Année B: Mardi 4e semaine carême (litbc04m.15)
Jean 5, 1-16 : le déluge Jésus
Il y eut au temps de Noé ces quarante jours d'une pluie abondante qui couvrit toute la terre. La genèse rapporte que tout fut détruit. Un évêque, saint Maxime de Turin (v. 420), parle de cet événement non comme un déluge mais un baptême. La méchanceté a disparu et la droiture en est sortie revigorée.
Il y eut, et nous voyons moins cela, un second déluge qui a aussi ravagé toute l'étendue de la terre. C'est le déluge Jésus. Quand Jésus dit au malade va te plonger dans la piscine de Bethesda, il lui dit: va te plonger en moi. Quelle caresse de Jésus, quelle proximité de Jésus il y a dans sa question veux-tu guérir !
Cette scène de l'eau remuée dans la piscine est à la fois l'eau du Jourdain qui a baptisé Jésus, eau qui nous fait créature nouvelle. Elle anticipe aussi l'eau et le sang qui sortiront du côté de Jésus. Au Jourdain comme à la piscine de Bethesda, c'est l'eau d'une nouvelle genèse dont il est question. L'eau d'un nouveau déluge qui ouvre la voie à une renaissance. À une guérison.
Et cette eau de la piscine est accessible à tous à condition que quelqu'un nous y plonge, que quelqu'un vienne vers nous. Et c'est bien la beauté de ce passage de Jean. Jésus sur la route de sa mort, va à la rencontre du malade. Il sort vers lui, dirait le pape François. Mais surprise bouleversante, Jésus n'attend pas qu'on l'appelle. Il n'attend même pas non plus un signe, si ténu soit-il, de manifestation de foi de sa part. Il lui demande seulement veux-tu être guéri ? Vous connaissez quelqu'un qui répondrait non à cette question ?
Veux-tu être guéri ? Cette question dépasse la simple guérison physique. La maladie la plus grave est la mise à l'écart. L'abandon, que vit ce paralytique depuis trente huit ans. C'est l'indifférence, la non valorisation, le manque d'attention, d'affectivité que vivent ces personnes à cause de leur situation physique ou sociale qui font mourir. Jésus le démontre, ici et dans tout l'évangile, aucun soin ne peut autant «faire du bien» qu'un regard attentif aux laissés pour compte.
Rien n'est plus précieux, et j'utilise un langage liturgique, que de présider à la charité, d'aimer sans frontières. Par sa question, Jésus érige en titre d'honneur la priorité à plonger dans la piscine de nos relations les exclus autour de nous. C'est le regard posé sur eux qui guérit. Relève. Et dans ce regard-là se découvre toute la mission chrétienne.
La piscine ne pourrait-elle pas est l'autre nom de l'attention qui guérit, de la caresse de miséricorde de Jésus (Pape François) et qui sort le malade de l'exclusion dont il est victime. Tout dans notre vie, aujourd'hui comme au temps de Jésus, commence par une rencontre. Par une plongée dans la piscine d'une rencontre qui sort de l'exclusion. La non-santé aujourd'hui, ce qui paralyse aujourd'hui, c'est l'exclusion. Question: autour de nous qui sont ceux et celles que nous évitons, que nous préférons tenir éloignés ?
En ouvrant son exhortation pastorale sur La joie de l'évangile, le pape François indique le chemin pour être guéri: chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, [doit] renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui (EG, no.3).
Désormais la rencontre avec le déluge Jésus passe par nous. À l'Angélus dimanche dernier, le pape François affirmait que si nous faisons de la place à Dieu dans nos vies, nous Le rendons «rencontrable» à ceux et celles que nous côtoyons.
Soyons proches par notre affection, notre solidarité, notre prière de ceux qui vivent des moments difficiles et nous serons pour eux des chemins de guérison qui conduisent à la piscine Jésus. AMEN.
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