il n’est pas évident d’unifier vie quotidienne et vie baptismale. Il n’est pas évident de penser comme Dieu, d’agir comme Dieu, d’être entièrement en Jésus comme Jésus est tout entier dans le Père. Il n’est pas évident d’agir quand nous sommes esclaves des peurs qui immobilisent (vêpres d’ouverture du mois missionnaire)
Tout baptisé fait sienne la réponse de Jésus à ses parents dans le temple: ne saviez-vous donc pas que je me dois au service de mon Père (Lc 2, 49) ?
Ce mois missionnaire ravive l’urgence d’être au service de mon Père. D’être baptisé et envoyé. C’est plus que de faire quelque chose pour Jésus. C’est être dans le Christ un fils du Père. C’est être Jésus aujourd’hui. L’urgence est de permettre à notre baptême de devenir vie, d’être un souffle qui donne un sens à la vie humaine, la nôtre, celle des autres. Réduire le baptême à un engagement à faire quelque chose pour Dieu, c’est en trahir la profondeur. Le baptême nous engage à être Jésus aujourd’hui en unifiant notre quotidien avec notre vocation de chrétien. En unifiant notre vie avec celle de Jésus.
Toute vie baptismale perd son sens si nous l’éloignons de notre vie ordinaire. Le vrai repos dont parle souvent Jésus est de mener une vie unifiée. Ne pas vivre en harmonie avec le sens de mon baptême n’est pas reposant du tout. Ce n’est pas une vie de tout repos. Le vrai repos, c’est mettre Jésus au centre de notre vie, c’est agir comme lui, penser comme lui. C’est vivre à plein notre vocation baptismale. En mettant le Christ au centre de notre vie, nous attestons que nous sommes pour Jésus, avec Jésus, en lui devant les hommes. Cette vie oblige Jésus à nous déclarer pour lui devant les anges de Dieu.
Une vie dont le baptême est le centre nous fait éviter ce reproche violent de Jésus à Pierre: tu es pour moi un scandale, parce que tu ne penses pas selon Dieu, mais selon les hommes (Mt 16, 23). Tout est suspendu dans ce reproche de Jésus. Vivons-nous selon la pensée de Dieu ou selon la pensée des hommes ? Y a-t-il une fracture entre notre baptême et notre vie ?
Céline (Martin) demandait un jour à sa sœur Thérèse de Lisieux si elle perdait quelquefois la présence de Dieu en elle. Réponse : Oh que non, je crois bien que je n’ai jamais été trois minutes sans pensée au bon Dieu. Devant sa surprise, Thérèse ajoute : on pense toujours à quelqu’un que l’on aime.[1] Voilà ce qu’est une vie baptismale. Une vie de baptisés et d’envoyés.
Devant cette vie baptismale que vivaient les Éphésiens, saint Paul s’émerveillait et rendait gloire à Dieu. Dieu, dit-il en ouvrant sa lettre, nous a élus en lui (Ep 1,4), nous a choisis, nous a prodigué (v.8) sa grâce et nous a fait connaître le mystère de sa volonté (9). Ce mystère : unifier notre vie et la sienne. Voilà qui est grand. Voilà le chemin pour témoigner de Dieu devant les hommes. AMEN.
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