Année C: mardi de la 9e semaine ordinaire (litco09.16)
Luc 1, 39-56 : Marie, en mode sortie
La visitation est une scène pleine de miséricorde. Nous pouvons dire que la visitation est la miséricorde en chemin. Deux raisons prouvent cela. D’abord, Marie a été la créature la plus graciée, la plus « miséricor-diée ». Marie, comme chacun de nous, est une femme sauvée. Marie ne possède pas cet état par nature : elle l’a reçu de la bienveillance divine. Sa naissance est un mystère de miséricorde qui rejaillit sur toute l'humanité.
Deuxième raison : tout ce que l'on dit de Marie est vrai pour chacun de nous aussi. À notre manière, nous sommes, dit saint Augustin, les mères de Dieu. Nous sommes des graciés de Dieu. Le Père a déterminé d’avance que nous serions pour lui des fils adoptifs par Jésus-Christ : tel fut le bon plaisir de sa volonté à la louange de la gloire et de la grâce dont il nous a comblés en son Bien-aimé (Ep 1, 6). Nous sommes des transformés, comme Marie, par la grâce de Dieu.
Marie, en visitation; Marie, en sortie. En faisant sa demeure en Marie, en entrant en elle, Dieu la fait sortir tout de suite après l'annonce de l'ange, avec empressement, mais sans courir. Des pas qui ne courent pas pour arriver rapidement ou bien vont trop lentement comme pour ne jamais arriver, disait le pape François au sanctuaire marial à Cuba. Une fois en elle, Dieu ne la laisse pas immobile. Il la met en mouvement, la fait aller dehors pour partager sa joie de savoir Dieu en elle. Visitée, elle visite. Rencontrée, elle rencontre. C'est la logique de Dieu.
Tel est le chemin que Dieu trace pour nous, celui d'aller porter sa miséricorde. Nous sommes des «miséri-cordiés, miséricordieux», titrait une journée en souvenir du centenaire de la mort Charles de Foucault. Dieu nous visite pour faire de nous des marcheurs armés de cette force extraordinaire de la tendresse et de l'affection (Évangile de la joie, no 288).
Marcher pour faire fleurir la miséricorde est notre identité chrétienne. La bible met en mouvement tous ceux que Dieu rencontre et qui rencontrent Dieu. Ils deviennent marcheurs vers une terre nouvelle, des cieux nouveaux. Les migrants sont des marcheurs en quête d'une terre hospitalière. Un chrétien qui ne marche pas donne l'impression, disait le pape François, d'être un peu embaumé. C'est un chrétien non chrétien (3/4/16). Ne pas marcher ne fait pas de mal, mais ne fait pas de bien non plus.
Dans toute marche, il y a toujours un peu de croix et un peu de résurrection. Marie a parcouru plus de 130 kilomètres pour aller porter son aide à sa cousine, son aide. Elle ne s'est pas arrêtée à mi-chemin. Elle a accompli un geste de respect envers cette femme avancée en âge et enceinte. Elle lui a montré toute sa joie. En s'entendant dire avec clarté, et pour la première fois, qu'elle est enceinte de Dieu, elle entonne un chant de résurrection. Il élève les humbles.
Aujourd'hui plus que jamais, laissons-nous visiter. Forts de cette conviction que nous sommes aimés de Dieu, marchons sans nous arrêter à mi-chemin, marchons malgré les inévitables croix de la route, marchons pour arriver à rencontrer Jésus dans les autres, pour leur manifester affection et tendresse, et la joie que nous avons, d'avoir été visités par Dieu. Comment manifester cette joie ? En accomplissant des gestes de miséricorde, de compassion, de respect.
Chrétiens visités par Dieu, comme Marie, prenons le chemin même si nous ne savons pas clairement où il nous conduira. Le chemin se fait en marchant. Il n’y a pas de livres où tout est écrit à l’avance et défini. Acceptons de ne pas savoir où il nous conduit. Ne pas savoir, mais nous mettre debout, dit Luc parlant de Marie, pour rayonner de la même charité que Marie. Notre marche ne fait que commencer. AMEN.
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