Année C- samedi de la 20e semaine ordinaire (litco20s.16)
Matthieu 23, 1-12 : code de déontologie évangélique
Nous venons d'entendre, pour utiliser un langage très actuel, la lecture d'un code de déontologie. Le code est un écrit, un rescrit qui arrête un ensemble de droits et devoirs dans l'exercice d'une profession et le rapport à privilégier avec les autres. À une autre époque, au XIIe siècle, on parlait d'un code de chevalerie qui dictait la conduite des chevaliers désireux de cultiver les saintes vertus et d’éveiller en eux les sentiments les plus nobles. C'était une sorte de dix commandements: tu auras le respect de toutes les faiblesses ; tu ne reculeras pas devant l’ennemi ; tu ne mentiras point ; tu seras fidèle à la parole donnée, etc.
Récemment, le pape François rappelait les maladies du dysfonctionnement qui affaiblissent la promotion de l'évangile: rivalité, mesquinerie, mondanité, la maladie de bureaucrate. Le but de ces codes est limpide: éviter cette mode tendance à tout focaliser autour de sa propre personne en utilisant des moyens plus ou moins éthiques.
Ce matin, Jésus nous pose une question : sommes-nous conscients que nous sommes malades de pouvoir ? Sommes-nous conscients que nous pouvons facilement transformer notre service, nos responsabilités spécifiques en pouvoir sur l'autre ? La guerre ne commence pas dans les champs de bataille, mais dans nos coeurs souffrant d'envie, de première place, de jalousie, de domination.Déjà Ézéchiel, invité à parler en prophète, disait aux bergers d'Israël : Malheur aux bergers d'Israël qui sont bergers pour eux-mêmes... vous buvez leur lait, vous vous êtes habillés avec leur laine...vous n'êtes pas bergers (Ez 34. 3). Nous aussi, tant de fois, nous disons comme ce pharisien de la parabole : je te remercie, Seigneur, car je ne suis pas comme celui-là, je suis supérieur.
La communauté de Corinthe qui était championne en division entre Paul ou Apollos, entend Paul lui présenter le code de déontologie des chrétiens : ne pas être jaloux, apprécier les dons et les qualités de nos frères, ne pas considérer personne supérieur aux autres. Paul énumère l'alphabet, la grammaire de tout chrétien.
Chaque jour, nous devons résister à la tentation de devenir des loups parmi les loups. Ce n'est pas en se mettant en évidence ni en faisant la promotion de nos titres, de nos privilèges ou diplômes de Rabbi, de contemplatives que grandit le projet d'une terre neuve, celui d'un royaume, mais par l'effacement de soi jusqu'à l'extrême.
Le code de déontologie de Jésus et sur lequel toute notre vie sera évaluée, Matthieu le résume dans son chapitre 25, j'étais malade, en prison, nu. Ce code nous entraîne très loin de cette tentation de valoriser ce moi-roi dont le culte est devenu le premier credo de notre monde.
Voilà un appel, ce matin, à cesser de parler des effets dévastateurs de la dépendance à la drogue chez les autres; observons que nous aussi, avons nos propres dépendances dont l'évangile parle en termes de phylactères, de sièges d'honneur dans les synagogues. Jésus ne s'adresse pas seulement aux scribes et pharisiens, mais, précise Matthieu, à ses disciples.
Contemplons, ce matin, le contraste saisissant entre Jésus qui n'a pas de pierre où reposer la tête et ceux qui sont installés dans des fonctions de docteurs et maîtres des autres. Contemplons la différence entre Jésus agenouillé devant ses disciples et ces maîtres de sagesse qui recherchent les premières places, les premiers rangs. Contemplons la démesure entre le Fils du Père qui ne revendique pas le droit d'être traité à l'égal de Dieu et ces leaders qui savourent leurs phylactères. En devenant nourriture, Jésus n'a rien gardé de soi pour soi. AMEN.
Commentaires
Quelle belle conclusion!
Soumis par marie le dim, 08/21/2016 - 20:00Quelle belle conclusion!
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