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2010 -C-Jn 15, 9-17- Vendredi 6e semaine Pâques - Aller annoncer Dieu - fête de Matthias

Année C : Vendredi 6e semaine de Pâques (litcp06v.10)
Jn 15, 9-17 : Aller apporter Dieu -  fête de Matthias

Benoît XVI, dans son livre sur Jésus Christ, se demande ce que Jésus a vraiment apporté en naissant parmi nous. Cela peut nous étonner; mais, écrit-il, Jésus ne nous a apporté ni la paix, ni le bien-être, ni même un monde meilleur. Il nous a apporté Dieu. Dès lors, nous connaissons sa face, dès lors, nous pouvons l’invoquer. Dès lors, nous connaissons le chemin que, comme homme, nous devons prendre dans ce monde.

Les lectures des derniers jours nous ont répété sous diverses formulations que Jésus nous a montré le Père, qu’il le connaît et qu’il en est le chemin.  Il a tellement fréquenté son Père, qu’il s’est décrit lui-même comme Dieu, né de Dieu, comme dans le Père.  Le Père et moi sommes un. Jésus nous démontre dans sa personne même, dans sa manière de nous apporter le Père, que notre mission première, celle des apôtres, du prêtre, des chrétiens, de chacune d’entre nous, c’est d’être dans le Père, alors nous aussi nous pourrons apporter Dieu. Simple! 

Les apôtres, Paul, les premiers disciples étaient tellement dépourvus devant une telle mission qu’ils se retrouvèrent seuls, face à eux-mêmes. Apeurés, ils se sont réfugiés dans un cénacle. Il leur a fallu qu’un autre Dieu intervienne, l’Esprit, pour les envoyer sur les routes de l’évangélisation. 

Saintetés, c’est tellement grand, tellement beau de voir que nous pouvons nous aussi apporter Dieu malgré nos pauvretés et surtout avec nos pauvretés! Les heures sombres que nous connaissons comme Église, la profonde crise actuelle, nos failles institutionnelles sont d’inestimables pierres précieuses pour apporter Dieu. Ce n’est pas évident dans une société où nous développons pour les autres l’obsession de l’excellence, qui pourtant est toujours inatteignable. Pour apporter Dieu, il faut d’abord, comme nous l’exprime la fête de l’Ascension, élever nos yeux vers le ciel, retirer nos regards de l’esprit du monde par notre contemplation de Dieu, contemplation qui est cette voie plus excellente (1 Co 12, 31) que nous montre Paul. Je vais encore vous montrer une voie plus excellente.

Saint Paul nous rassure quand il dit : ne saviez-vous pas que vous êtes les membres de son Corps. Nous sommes le corps de l’Esprit de Dieu. Nuance : l’Esprit n’est pas venu en nous parce que le Christ n’y est plus. Il est venu afin que le Christ puisse venir dans sa venue. Par Lui, nous entrons en communion avec le Père et le Fils. Par Lui, nous avançons dans notre communion profonde avec le monde pour y semer avec audace comme nous le montre les actes des Apôtres, l’unique nouvelle : l’Évangile, c’est Dieu qui nous offre son amitié.  Vous êtes mes amis (Jn 15, 12-17).

Voyez, mes frères, dit le cistercien et bienheureux Aelred de Rievault, quel héritage nous a laissé notre Seigneur quand il a quitté ce monde : ni or, ni argent ni aucune réalité terrestre mais sa bénédiction, celle d’être avec nous jusqu’à la fin du monde (Mt 28, 20).

Quelle aventure magnifique se cache dans cet appel de Dieu!  Quelle beauté nous y retrouvons! Une beauté qui nous place aux sources même de la vie.  Quelle épreuve autrement noble et éclatante que celle de ne plus être imbue de nous-mêmes et qui nous conduit à recevoir une couronne céleste! (1 Co 9, 25)

Notre mission ne se vit jamais sur une ligne droite. Il n’y a pas d’évangélisation sans échec. En régime chrétien, l’itinéraire dénué d’errance n’existe tout simplement pas. La crise profonde que nous connaissons comme institution – ne soyons pas aveugles ni aveuglés non plus – est une véritable croix, douloureuse et glorieuse. Elle demeure la petite voie pour apporter Dieu.

Avant de gagner une médaille d’or olympique, l’athlète tombe plusieurs fois. Apporter Dieu – et nous avons chaque jour à réapprendre cela –  se conjugue à l’imparfait. C’est lorsque nous  portons une écharde dans nos corps et nos cœurs, que nous semblons vivre sans âme et sans cœur, c’est lorsque nous sommes des parfaits imparfaits que l’Esprit de Dieu nous sort de nous-mêmes pour nous envoyer faire eucharisties avec le monde. AMEN.

 

 

 

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Date: 
Mardi, 1 juin, 2010

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