2018-B-Jn 16, 12-15 - mercredi 6e semaine de Pâques- Dieu chez lui chez nous

Année B : mercredi de la 6^e semaine de Pâques (litbp06me.18)

Jn 16, 12-15 : Dieu est parfaitement chez lui chez nous

Qui es-tu, douce lumière qui me comble et illumines mon cœur ? Et Édith Stein, carmélite, offre des jalons de réponses. Tu es l’espace qui m’enveloppe […], plus proche de moi que moi […], plus intime que le tréfonds de mon  âme […] et cependant insaisissable. Cela rejoint Augustin qui écrivait d’expérience dans ses Confessions que Jésus est plus intime à lui-même que lui-même. Si je comprends bien, cela signifie que nous possédons le ciel en nous. C’est tellement insaisissable que Jean précise que vous ne pouvez pas comprendre cela maintenant (v. 12).  

On ne peut pas comprendre qu’en nous quelqu’un scrute et connaît les profondeurs de [mon] être (1 Co 2, 10-11), non pour nous condamner, nous réprimander, mais pour nous enrichir de sa présence. On ne peut comprendre qu’un jour du temps, écrit un père de l’Église, Grégoire de Nysse (IV^e siècle), Dieu, en Jésus est sorti pour unir à lui notre nature qui s'était prostituée […et l'a] restituée à son intégrité virginale. Le jeudi saint, la liturgie orthodoxe chante que dans mon royaume je serai Dieu et vous serez Dieu avec moi. Vraiment insaisissable. Nous sommes plus que simplement humains. Nous sommes vraiment humains, quand nous devenons déifiés.

Prenons le temps de réfléchir à cela, de méditer cela, de prier cela. La vie la plus intime du Père, du Fils et de l’Esprit nous habite, circule en nous, à ce point que nous devenons divins, que nous sommes déifiés. Dieu dans sa vie n’est que don. Dieu [n'] existe [que] sous le mode don. Il [n’] est [que] personne-don (Jean-Paul II, encyclique sur l’Esprit, n^o 10). Et Jean vient de nous dire : cela est la vérité tout entière. C’est une exhortation à s’habiller et vivre de cette vérité. Le divin donne une plus grande humanité à nos vies. Le divin n’est jamais loin de l’humain et lui donne sa plénitude.  Insaisissable!

Avouons-le, cette proximité et cette présence de l’Esprit de Dieu en nous ou, utilisant un langage moins usuel, cette condescendance de Dieu, rencontre dans notre réalité de chaque jour des résistances voire de vives oppositions. Saint Paul dit clairement cela : écoutez-moi […], marchez sous l’impulsion de l’Esprit et vous n’accomplirez plus ce que la chair désire (Ga 5, 16-17). 

Dieu, l’innommable, le parfait est chez lui chez nous, et nous, de sainteté moyenne (Pape François, interview au père Spadaro, août 2013) sommes parfaitement chez nous chez lui;  voilà ce qui est insaisissable. Ce que Jésus vit dans le Père, ce que le Père vit dans son Fils, ce qu’ils vivent ensemble dans un même Esprit, nous y avons part non  en spectateurs, mais comme participants. Nous sommes participants de la nature divine (2 Pi 1, 4). En eux, nous avons la vie, le mouvement et l’être (Ac 17, 28).

Nous sommes habités par le même Esprit que celui qui agit dans le Père et le Fils. Nous sommes vraiment des hommes nouveaux, des créatures nouvelles (2 Co 5, 17). Un Père de l’Église, Clément d’Alexandrie, écrivait avec audace que nous, humains, sommes la seule image authentique de Dieu. C’est beau, mais sommes-nous vraiment cela dans nos manières de vivre ou nous contentons-nous de le savoir ?  

Il est bon ce départ de Jésus qui nous pousse, nous élève au-dessus de nous-mêmes et qui fait émerger que nous sommes de la race de Dieu, à son image et ressemblance de Dieu (Gn 1, 26). Comment est-ce possible d’épouser ainsi la vie même de Dieu ? Et le pape François répond dans une homélie du 17 décembre 2013 : en laissant le Seigneur écrire notre histoire […] et par notre docilité à l’Esprit.

Le livre de la genèse s’ouvre sur cette affirmation qu’au commencement Dieu créa le ciel et la terre..., et l'esprit de Dieu planait sur les eaux (Gn 1, 1-2). Au moment  de son départ, Jésus annonce un nouveau commencement. L’antienne d’ouverture en précise toute la portée quand elle dit que nous sommes le peuple qui appartient à Dieu; nous sommes chargés d’annoncer les merveilles de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Insaisissable mystère de notre grandeur. AMEN.