Année B: Mardi 6e semaine ordinaire (litbo06m.15)
Marc 8, 14-21 : Devenir signe pour les autres.
À la veille d'entrer en carême, il est bon de nous rappeler que se tourner vers Dieu, c'est ça le carême, c’est autre chose que d'adhérer à un parti politique ou toute organisation sociale, si bonne soit-elle. Une option politique, une organisation sociale, on peut en comprendre de l'intérieur leur finalité.
Il est plus difficile, sinon impossible, de comprendre entièrement l'autre à moins de mettre nos pieds dans ses souliers (Christian Babin). On ne peut jamais comprendre entièrement quelqu’un, encore moins quand ce quelqu'un est à la fois fils d'homme et Fils de Dieu. Qui peut saisir tout entier Jésus; on ne peut que toucher la frange de son vêtement, car le haut de son vêtement on ne peut l'atteindre, dit saint Ambroise
Le seul chemin pour comprendre Jésus demeure les signes, les nombreux signes que les évangiles nous rapportent. Vous ne voyez pas ? Vous ne vous rappelez pas ? Vous avez le cœur aveuglé? (Mc 8, 17). Jésus met en garde ses apôtres contre l’esprit des Pharisiens qui ne voient pas. Pour eux, il suffit d’un détail matériel (ils ont oublié de prendre du pain), pour qu’ils comprennent tout de travers. Comment, s'interroge saint Jean Chrysostome, puis-je vous accorder ces grandes choses que vous demandez, puisque vous ne croyez pas les petites que je fais tous les jours devant vos yeux?
Jésus craint que ses disciples, qui sont des gens du peuple, ne se laissent impressionner par le savoir et la réputation des Pharisiens. Il les avertit que les Pharisiens se trompent dans leur manière de chercher Dieu et de le servir. Leur regard, leur dit-il, est tout extérieur. Un regard sans foi. Maître qu'il est, Jésus les fait réfléchir sur ce qu’ils voient par la foi, sur ce qu’ils font aussi quand il les envoie sur la route en avant de lui.
Jésus ne repousse pas toute forme de signe. Il refuse qu'ils deviennent des sortes de logos promotionnels. Pour lui, ils sont un moyen d'entrer dans l'émerveillement qu'ils suscitent en nous. De les contempler. Ces signes nous font voir quelque chose qui cache Dieu en Jésus.
Pour les scribes et chefs religieux, ces signes, dont celui du pain partagé, annonciateur de sa vie donnée, ne sont que de la poudre aux yeux. Ils les utilisent comme moyen de zizanie. Devant l'attitude des scribes, Jésus peut soupirer en lui-même : Père, faîtes qu'ils voient (cf. Lc 18, 41).
Le carême nous le redira, nous tourner vers Dieu ne passe pas nécessairement par notre capacité de dire quelque chose sur Dieu, mais de dire Quelqu'un à quelqu'un, pour citer le philosophe Fabrice Hadjadj. Pas facile de nous tourner vers Dieu.
Souvent nous laissons voir, pour citer le pape François, une caricature de Dieu quand nous diffusons son nom sans jamais vraiment vivre en état de communion, d'intimité avec Jésus; quand nous prions sans le rencontrer; quand nous le suivons dans une pratique toute extérieure, mais sans renoncer à nous-mêmes ; que nous vivons ensemble sans véritable communion fraternelle entre nous (cf. homélie du 2 fév.2015). Ce sont là des contre signes qui ne disent pas que ce Quelqu'un, Jésus, est le centre de notre vie.
Le carême est justement un temps pour nous éviter de mener une vie caricature de Dieu. Jésus n'est pas un quelqu'un quelconque que nous suivons. En entrant en Carême, nous entrons dans ce grand projet de faire de la place à Dieu. Jeûner, c'est faire de la place à Dieu. L'aumône, c'est faire de la place aux autres. La prière, c'est faire attention à Dieu.
À votre contemplation: nous tourner vers le Seigneur ne sera jamais un mouvement de remords, mais un recentrement de notre vie. L'appel du carême est simple : devenir pour les autres, des signes de cette miséricorde que Dieu nous offre. AMEN.
Ajouter un commentaire