Année A : samedi 31e semaine ordinaire (litao31s.14)
Matthieu 5, 13-19 : vous êtes lumière et sel
Jésus y va fort : vous êtes sel. Vous êtes lumière. On se contenterait volontiers d'un peu moins comme mission. Mais rien d'étonnant dans cette déclaration si nous réalisons que juste avant, Jésus nous présentait un chemin de dépouillement du vieil homme, un chemin de libération de cette tendance-mode à tout centrer sur soi-même, celui des béatitudes. Le bonheur vu par Jésus, c'est dire que je ne suis pas que moi-même. Les autres aussi font partie de moi.
Par huit fois Jésus déclare heureux ceux qui s'aventurent sur le chemin de dépouillement qu'il a lui-même pris. Jésus n'a rien revendiqué de son être de Dieu. Il ne s'appartenait pas. Il appartenait à son Père. Il a rejeté les tentations de se revêtir de l'esprit du monde, celui du pouvoir, de l'avoir. Il a dissocié le bonheur de la richesse. Il a préféré la douceur à la force. Il a privilégié un comportement pacifique plutôt que guerrier.
Suivre ce chemin nous rend semblables à la manière de vivre de Jésus. Le cœur du bonheur, c'est déverrouiller nos portes pour que l'autre puisse y entrer. C'est devenir sel et lumière du monde. La lumière est la première parole prononcée par Dieu, que la lumière soit. La dernière parole de l'Apocalypse il n'y aura plus de nuit. Entre ce début et cette fin, il y a notre mission d'entrer dans le Christ, lumière et sel.
En suivant le chemin des béatitudes, le sel de Dieu nous habite. La lumière de Dieu nous réchauffe. Même si notre environnement est sombre, même s'il est en manque de lumière, cela ne change rien à ce que nous sommes. Cela n’enlève rien à ce qu’est le sel, à ce qu’est la lumière.
Ce matin, il nous faut entendre Jésus lui-même, et ce n'est pas une blague, nous dire que nous sommes des gens merveilleux. Merveilleux parce que nous portons en nous les trésors les plus recherchés : la lumière qui réchauffe nos cœurs, le sel qui donne du goût et j'ajoute la vie. Mieux encore parce que nous sommes nous-mêmes ces trésors tant recherchés.
Vitale la lumière. Une marche dans la nuit sans étoile nous fait tourner en rond. En ces jours de novembre, vitale ce frère feu dirait François parce que sans sœur électricité, nous serions paralysés de froid. Imaginer la création sans lumière: aucune croissance, aucune fleur, aucun fruit possible. La vie n'est plus possible. C'est la mort. Vital le sel : A l'époque de Jésus, c'était un agent de fertilisation des sols. Il n'y avait pas d'engrais. C'est un agent conservateur. Il fond et disparait dans les aliments, les rend savoureux. Quel malheur quand il y en a trop ou pas assez !
Sans lumière, la vie n'a plus de direction. Sans sel, la vie ne goute plus rien. S'affadit. Jésus nous reconnait capables de resplendir de sa lumière. Il nous voit capables de donner du goût à la vie. Deux images fortes pour nous faire comprendre comment gros nous sommes précieux aux yeux de Jésus.
Ce qui nous est demandé, ce n'est pas tant de parler du Christ, c'est être dans le Christ. Être dans le Christ,
c'est s'expérimenter soi-même comme une source d'énergie qui réchauffe et assaisonne la vie. C''est là l'essentiel de l'incarnation de Jésus dont a si longuement parlé Duns Scott pour qui le Christ est [celui] qui donne sens, dignité et valeur à la vie humaine.
Mais comment agir comme des fils de la lumière plutôt qu'en fils des ténèbres. En cheminant dans la bonté, dans la douceur, en étant miséricordieux, des artisans de paix. Voilà des comportements qui illuminent et nous évitent d'être des chrétiens assombris ou gris (François).
À votre contemplation : n'est-ce pas merveilleux d'entendre Paul nous dire que Dieu s'est plu à faire habiter en nous la plénitude de son être divin. Et beaucoup plus merveilleux encore, que Dieu nous mandate à réconcilier tous les êtres en lui. AMEN.
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