Année C : Vendredi de la 5e semaine ordinaire (litco05v.98)
Mc 7, 31-37 : sourds entendent
Vous et moi, quand nous nous retrouvons en présence de personnes malades, handicapées, sidatiques, nous nous faisons encourageant : c 'est pas si grave..Ça ira mieux. Paroles qui cachent notre malaise devant la souffrance. Devant la personne qui souffre aucun mot ne peut convier notre compassion. Pour la personne qui souffre, sa souffrance est la plus grande de toutes. Au moment ou l ' on souffre, on est celui qui souffre le plus.
Jésus a semblé avoir compris cela lui qui n = a jamais parlé de la souffrance mais plutôt aux souffrants. Ce qui faisait de bien aux malades, c 'était d ' abord de " voir" Jésus, de le " toucher" . Autour de Lui, une foule immense (Ap), sans nom, allait-venait, apparaissait-disparaissait ; une foule qui lui criait : guéris-moi, touche-moi, dis une parole . Une foule qui allait s' exposer à Jésus, parce que lui seul semblait avoir compris que la souffrance n ' avait aucun sens même aux yeux de Dieu.
Contrairement à nous qui passons notre chemin laissant à demi-mort (Lc) , qui bâtissons des centres " isoloirs" comme pour les cacher à nos regards, Jésus, samaritain, s ' est arrêté, penché, agenouillé par terre, pour offrir à l 'homme tombé toute sa compassion. Ce qui lui valut toute cette renommée , ce fut sa passion pour soulager ceux et celles qui portaient en leur corps les stigmates de la maladie.
Partout où il passait, Jésus remettait debout. A sa parole, la vie se réveille pour le paralysé, l ' aveugle inerte au bord de la route, le sourd-muet, et cela sans que rien ne soit demandé en retour. Gratuité de Dieu ! . Les Evangiles nous montrent Jésus ne cessant d ' aller plus loin dans son audace de venir en aide à son entourage, plus loin en signes d ' espérance sur son chemin.
Au sourd-muet, Jésus refait le geste du début du monde, celui de la création de l = homme et de la femme : Le Seigneur Dieu modela l 'homme avec de la poussière prise sur le sol. Il insuffla dans ses narines l 'haleine de la vie et l 'homme devient un être humain (Gn2,7) , geste étrange, repoussant pour les dédaigneux : Jésus lui mets les doigts dans les oreilles et prenant de la salive lui toucha la langue. (Mc 7,33) Il mit de la salive sur ses yeux lui imposa les mains et lui demandait : vois-tu quelque chose ? (Mc 8,23) Jésus cracha par terre, fit de la boue avec la salive et l 'appliqua sur les yeux de l 'aveugle (JN9, 6) . Plus tard, ce sera la foule et les soldats qui lui cracheront au visage, transformant son geste de guérison en geste de condamnation.
Nous avons ministère d ' entendre et de faire entendre ces gestes qui délie les langues de monde. Nous avons ministère de mettre nos doigts sur tous les silences qui étouffent les malades, sidatiques ou autres. Nous avons ministère d 'insuffler la vie pour éviter dans les très beaux mots d' Olivier Le Gendre (le cri de Dieu, Anne Sigier 1996) que la souffrance passe son temps à trouver des gens endormis à coté d 'elle.
A votre contemplation : touche-le. Tu peux guérir . Comme le potier caresse avec un peu d ' eau la pâte pour qu ' elle prenne forme, comme Jésus qui pose ses doigts sur les oreilles, la langue du malade, que nos mains tendues arrachent de leurs isolements les sidatiques du monde, que nos mains fragiles portent la détresse des comateux de nos hôpitaux, que nos mains apaisantes calment les derniers soubresauts de la vie pour les ouvrir jusqu ' au paradis du potier de l ' Univers. Amen.
ACCUEIL: Dans les mots du pasteur Toyohiko Kagawa : si tu veux rencontre Dieu, visite dans les cachots les condamnés à mort, va dans les centres de longues durées offrir ta main fragile aux mourants avant d' aller à l'église, avant même de lire ta Bible. En ce sur-lendemain de la journée mondiale des malades, une eucharistie pour ceux dont la vie est maladie.
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