2018-B- samedi de la 26e semaine ordinaire (litbo26s.18)
Lc 10, 17-24 ; Jb 42,1-3.5-6.12-17 : la joie du disciple
Réjouissez-vous. C’est un tonus protéiné dans un monde pessimiste où la complainte est un chant quotidien. Mais il ne faut pas nous tromper de joie.
En écoutant les disciples raconter leur réussite (ils voyaient les démons leur être soumis), une question surgit : leur joie est-elle une vraie joie ? À bien lire Luc, leur joie semble surgir de leur gloriole, celle d’avoir bien réussi la mission que Jésus leur a donnée. Elle repose sur leur émerveillement, voire leur surprise d’avoir réussi à anéantir les démons. C’est une fausse joie. La réaction de Jésus les invite à une autre joie.
La joie des disciples ne correspond pas avec celle qui résonne dans toutes les exhortations ou prises de parole du pape François. Leur joie n’est pas de même nature que celle à laquelle nous convie le pape.
La joie des disciples naît de leur satisfaction du devoir accompli. C’est une joie humaine. Je les imagine se gonfler le torse en racontant leur petite victoire. Jésus les appelle à purifier leur joie, à passer de la joie de gloire à la joie de voir leur nom inscrit dans les cieux. Ce passage est si important que Jésus, les invitant à ce passage, en frémit dans son corps. Sa louange est un sommet de révélation. Jésus frémit de louange pour son Père qui utilise un langage tellement simple que les petits en comprennent la profondeur.
Réjouissez-vous de ce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. À cette heure même [Jésus] tressaillit de joie […] Je te bénis, Père […]. Puis, se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : heureux les yeux qui voient ce que vous voyez ! (Lc 10, 20-21.23). Il les ouvre à la joie d’entrer dans l’intimité de son Père. On peut annoncer Jésus sans être avec lui.
Au retour de leur mission, les apôtres semblaient plutôt appuyer leur enthousiasme sur eux-mêmes. Ils ne se sentaient pas petits, mais pas du tout, ni vulnérables non plus. Ils étaient plutôt radieux dans leur victoire sur Satan. Ce n’est pas rien, mais ce n’est pas la vraie joie, celle de François d’Assise et celle de François, le pape. La vraie joie n’est accessible qu’aux petits. De toute évidence, les disciples ne l’étaient pas.
Les sages, les savants, les prétentieux ne veulent pas dépendre de personne. Ils ne connaissent pas la vraie joie, celle qui fait exulter de joie Jésus, celle de dépendre de son Père. La vraie joie est d’être en relation avec Dieu et non en état de contentement de soi-même. Si nous sommes allergiques au mot dépendance, parlons de communion, de relation réciproque.
La joie est première dans la vie de Jésus, la première occupante de ses états d’âme et le fond même de son état de Dieu incarné parce que Jésus dépend entièrement de son Père. Jésus montre à ses disciples la source de la vraie joie, celle d’être avec son Père, en relation d’intimité avec lui.
Notons aussi que Luc nous décrit un Jésus qui éprouve le besoin de louer son Père avant toute chose. Je te loue, père. Chez lui, tout commence par la louange et non en disant: Père, j’ai besoin de ceci, de cela. Sa joie est d’être adorateur du Père. D’être dans le Père, avec le Père.
Avec subtilité, Jésus convie à retrouver la louange comme premier pas de toute vie apostolique, contemplative. De toute joie. La louange doit toujours précéder la prière de demande. Une prière vraie, mûre, dit le pape François, commence par l’appréciation.
Jésus semble avoir une dette de reconnaissance envers son Père. Il lui rend gloire parce qu'il a révélé à tous les souffrants, tous les misérables, tous les handicapés, tous les pauvres, tous les migrants, tous les enfants esclaves la profondeur de son intimité avec le Père. Pour Jésus, la louange nous sort de l’individualisme pour nous introduire dans une relation de communion à un autre. Louer c’est nous tourner vers quelqu’un d’autre. Que cette eucharistie nous tourne vers lui. AMEN.
Commentaires
Bonjour,
Soumis par Carole le ven, 10/05/2018 - 06:01Bonjour,
J'aime ici dans ce texte comtempler la joie de Jésus qui s'exprime dans son corps. Il frémit, il tressaille . Comment cela est beau. Ecouter cette joie, essayer d'entendre d'ou vient elle simplement. Merci pour vos mots qui chatouille lr dedans.
Une petite humaine en marche
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