Année A- Vendredi de la le semaine du Carême (LITAC01V.96)
Mtt 5, 20-26
" Ouvre mes yeux Seigneur que je contemple les merveilles de ta loi". Je fais mien, en ce début de notre carême ces paroles du ps 118 que vous connaissez bien. Hier sur la montagne, Moïse recevait seul les Tables de la Loi. Aujourd'hui, sur la montagne où Jésus vient de nous livrer la Chartre de l'Alliance des Béatitudes, Jésus se retrouve entouré de ses disciples à qui il leur dit : Vous aviez une Écriture (une règle à suivre) et moi je vous livre une Parole ( un appel qui provoque).
Parlant de cette page évangélique, Xavier Léon Dufour utilise cette expression très forte: si le décalogue ne devient pas dialogue, il se durcit vite en catalogue. Or Jésus vient rétablir le dialogue et non donner un nouveau catalogue.
A une obéissance vite satisfaite, Jésus propose la confiance inconditionnelle. La Loi devient la Promesse. se transforme en chemin d'avenir, en un beau futur que Jésus ouvre devant chacun de nous. Notre liberté a besoin de cet horizon jamais atteint, de cet espace jamais conquis.
Avec Jésus, il nous faut renoncer à toute comptabilité équilibrée. Nous jouons le jeu gratuit de la foi, toujours plus avant dans la fraternité (vv.21-26), dans l'amour (vv.27-32), dans la sincérité (vv. 33-37).
Jésus n'a cessé de sortir nos pères dans la foi d'une religion devenue une cage de mots et de pratiques étouffantes. Il a sans cesse ramené ses auditeurs au niveau de la terre, du blé qui pousse, du soleil qui éclaire les humains, du Royaume agissant au coeur du monde. Jésus s'est refusé de présenter un chemin préfabriqué d'avance.
En dépit des efforts postconciliaires, de ce nouveau printemps tant souhaité par Jean XX1 11, notre foi semble encore aujourd'hui enfermée dans une cage de mots, de pratiques, de réponses préfabriquées. Devant les questions aussi brûlantes ( la place de la femme dans l'Église, la contraception) n'avons-nous pas des réponses souvent ressassées, répétées, qui ne passent pas par et sur la croix du quotidien, qui ne suscitent pas chemins qui font du neuf comme le propose Jésus dans Matthieu. Bref, nous avons des réponses qui ne ressuscitent pas. Moi je vous dis. Ça ouvre àdes chemins d'espérance.
En bon pédagogue, Jésus a fait sienne les paroles d'Ézéchiel, le prophète de l'Exil, : je vous donnerai un coeur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. Je mettrai en vous mon esprit. (Ez 36,26-27)
Du temps pour se désapproprier de paroles apprises, toutes faites pour dire la nouveauté caché au fond des coeurs. A travers les bruits de tant d'autres voix, de tant d'autres doctrines qui se font entendre, il faut partir à la recherche -dois-je dire - de la Loi qui murmure au coeur de chacun d'entre nous. Cette Loi fraie son chemin à travers mille et une expérience, incluant les grandes épreuves inhérentes à toute vie, les échecs, une passion qui inspire et dynamise toute une vie.
L'esprit nouveau de Jésus est là, à fleur de peau, à fleur de vie. Il manque seulement un peu d'écoute intérieure, le temps de s'arrêter pour la faire jaillir. Voilà le sens de notre carême: s'arrêter pour faire jaillir cette parole qui est proche de toi, qui est dans ta bouche et dans ton coeur pour que tu la mettes en pratique (Dt 30,14). S'arrêter pour clamer Heureux celui qui se plait dans la loi du Seigneur et murmure sa loi jour et nuit (PS 1)
A votre contemplation: Souviens-toi... Invitation au dépassement, à parcourir la distance entre la Loi-règle et l'aventure d'une Parole libre qui ouvre sur la profondeur du coeur. Dans le désert, il n'y a pas de réverbères qui éclairent parfaitement la route. Il y a juste assez de lumière pour avancer dans la nuit et cette lumière a nom Loi Nouvelle. AMEN.
ACCUEIL: Contre la violence qui tue, Jésus invite à pratiquer avec Lui la violence de l'amour, la violence de l'Esprit. il fait de nous des complices pour qu'advienne son Règne.
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