Année C- mardi 3e semaine de l'Avent (litca03m.15)
Matthieu 21, 28-32 : faire oui et être oui
Il est grand temps de redonner de la crédibilité à l'Évangile. Nous donnons trop de contre-témoignages. Les journaux s'en régalent et se font un plaisir certain à dévoiler au grand jour tous ces comportements qui font mal à l'Évangile. Contre-témoignages qui se trouvent aussi à l'intérieur des murs du Saint-Siège.
La seule crédibilité à donner à l'évangile n'est pas de prétendre que je suis meilleur que les autres, que mon oui est toujours oui. Ce qui donne de la crédibilité à l'évangile c'est notre témoignage d'une vie cohérente entre notre dire et notre faire. Trop souvent nous pensons en chrétien et vivons en païen. Mais comment faire oui et être oui ? En nous ouvrant à son regard de miséricorde. Tout part de là comme le montre la femme adultère que Jésus ne condamne pas (Jn 8, 1-11).
Personne, ni aucun saint ne peuvent bâtir leur vie chrétienne sur autre chose que sur ce regard miséricordieux de Jésus. Même Marie avait la conviction que toute sa vie se fondait sur ce regard de miséricorde de Dieu à son endroit. Il a baissé les yeux sur la misère de sa servante (Lc 1, 48).
Si nous ne partons pas de ce regard qui implique une relation profonde avec Jésus, rien ne peut garantir que nous sommes en mesure de faire oui et d'être oui. On peut crier haut et fort que notre oui est sincère, mais cela ne nous fait pas progresser d'un centimètre dans notre relation à Dieu. Sans cette relation avec Jésus, sans vibrer à son regard plein de compréhension, de compassion, nous risquons de dégager des gaz toxiques et de polluer l'environnement.
Cette profonde conviction, je l'appuie sur cette affirmation du livre des Proverbes : en toutes tes démarches, reconnais-Le et il aplanira tes sentiers (Pr 3, 6). Le chemin de nos vies n'est pas parfaitement droit. Il est marqué par des dérapages. D'où l'appel du prophète Isaïe. Si nous ne reconnaissons pas ce regard miséricordieux de Jésus, tout ce que l'on fait, tout ce que l'on dit risque de faire résonner un message qui sonne faux.
Reconnais-Le. C'est accepter que Jésus aplanisse lui-même par sa miséricorde, nos chemins qui sont souvent tortueux. Reconnaître Jésus, bâtir une solide relation avec Lui, est le point crucial qui va me faire oui et être oui. Sans cette relation d'intimité avec Jésus, l'incohérence nous habitera et les journaux s'en régaleront.
Reconnais-Le. Sans cette reconnaissance, je peux dire comme l'un des fils de l'évangile, oui Seigneur, et il n'y alla pas. Le reconnaître, c'est nous reconnaître dans ce second fils; je ne veux pas...mais s'étant repenti, il y alla. La suite de l’histoire d'un homme qui avait deux fils se trouve en chacun de nous. Nous disons oui, mais nous ne faisons pas. Nous disons non et nous le faisons.
Reconnais-Le. La première lecture de Sophonie disait : moi [Dieu], je vais transformer les peuples et purifier leurs lèvres (v. 8). Le texte ajoute, et c'est très beau, tu n'auras plus à rougir pour tous les méfaits que tu as commis contre moi. Traduction: tu n'auras plus à rougir de dire spontanément non, mais après réflexion, repentir, dit le texte, de changer d'idée. Quand un pauvre appelle, dit le psaume entendu, le Seigneur entend.
Récemment, le pape François donnait cet exemple que nous, pasteurs, entendons souvent : moi je suis très catholique, Père, je vais à la Messe tous les dimanches, je suis vraiment très catholique; et le pape ajoute : ensuite, dans la vie quotidienne, [cette personne] est incapable de cohérence parce que la mondanité attire plus que Jésus. Un psaume (49,16-17) fait dire à Dieu : Qu'as-tu à réciter mes lois, à garder mon alliance à la bouche, toi qui n'aimes pas les reproches et rejettes loin de toi mes paroles ? Nous reconnaissons-nous là-dedans ?
Reconnais-Le. Noël, c'est Jésus qui vient poser sur nos vies un regard qui ouvre devant nous le commencement d'un chemin nouveau, un faire oui et un être oui. C'est à cette condition que nous sommes de vrais évangélisateurs. AMEN.
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