Année C- samedi de la 10e semaine ordinaire (litco11s.16)
Matthieu 10-7-13 : un repêchage étonnant
À vue d'œil, Barnabé n'avait rien de spécial pour être choisi par Dieu. À vue de Dieu, il en était tout autrement. Qu'il se nomme Matthieu le Publicain, Pierre le lâche, Judas le traître ou Barnabé le dernier né des apôtres, Jésus choisit pour marcher avec lui, des êtres qui n'ont rien de spécial, des gens bien ordinaires. Si Barnabé n'aimait pas ses imperfections, quelqu'un, Jésus, les a aimés pour lui.
Accepter d'être choisi, c'est beau. Accepter d'être choisi pour voir notre indignité pardonnée soixante-dix-sept fois, c'est la voie pour être heureux. Le cœur qui a bénéficié de miséricorde n’est pas un cœur rapiécé mais un cœur nouveau, recréé (Pape François, 2/6/16).
Jésus choisit sans exiger la tolérance zéro. Nulle part, les évangiles ne mentionnent cette mise en garde. Il savait, Lui, ce qu’il y a dans le coeur de l’homme (Jn 2, 25). Son arrestation révèle qu'il a choisi un traite, une bande de fuyards, un renégat. Certes, ils ne sont pas que cela. Ils ne sont pas d'abord cela. Mais ils sont cela, aussi cela : faibles, fragiles, faillibles. Le choix de Jésus éveille en nous une honteuse dignité (pape François).
Jésus choisit, et ce n'est pas exagéré d'affirmer cela, des petits, des non présentables, des vantards, des présomptueux, des ambitieux, avides de richesses à qui il demande de laisser sa miséricorde travailler leur vie. Il choisit des «miséricordiés-miséricordieux» comme le clame une journée de formation sur Charles de Foucauld. Le sentiment de honte pour les péchés personnels et le sentiment de la dignité à laquelle le Seigneur nous élève peuvent cohabiter, dans une saine tension (Pape, aux prêtres 2/6/16). Devant cet excès de Dieu à notre endroit, la première chose à faire est de manifester le même débordement de prodigalité, de tendresse gratuitement, sans rien attendre en retour.
Pourquoi choisir des petits ? Des minores ? D'abord parce qu'il n'avait pas le choix. Des parfaits, ça n'existe pas. Ensuite, ce choix exprime clairement que Jésus nous trouve beaux, qu'il ne regarde pas nos échardes, nos dépendances. Son choix n'est pas fondé sur nos qualités humaines. Il repose sur son regard miséricordieux qui est comme une bonne douche qui nous énergise, enlève toutes nos saletés, nous recrée en dignité et nous pousse à sortir de soi (Pape, aux prêtres, 2/6//16).
Jésus envoi des maganés parce qu'il sait, comme nous l'observons dans les groupes d'aide, que ce sont ceux qui se sont sortis de leur toxicodépendance qui peuvent le mieux aider les autres. Le pape affirmait que le sentiment de honte pour les péchés personnels et le sentiment de la dignité à laquelle le Seigneur nous élève peuvent cohabiter, dans une saine tension.
Choisis pourquoi ? Et Matthieu nous présente une liste. Sur votre route, proclamez la bonne nouvelle, guérissez, ressuscitez, purifiez, chassez, donnez. Dit autrement, l'épicentre de l'appel est de sortir de soi-même, de refuser une vie de «pacha», bien installée. Bien rémunérée. Sortir, servir, donner gratuitement, une manière de changer toute la vie du peuple en sacrement (Catéchèse # 2 aux prêtres). Nous ne sommes pas choisis pour de petites bricoles, mais pour aller toujours au-delà, vers de grandes choses [...] pour de grands idéaux, mais pour compatir à tout le manque de vin à la fête des noces et pour être du bon vin de sa miséricorde.
Ce qui me frappe dans [l'appel de] Jésus, disait le philosophe Henri Bergson, c'est cette consigne d'aller toujours de l'avant. De sorte qu'on pourrait dire que l'élément stable du christianisme, c'est l'ordre de ne s'arrêter jamais.
Je termine par cette belle réflexion du pape François : … Je voudrais vous demander : remerciez-vous le Sei-gneur chaque jour ? Même si nous, nous l’oublions, lui, il n’oublie pas de nous offrir chaque jour [en nous appe-lant] un cadeau spécial. Il ne s’agit pas d’un cadeau à tenir matériellement en main et à utiliser, mais c’est un cadeau plus grand, pour la vie. Que nous donne le Seigneur ? Il nous donne sa fidèle amitié, qu’il ne nous retirera jamais. Sa miséricorde qui est de toujours à toujours. AMEN.
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