Année A: samedi de la 2e semaine de Pâques (Litap02s.17)
Jean 6, 16-21; Ac 6, 1-7 : ne pas avoir peur des problèmes.
La priorité des priorités pour les douze, c'est la prière, non l'organisation. Voilà la découverte que firent les douze quand ils convoquèrent l'ensemble des disciples. La seconde priorité, c’est l’annonce de l’Évangile. Pierre dit: et à nous revient la prière et l’annonce de l’Évangile (cf. Ac 6, 4). Je pourrais imaginer le plus grand plan pastoral, l’organisation la plus parfaite, mais sans le levain de la prière, ce sera du pain azyme, sans protéine (Pape François, 02/03/17).
Les apôtres, pour répondre aux besoins des chrétiens, ont «inventé», le mot est du pape François, la diaconie du service de la charité pour s'occuper des migrants, des enfants-soldats, des victimes d'agression de toute sorte. Les apôtres, ces accompagnateurs, ces marcheurs avec Jésus, ont compris que Jésus ne se contentait pas de prendre la parole, il agissait.
Jésus ne fait pas que parler. Il est aussi en mode charité en acte, en mode service. Jésus parle autant par sa vie que par sa parole. Quand tu auras chanté avec ta voix, tu te tairas ; chante avec ta vie de manière à n'être jamais silencieux. Que non seulement ta voix chante les louanges de Dieu, mais que tes œuvres s'accordent avec ta voix (Ps 146, 1,2). En Jésus, aucune dissonance entre sa vie et sa langue. La puissance de sa bonne nouvelle n'est pas seulement dans ses paroles; sa personne même est bonne nouvelle.
La prière est inscrite dans son code génétique. C'est sa priorité, mais une seconde lui est semblable, celle de se donner des mains de charité, des yeux et un cœur débordant de charité. Alors il ne faut pas se surprendre de sa visite surprise auprès de son équipe sur la mer. Ce qui a fait peur à ses disciples, ce n'est pas tant sa parole adressée à la mer, c'est sa présence. Qu'il parle ou qu'il se taise, c'est la présence seule de Jésus qui fait autorité. Jésus leur est présent autant au milieu des soucis de la route qu'au milieu de la paix d'une table familiale.
Quoi comprendre pour nous ? Les apôtres n'ont pas eu peur des défis. Ils ont inventé de nouveaux chemins. Jésus aussi n'a pas peur des défis. Il ne se faufile pas pour les éviter. Il les affronte. Les défis sont nécessaires pour vérifier la solidité de notre foi. Il ne faut pas les craindre. Il ne faut pas maquiller la vie. Il faut regarder la vie telle qu'elle est, la prendre telle qu'elle est, avancer avec ses obscurités. Les défis nous aident à faire en sorte que notre foi ne devienne pas idéologique. Nous devons plutôt craindre une foi sans défis. Une foi qui ne sert à rien (Pape François, 02/03/17, aux prêtres de Rome). Nous devons plutôt craindre une vie communautaire sans défis. Et une vie de prière en perroquet. Cela risque d'engendrer une vie ankylosée.
Deuxième chose à comprendre : nous ne sommes pas seuls à ramer vers l'autre rive qui n'est pas un lieu à atteindre, mais Jésus lui-même. Quand nous croyons que tout repose exclusivement sur notre expertise, il y a risque de ne pas progresser. Nous restons prisonniers de nos seules capacités et de nos seules forces; et l'horizon se rétrécit. Lorsque nous sommes disposés à nous laisser aider, à nous laisser conseiller, à nous laisser accompagner, que nous refusons de nous refermer comme une coquille sur elle-même pour se protéger, alors nous évitons de voir venir la mort à l'horizon parce que nous nous ouvrons à l'Autre et à sa grâce. Alors l’impossible commence à devenir réalité. La possibilité de l'impossible s'évanouit.
Troisième chose à comprendre : Jésus n'est pas «prenable». Quand on pense le tenir, il disparaît sans pour autant nous laisser seuls. Il disparaît pour nous apparaitre dans les nombreux visages qui nous entourent, dans les cris qui nous parviennent. Nous ne le sentons peut-être plus en nous, mais il est là sur le rivage de nos vies.
Que ce temps pascal nous donne des yeux pour le voir et une foi qui nous fait crier plus fort : Maranatha, viens Seigneur (Ap 20, 22). Donne-nous ton souffle de vie. AMEN.
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