Année B: Mardi 13e semaine ordinaire (litbo13m.15)
Matthieu 8, 23-27 : tempête apaisée ou comment d'écrire l'inimaginable ?
Nous affirmons sans trop de peine que Jésus est toujours avec nous. Affirmation théorique parce que quand vient la tempête, il semble ne plus être avec nous. C'est ce qu'éprouvent les disciples. Jésus dort (8, 23) au moment où justement ce n’est pas le temps de dormir.
Dans le calme revenu, la panique dissipée, une question, une question qui a dû faire souffrir Jésus à poser : mais où est votre foi ? Une question suivie par une autre, celle des disciples, plutôt déprimante à entendre pour Jésus : mais qui donc es [tu] Jésus [toi qui] commande même aux vents et aux flots, et ceux-ci lui obéissent?
La tempête dont il est question est la marque première de toute vie. Elle court tout le long de l'ancien comme du nouveau testament. Humains, nous sommes marqués du sceau de la tempête. Nos vies se débattent souvent autour de questions comme : serai-je capable de prendre telle décision ? De poursuivre mes études jusqu’au bout ? De vivre un amour jusqu’à la fin de mes jours ? De me relever d’une difficulté ?
Ce serait naïf de songer un instant que la bonne nouvelle de Jésus serait de nous éviter les risques de la vie. Il leur dit simplement en marchant vers eux sur la mer agitée: confiance, c'est moi. N'ayez pas peur (cf. Mt 14, 22-23). Le Seigneur est mon berger... si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi (Ps 22). Me viennent à l’esprit les mots d’une prière du P. Talec : Seigneur, tu n’es pas un Dieu qui sauve facilement. Que ton cri parvienne jusqu’à nous : rassurez-vous, c’est moi, n’ayez pas peur.
Quand tout parait possible, aux heures d’insouciance et de réussite, nous nous imaginons que le toit du monde est à notre portée. Rien ne peut nous arrêter. Mais arrivent des temps douloureux, tumultueux où les possibles se restreignent. L’horizon est voilé, le ciel est noir et bas. Nous nous sentons bien seul dans la nuit. Tout semble s'écrouler. Nous commençons à douter de nos décisions. De nos choix. Plus grand-chose alors ne paraît possible, tant il est difficile de simplement tenir dans la tempête.
Dans les tempêtes intérieures, nous sommes paralysés de peur. Mais autour de nous, les maîtres du mirage sont légions. Nombreux sont ceux qui nous vendent un impossible à portée de main. Les uns nous disent «ça ira mieux de demain», d'autres, donne-toi du temps, prends courage. Ces paroles ne nous sont souvent d'aucune aide.
Mais l'Évangile, l'Écriture dans son ensemble, nous apprend un autre possible : Regardez Jésus avec foi. Comprendre que Jésus fait l'impossible quand nous faisons notre possible pour bien vivre dans nos barques agitées.
Regardez Jésus non pas pour qu'il fasse pour nous un miracle, mais parce qu'il est le maître des choses impossibles. Il interpella les vents et la mer et il se fit un grand calme (Mt 8, 26). Faire des choses impossibles, Jésus l'a fait en prenant chair humaine. Il l'a fait en acceptant d'être bafoué sur la Croix. Il l'a fait quand il est remonté lumineux au matin de Pâques. Oui, tout ce qu'il fait est admirable (cf. Mc 7, 31-37).
Le secret que Jésus nous dévoile et qui peut illuminer notre existence, secouer nos peurs quand surviennent des tempêtes dans nos vies, c’est que faisant notre possible, nous sommes assurés que Dieu, lui, peut accomplir l’impossible en nous. Non par une mutation magique, mais en habitant le plus sombre de nos vies. Jésus peut alors, avec nous, briser la fatalité de nos vies, rouvrir l’espérance, redonner la force et le goût de vivre.
Heureux les croyants qui, depuis Abraham (première lecture) ne regardent pas en arrière. Heureux les chrétiens qui depuis plus de vingt siècles, n’ont pas vu Jésus et qui, pourtant, fondent leur vie sur cette Parole. Mon espérance, c'est le Seigneur. Je m'appuie sur sa parole. AMEN.
Ajouter un commentaire