Année C : Mardi de la 29e semaine ordinaire (litco29m.16)
2 : désignés pour sortir
Dans une lettre au contenu très fort, et qui est malheureusement passé un peu inaperçu, le pape François affirme que le premier sacrement, celui qui scelle à jamais notre identité [...] est le baptême. Il ajoute: nous entrons dans l’Église en laïcs [...]. Personne n’a été baptisé prêtre ou évêque. On nous a baptisés en tant que laïcs et ce signe est indélébile (Lettre du 19 mars 2016).
Le baptême est premier dans l’Église. Dans la joie de l’évangile, le pape écrit qu’en vertu du baptême reçu, chaque membre du peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire. Chaque baptisé, quel que soit [...] le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation [...].Tout chrétien est missionnaire dans la mesure où il a rencontré l’amour de Dieu [...]. Saint Paul, à partir de sa rencontre avec Jésus, se mit aussitôt à prêcher Jésus (Ac 9, 20).
Luc, le seul a évoquer ce passage, mentionne que Jésus en désigna encore soixante-douze. Ceci laisse sous-entendre que d’autres l’ont été avant eux. Si seulement douze accompagnaient Jésus, une multitude fut par Jésus lui-même, désignée pour l’annoncer. Désignée pour aller en toute ville et localité. Non pas pour aller vers les croyants, les nouveaux chrétiens, mais vers les nations païennes. L’évangile n’est pas réservé à un petit groupe de privilégiés.
Le baptême nous désigne diffuseurs officiels de la bonne nouvelle. D’une bonne nouvelle. On le dit depuis des décades, mais le tournant missionnaire confirme que nos vieilles souches chrétiennes qui font reposer l’annonce de l’évangile sur des personnes ordonnées et religieuses pèsent encore lourd dans nos mémoires. Trop souvent, en pratique, notre éducation fait encore reposer l’annonce de l’évangile sur les ministres ordonnés. Récemment, un père de famille à qui je demandais s’il éveillait son jeune enfant à la foi me répondit: « c’est ta job ». Il était mal à l’aise de parler de Jésus à son enfant. Le cléricalisme est toujours omniprésent chez nous.
Désigné pour sortir. Chaque baptisé a le pouvoir et le devoir de créer des ponts, de favoriser, selon une ex-pression favorite du pape François, la rencontre et l’inclusion. Comme il est beau de voir des baptisés jeter des ponts là où surgissent des conflits dans les familles ! Comme il est beau de voir des baptisés capables de joie jusqu’à promouvoir des gestes qui éloignent des coeurs un esprit de vengeance et de haine !
Nous sommes des désignés pour cultiver la joie de l’évangile. La joie de la miséricorde en ouvrant des chemins de rencontre à des relations déchirées, à de vieilles blessures qui empoisonnent l’existence. Quelle belle mission que de se savoir humblement désignés pour dire une parole salutaire. Personne n’est exclu de cette mission si magnifique. Si belle et indispensable.
À votre contemplation : le baptisé est un envoyé pour annoncer la Parole de Dieu où qu’il soit, sans égard à son éducation. Sa force ne repose pas sur des prodiges pour impressionner ni sur des arguments d’autorité, mais seulement sur la pertinence de ce qu’il dit. Le baptisé est le seul signe que Dieu donne à notre monde (Cf Mt 12, 38). Avec l’évangélise saint Luc, soyons, deux par deux, cette Église en sortie pour que tes fidèles, Seigneur, disent ta gloire et ton règne (Acclamation). AMEN.
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