Année A: Mardi 34e semaine ordinaire (litao34m.14)
Luc 21, 5-11 : monte… et je t ferai voir ce qui doit arriver (Ap 4, 11)
Un texte bien difficile. Un texte qui nous parle de fin de vie, de fin du cosmos. Il y a toujours une pâque proche. Notre terre n'est pas sans fin. Elle marche vers un renouvellement. Un accomplissement. Nous ne sommes pas seuls, humains, à avancer vers une vie autre, vers la mort. Notre terre aussi marche vers une destruction lente, disent les chercheurs, vers une résurrection, affirment les croyants. Nous allons, humains et cosmos, vers quelque chose de plus beau. Monte jusqu'ici, dit le livre de l'apocalypse, je te ferai voir ce qui doit arriver par la suite (Ap 4, 1).
Écoutons à nouveau ce que dit un psaume : Au commencement, Seigneur, tu as fondé la terre, et les cieux sont l'œuvre de tes mains : ils périront, mais toi tu demeures... Tous vieilliront comme un manteau ; tu les rouleras comme un vêtement et ils seront changés (Ps 101, 26-28). Et Matthieu écrit : Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas (Mt 24, 35).
Pour dépasser cette peur un peu irrationnelle qui nous saisit devant notre évangile qui parle de la fin des temps, de la fin du temps, pour saisir ces textes apocalyptiques qui semblent nous écraser tant les catastrophes décrites sont horribles et inévitables, il faut entrer dans ces mots qui sont non annonciateurs de malheurs, mais révélation de notre avenir.
Si nous écoutons présentement les cris des environnementalistes, ils ne voient rien de particulièrement beau à l'horizon. Pour eux, les signes de détérioration nous font signe. Ils nous appellent, nous interpellent et nous ouvrent sur une terre en danger de destruction. Si nous écoutons les textes bibliques dans la foi, eux, nous décrivent mystérieusement l'indicible. Ils nous montrent une beauté à l'horizon.
Chaque génération connaît sa fin du monde, la fin de son monde. Ces textes veulent seulement nous faire prendre conscience que toute chose, toute vie, que tout sera détruit. Hier, on parlait du temple rasé, de guerres, révolutions, tremblements de terre, famines, épidémies. Aujourd'hui, on voit en direct, des tours jumelles s'effondrer, des villes entières détruites, pire des vies humaines décapitées. C'est l'apocalypse now pour citer le cinéaste Franck Coppola. Tout cela parce que l'homme veut affirmer son pouvoir sur les autres.
Jésus refuse ce chemin de peur et de violence. Il refuse toute violence des consciences. Il invite à ne pas céder à la peur, à la panique qui prend aux tripes. Pour lui, l'important est de mesurer nos vies, non à l’aune des choses qui passent, mais au regard de ce qui germe déjà : un ciel nouveau et une terre nouvelle où la justice habitera (2 Pi. 3, 13). Inconcevable, mais le meilleur est à venir.
Relisons cette belle et indéfinissable affirmation de l'apôtre Paul : à la fin, nous serons avec lui (1 Th 4, 17). Il ajoute : avec notre corps et avec notre âme. Tel est notre avenir. Rappelons-nous ce fameux cri de saint Jean-Paul II inaugurant son pontificat : n'ayez pas peur.
Baptisés, nous sommes tous des consacrés. Nous appartenons au Seigneur. Nous sommes destinés à Le recevoir, à Le louer avec tout notre être. Notre cœur est un vase précieux capable de recevoir Dieu. Notre corps est un vase précieux capable de montrer Dieu dans des gestes concrets. Notre vie est un vase précieux destiné à participer à la vie voulue par Dieu pour nous de toute éternité. Que faisons-nous de ces vases ?
Invitation maintenant nous est faite, non de goûter à la jouissance d'une surconsommation que nous offre la publicité, mais à une table qui est déjà un banquet d'éternité. Oui, heureux les invités aux noces de l'Agneau déjà réalisées dans cette table eucharistique. AMEN.
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