Année A: mardi de la 4e semaine Avent (litaa04m.16)
Luc 1, 26-38 qui est celle-là qui se nomme Marie ?
Au tournant décisif de l’histoire du salut, l’annonce à Marie est un message clair sur la manière dont la bonne nouvelle arrive jusqu’à nous. Elle vient de Dieu. Si chaque naissance constitue une nouveauté ineffable qui apporte la joie aux parents, celle de Jésus est une nouveauté véritable qui n’est pas le produit de notre histoire, mais un don d’en haut. Né de Dieu.
Désormais, Dieu n’est plus prisonnier de son éternité. Il «apparaît» dans un autre paradis, dans une terre vierge qu’est Marie. Adam a vu le jour dans un paradis terrestre, Jésus est né dans un paradis que le monde à peine à entrevoir tant il a les yeux d’un prédateur avide plutôt que ceux d’un donateur prodigue. Le paradis de la pos-session, de la consommation est plus séduisant que celui de la simplicité émergeant du coeur de Marie. Que de choses grandes et cachées ce Dieu puissant a faites en Marie, femme admirable et qui l’entraîne à jubilé tant le puisant a fait pour moi de grandes choses.
Mon regard, ce matin, est une question qui est celle-là (Ct 6, 10)? Qui est celle que Dieu tenait cachée, qui passait inaperçue, mais qui a caché son Fils ? Marie n’a connu durant sa vie, d’autres attraits sur terre que de se cacher à elle-même et à toute créature, pour n’être connue que de Dieu seul.
Cachée à elle-même, Dieu a pris plaisir à son tour à cacher Marie écrit Louis-Marie Grignion de Montfort dans son beau traité de dévotion à Marie, dans sa conception, dans sa naissance, dans sa vie, dans ses mystères, dans sa résurrection, dans son assomption, à l’égard de presque toute créature humaine.
Marie, une femme cachée en Dieu. Comme pour nous indiquer comment vivre la naissance de Jésus, comment faire naître Jésus en nous, l’Église nous présente le chemin de Marie, celui de vivre caché à soi-même jusqu’à réduire à néant tous les désirs terrestres. Ce chemin est tout un défi pour notre temps en pâmoison, en éva-nouissement, en syncope devant son petit moi.
Pour que Dieu puisse naître en elle, Marie ne peut offrir à Dieu que son vide pour qu’il y mette sa plénitude. Le dialogue de Marie avec l’ange montre une femme inexistante à ses yeux. Émerge de ce dialogue avec l’ange une donnée essentielle à la foi chrétienne, c’est quand je n’existe plus que j’existe en Dieu. Marie en sait quelque chose.
Saint Paul décrit bien ce dialogue entre Marie et l’ange quand il écrit : ce qui est faible dans le monde, Dieu l’a choisi pour confondre ce qui est fort ; ce qui dans le monde est vil et méprisé, ce qui n’est pas, Dieu l’a choisi pour réduire à rien ce qui est (1 Co 1, 27-28).
Noël est dit-on, la fête des petits. Le langage biblique préfère parler de l’humilité. Marie se voit comme la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole. Cette phrase est l’une des plus belles qu’un être humain puisse adresser à Dieu. Pouvons-nous signer nos vies de cette déclaration de Marie ?
Pour laisser Dieu prendre possession de nos vies, pour le porter en nous, l’enfanter, le chemin de la « petite » Marie est une assurance de réussite. Maurice Zundel, citant librement saint Augustin, affirme que je suis aussi grand que Dieu, que Dieu est aussi petit que moi, qu’il ne peut être au-dessus de moi et moi au-dessous de lui (cf. ta parole comme une source pp 73).
Je le répète: ni moi au-dessous de lui. Dieu s’est tellement aligné sur le plus bas qu’il n’y a pas de place pour moi en dessous de lui. Il a pris la dernière place répète Charles de Foucauld dont nous venons de célébrer le centenaire de sa mort. Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ? C’est le chemin pour renouveler la face de la terre que chante le viens, Esprit saint. Que la prière d’ouverture se réalise en nous : aide-nous à devenir assez humbles pour faire comme Marie ta volonté. Amen.
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