Année B: Samedi 2e semaine de Noël (litbn02s.15)
Jean 3, 22-30 : il y a de l'eau en abondance
Pour conclure ce temps de Noël, l'oraison de ce jour nous offre à la fois un résumé du mystère de Noël et un programme pour les semaines à venir. En unissant sa nature divine à la nôtre ou, comme l'exprime une préface de Noël, en prenant la condition de l'homme, notre nature humaine en reçoit une incomparable richesse. Le texte ajoute : il devient tellement l'un de nous que nous devenons éternels. Dieu a fait de nous de nouvelles créatures. Cela rejoint l'appel qui vous est proposé pour l'année de la vie consacrée quand il est écrit de vivre avec passion ce que nous sommes (message du nonce apostolique du Canada).
Quel programme que de devenir créatures nouvelles! En se faisant humain, Jésus est devenu créature nouvelle. C'est un renversement inédit que celui d'un Dieu qui s'en remet entre nos mains. Un renversement d'une telle ampleur qu'il nous était impossible d'en entrevoir la faisabilité. Ce message d'un Dieu qui engendre l'espoir par le chemin de la faiblesse n'est pas encore dans nos mentalités. J'ose ajouter que pendant bien longtemps l'Église n'a pas compris que Noël, c'est l'espoir né de la faiblesse.
Jésus, ce premier-né d'une longue liste de créature nouvelle, nous veut créatures nouvelles. Il faut toute une vie pour nous laisser modeler à l'image du Christ, comme l'exprime l'oraison. Devenir à l'image d'un Dieu frère mineur jusqu'à être la mémoire vivante de la manière d'exister et d'agir de Jésus, écrivait le Père Perry, o.f.m. dans sa lettre de Noël 2014, ça prend du temps à se finaliser.
En retournant dans leur pays par un autre chemin, les mages nous suggèrent une belle image de créature nouvelle. Ils nous montrent quelque chose d'important. Ce qui les avait mis en marche, eux chercheurs de Dieu, c'était de trouver le Roi tout-puissant de l'univers qui allait apporter lumière et paix dans ce pays de l'ombre et de la mort. Sur l'autre chemin, celui de leur retour, ils étaient devenus des créatures nouvelles, des disciples de l'étoile, disait un frère de Tibhirine, des adorateurs d'un Dieu dépourvu de toute puissance mais dont la faiblesse est sa renommée. Ils étaient en état d'oraison. Des régénérés.
Pour devenir des créatures nouvelles, il nous faut quitter le pays du Dieu que craignait Hérode, refuser la tentation de recréer un royaume où Dieu imposerait le joug insupportable d'une mentalité légaliste (Pape François, Angélus du 1er janvier 2015). En se faisant chair, Jésus a changé de vêtements. Il s'est habillé tout entier de l'humain dont il est devenu le plus grand conseiller merveilleux. Demain, le baptême nous rappellera qu'en le recevant, nous changeons de vêtements pour revêtir le Christ (Gal 3, 27). Pour nous «endieuser». Pour être littéralement des possédés par la divinité, des saisis par Dieu, dira Paul. Des créatures nouvelles.
Créature nouvelle. Jean-Baptiste démontre ce que cela signifie quand il refuse de voir en Jésus qui baptise au même endroit que lui, de la concurrence déloyale. Contrairement à ses disciples qui ont peur pour leur avenir, qui se sentent menacés de disparaître, Jean ne s'offusque pas. Il n'est pas jaloux, ni envieux. Il refuse d'y voir un geste de rivalité, de compétition, genre ou c'est lui ou c'est moi. Pour Jean, et en cela nous retrouvons l'attitude du pape François, il y a assez d'eau, d'eaux vives, pour que tout le monde baptise. Le texte dit : là où l'eau était abondante. Tout le monde peut recevoir cette eau en abondance.
Dans la réponse de Jean, et c'est l'appel constant du pape François, nous trouvons quelqu'un complètement dépréoccupé de son ego, alors que ses disciples bataillaient pour le leur. Il faut que je diminue. Quelque chose à l'intérieur de Jean le poussait à lâcher son égo. À laisser Jésus prendre toute la place. À le laisser grandir en lui aussi.
À votre contemplation : en régime chrétien, diminuer est un chemin de joie. Jean le Baptiste se réjouit même de voir les gens opter pour Jésus plutôt que d'aller vers lui. Ce n'est pas la mode tendance de nos manières de vivre. C'est la mode tendance de l'évangile qui se laisse voir dans cette eucharistie. AMEN.
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