Année A : Vendredi de la 22e semaine ordinaire (litao22v.99)
Lc 5, 33-39 savoir jeter. (St Grégoire le Grand)
Vous savez pertinemment qu’on ne peut redonner du lustre à ce qui à fait son temps, ce qui est user à la corde. Inutile de s’opposer à l’usure du temps. Inutile de vouloir y ajouter une pièce neuve. À un moment donné, c’est perdre son temps que de vouloir rapiesser même au nom de la pauvreté. Le morceau ajouté ne s’accordera pas avec le vieux. Gros bon sens !
Vous devez soupçonner, saintetés, que cette parabole du gros bon sens de Luc indique, convie à une autre sagesse. Il faut savoir changer. Il faut savoir couper, jeter, éliminer, remplacer. Il n’y a pas que les vêtements qui finissent par perdre de leurs lustres, par s’user et qu’ils faillent changer. Il y a des habitudes de vie qu’on ne peut indéfiniment raccommoder.
Jésus, l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute créature, par qui tout a été crée, lui accomplissement total - n’a pas tenté de découper des morceaux d’évangile pour rajeunir des interprétations de la Loi incompatibles avec une Loi nouvelle. Il a posé des comportements nouveaux, scandale pour les uns, espérance pour les autres. Le suivre, c’est imiter son comportement. Faire du neuf plutôt que de rapiesser. Vatican 11 jadis a invité à faire du neuf.
Il ne peut être question, dans nos églises locales, ici dans cette sainte maison, de sacrifier des initiatives qui font du neuf, qui apportent du sang neuf pour prolonger artificiellement des expériences, des comportements qui ont fait leur temps. Il y a des formules d’action que la vie a désertée. (J’entendais cet été une religieuse d’un âge certain en charge d’un pensionnat se plaindre d’une baisse de clientèle parce que les jeunes ne voulaient pas se plier à ses us et coutumes, genre silence après 7 hrs le soir ) Sans cette obligation de jeter, nos églises locales, vos monastères iront de tensions en déchirures et nous hypothéquerons gravement la mission de faire du neuf.
La même sagesse doit prévaloir dans notre vie spirituelle. Il faut savoir jeter, éliminer, remplacer des réflexes qui nous sclérosent, des options qui nous retiennent dans la médiocrité, des structures mentales qui nous détournent de l’Evangile. Sur ce terrain, aucun compromis n’est possible : impossible de coudre du neuf sur du vieux. Il y a des compromis qui finissent par arracher le tissu de la fidélité à l’Evangile.
Luc, dans sa sagesse, et avec quelle subtilité comme pour nous aider à mieux discerner, que nous savons toujours quoi faire avec du vin vieux. On le conserve pour qu’il soit meilleur. Le problème est plutôt du coté du vin nouveau. Si on veut le garder, il faut investir dans des outres nouvelles. Il ne faut pas minimiser l’avenir que nous réserve le vin nouveau. Il faut savoir attendre qu’il tienne ses promesses. Jeter ce qui a fait son temps tout en conservant le vieux qui est bon. Voilà ou nous conduit la sagesse Évangélique.
A votre contemplation : Heureux les invités aux noces de l’Agneau. Une eucharistie pour refaire ce que Jésus a fait en son temps : accueillir dans des outres neuves, des coeurs nouveaux, un vin toujours jeune qui nous pousse à faire du neuf parce qu’il ne vieillit pas dans nos coeurs. AMEN
ACCUEIL:
Il y a le soleil, il y a l’eau, il y a la terre, il y a le raisin puis le temps des vendanges qui conduit à nous faire à ce vin, ravissement et accomplissement. Mais avant que ce vin coule en nous, il y a eu l’écrasement. Célébrons ce vin nouveau qui, avant de jaillir en nous en éclaboussure de joie, a dû connaître le passage obligatoire du pressoir.
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