Année C: Samedi des Cendres (litcc00s.16)
Luc 5, 27-32 : trouver les autres tous magnifiques.
Que vous êtes bon, mon Dieu, et comme vous vous appliquez à relever les pécheurs! Dès les premières lignes de l'Évangile, vous nous répétez : je ne veux pas la mort du pécheur, je veux qu'il se repente et qu'il vive (Ez 18, 23). Ces mots sont de Charles de Foucauld, un croyant. Un autre croyant, Augustin fait dire à Jésus : donne-moi ce pêcheur, donne-moi cet homme simple et sans instruction; lorsque je l'aurai rempli, on verra clairement que c'est moi seul qui agis.
Un incroyant déclare : la charité consiste moins à vouloir du bien aux autres qu'à les trouver tous magnifiques et à ne pas se rassasier de les voir. Charles de Foucauld et Augustin expriment que Jésus est venu restaurer la dignité de l'humain; c’est aussi ce que cet incroyant, qui à mes yeux n'est pas loin de l'Évangile, affirme. Cette mission guide toute son action. Il a passé sa vie à accorder de l'importance à chacun de nous.
Saint Paul exprime cela quand il écrit d'expérience qu'ainsi sont manifestées la bonté et l'humanité de Dieu notre Sauveur (Ti 3, 1). Transparait dans ce choix de Lévi, la bonté de Dieu qui est au-dessus de tout mal possible. Quand vos péchés seraient comme l'écarlate, je vous rendrais plus blanc que la neige (Is 1, 18). Le pessimisme foncier que nous portons sur les autres est inexistant aux yeux de Jésus. Jésus est sorti pour nous redonner notre noblesse, pour enlever la culpabilité dans nos regards. Au-delà du péché originel, il y a un regard originel de Dieu qui restitue à tous l'entière dignité (Angélus, 7/2/16).
Jésus a regardé Lévi comme il a regardé Zachée, la Samaritaine, le bon Larron, Marie-Madeleine, Pierre. Ils étaient tous des gens moins que parfaits. Tous ont été touchés par sa bienveillance. Tellement touchés qu'ils se sont levés et sont sortis de leur monde étroit, de leur environnement pollué. Comme les Mages éblouis par l'enfant, ces métamorphosés ont pris un autre chemin. Matthieu est devenu porte-voix officiel de Jésus. Pas rien.
Le regard de Jésus est le même qu'il pose sur nous. Une seule chose nous est nécessaire : ne jamais nous rassasier de nous savoir tous magnifiques aux yeux de Jésus. Ne jamais distinguer celui qui est digne de celui qui ne l'est pas de Dieu. Nous tous sommes égaux aux yeux de Jésus. Quel programme pour notre carême !
Ce serait rendre vain le regard de Jésus sur nous s'il n'était pas le nôtre maintenant. La miséricorde que nous éprouvons de Dieu, il nous faut l'éprouver pour notre monde. Nous avons la redoutable mission de voir les autres magnifiques. Comme l'exprimait le pape François dans son premier angélus (17/3/13), ressentir de la miséricorde change tout [...] et fait en sorte que le monde est moins froid et plus juste. Jésus n'a jamais enseigné que quelqu'un soit voué à la damnation. N'est-il pas mort pour nous en épargner?
La rencontre avec Dieu ne peut rester dans une sphère seulement personnelle. Comme je voudrais, écrit le pape, que les années à venir soient imprégnées d'allers à la rencontre de chacun en offrant la bonté et la ten-dresse de Dieu (VM, # 5). Le cardinal Kasper termine son livre sur la miséricorde en affirmant que la miséricorde est un reflet de la gloire de Dieu en ce monde et le sommet, l’essence même du message que Jésus-Christ nous a donné et que nous devons transmettre à notre tour.
La première lecture nous en décrit concrètement un chemin. Partage ton pain avec celui qui a faim, recueille chez toi le malheureux sans-abri (Is 58,7) […] ; si tu donnes de bon cœur à celui qui a faim, si tu combles les désirs du malheureux, alors ta lumière se lèvera dans les ténèbres (Is 58, 10). Y a-t-il quelqu'un autour de nous qui ne désire pas la lumière et la guérison?
En cette année de la Miséricorde, nous sommes appelés à rassurer ceux qui se sentent pêcheurs et indignes devant le Seigneur, et à leur dire ces paroles de Jésus : n’aie crainte. Et le pape François précise : la miséricorde du Père est plus grande que tes péchés, elle est plus grande. AMEN.
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